Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a fait part dimanche à Strasbourg de son "inquiétude" face à la résurgence de l'antisémitisme en France, et a promis la "totale mobilisation des pouvoirs publics" pour y faire face.
"Toute résurgence de l'antisémitisme - et il y a résurgence - est et sera combattue avec la plus grande fermeté", a affirmé M. Valls en inaugurant une "allée des Justes" au centre-ville de Strasbourg, là où s'élevait la grande synagogue de la ville jusqu'à sa destruction par les nazis en 1940-41.
"Je connais l'inquiétude de nos concitoyens juifs. Elle est aussi et d'abord mon inquiétude", a ajouté le ministre, qui avait déjà participé le matin même à Paris à la commémoration du 70e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv, aux côtés du président François Hollande.
Le chef de l'Etat, à cette occasion, a lui-même prévenu que la République pourchasserait "avec la plus grande détermination" l'antisémitisme, qui n'est "pas une opinion mais une abjection".
En marge de la cérémonie strasbourgeoise, M. Valls a précisé qu'il avait "donné instruction aux préfets pour que la police et la gendarmerie soient tout particulièrement mobilisées vis-à-vis des édifices et des écoles juives". "Nous allons mener une action très déterminée aussi sur internet puisque c'est là où se propage aujourd'hui le nouvel antisémitisme", a-t-il ajouté.
De nombreuses personnalités de la communauté juive, ainsi que le maire (PS) de Strasbourg Roland Ries, et de nombreux élus et responsables religieux, se sont rassemblés dimanche devant une station de tram au centre-ville de la capitale alsacienne pour inaugurer cette "allée des Justes", qui rend hommage à celles et ceux qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, ont pris des risques pour sauver des Juifs.
Deux stèles de trois mètres de haut, sur lesquelles figurent des textes en hommage aux "Justes parmi les nations", ont été implantées à l'endroit précis où s'élevait la porte de la grande synagogue. Un peu plus loin, un mur en béton est orné de photos de l'édifice religieux détruit par les nazis.
M. Valls devait ensuite participer à une cérémonie de remise de la médaille des Justes à un couple de Lorrains, Auguste et Jeanne Bieber, honorés à titre posthume pour avoir recueilli chez eux pendant un an, en 1943-44, une jeune Strasbourgeoise de confession juive, Simone Reichner.
Aujourd'hui âgée de 82 ans, Mme Reichner devait assister à la cérémonie.