Les accusations d'agressions sexuelles visant l'Abbé Pierre avaient créé un véritable séisme en juillet dernier. Figure de la lutte contre l'exclusion, il avait été incarné au cinéma il y a un an par le comédien Benjamin Lavernhe. Silencieux depuis les révélations choc, le pensionnaire de la Comédie-Française a réagi pour la première fois.
Une trahison. Le comédien Benjamin Lavernhe a pris la parole pour la première fois concernant son rôle dans le biopic consacré à l'homme d'Eglise «L'Abbé Pierre, une vie de combat». Il avait incarné le fondateur d'Emmaüs dans un long-métrage quasi-hagiographique, vantant les mérites de celui qui a, depuis, été accusé d'agressions sexuelles par de nombreuses femmes.
«Une grande trahison»
Le pensionnaire de la Comédie-Française, qui avait porté le visage du fondateur d'Emmaüs à l'écran durant 138 minutes, s'est exprimé pour la première fois depuis les révélations qui ont ébranlé l'Eglise et la société toute entière. «Déjà je pense aux victimes, il y a 25 témoignages et c’est épouvantable. Forcément, on ressent une grande trahison, une grande tristesse», a déclaré l'acteur sur France 2, ce dimanche 10 novembre.
«De la sidération. Je cherche des mots, mais c’est difficile de les trouver. De l’effroi, parce que quelque part, c’était un ami», a-t-il ajouté. Une amitié fictive, car même si l'acteur n’avait pas rencontré le prêtre, l'avoir incarné lui avait donné «l’impression de l’avoir un peu connu».
«on est passés à côté de ça, on ne l'a pas vu»
«Comment ce type qui a fait autant de choses extraordinaires a pu aussi mal se conduire ? Et au-delà ! La dualité de l’être humain, l’ambivalence, c’est toujours un choc», insiste le comédien. «Et bien sûr que Frédéric Tellier (le réalisateur du biopic, ndlr) et toutes les équipes, on est effondrés. De se dire qu’on est passés à côté de ça et qu’on ne l’a pas vu, eh bien, c'est ça qui est le plus terrible. Donc oui, il va falloir du temps pour s’en remettre», précise-t-il.
Et l'équipe du film «L'Abbé Pierre, une vie de combat» est loin d'être la seule à ne pas avoir été mise au courant des agressions sexuelles perpétrées par l'homme d'Eglise, décédé en 2007. Des agissements passés sous silence durant des années, révélés en juillet dernier seulement par une série de témoignages de femmes sur des violences sexuelles commises entre les années 1950 et les années 2000, et pour certaines pouvant relever du viol ou visant des mineures.
Suite aux accusations visant l’Abbé Pierre, les chaînes pourraient bien renoncer à diffuser le biopic hommage de Frédéric Tellier. Canal+ a déjà supprimé sa diffusion gratuite.