John McAfee, créateur américain du célèbre antivirus éponyme, s’est donné la mort mercredi 23 juin, alors qu'il était emprisonné en Espagne pour fraude fiscale.
Un tribunal espagnol venait d’ordonner son extradition aux Etats-Unis, qui l’accusaient de fraude fiscale. L’homme d’affaire de 75 ans a été retrouvé mort dans sa cellule d’une prison située près de Barcelone. Une porte-parole de la section catalane du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ) - un organe indépendant notamment chargé de nommer les juges - a confirmé que John McAfee avait été retrouvé dans sa cellule, apparemment après un suicide, autour de 19h00 locales.
« Les gardiens et le personnel médical sont immédiatement intervenus pour tenter de le ramener à la vie mais les médecins ont finalement certifié qu'il était mort », a détaillé dans un communiqué le ministère de la Justice de Catalogne.
Un ancien milliardaire gourou
John McAfee était devenu un gourou des cryptomonnaies, grâce auxquelles il affirmait gagner 2.000 dollars par jour. Il était suivi par près d'un million de personnes sur Twitter.
Accusé d’avoir dissimulé à l’administration fiscale de son pays des dizaines de millions de dollars de revenus entre 2014 et 2018, John McAfee était recherché par les États-Unis. Il a été arrêté en octobre 2020 à l’aéroport de Barcelone, au moment où il allait prendre un vol à destination d’Istanbul en Turquie. Selon l'acte d'accusation publié la veille de son arrestation par un procureur américain, John McAfee se serait ainsi fait verser ses revenus perçus sur la période, sur des comptes bancaires et des crypto-monnaies au nom de tiers, afin d'échapper au fisc.
Selon la justice américaine, John McAfee a aussi dissimulé des biens, notamment immobiliers, un yacht et une voiture, toujours en les mettant au nom d'autres personnes. Les autorités américaines avaient émis un mandat d'arrêt via Interpol et demandé son extradition. Il risquait de se voir infliger une peine allant jusqu'à trente ans de prison.
L'homme d'affaire niait en bloc
« Les États-Unis pensent que j’ai caché de la cryptomonnaie. J’aurais aimé l’avoir fait mais tout a été saisi. Mes amis se sont évaporés par peur d’être impliqués. Je n’ai plus rien. Pourtant, je ne regrette rien », avait tweeté le milliardaire quelques jours avant son décès.
The US believes I have hidden crypto. I wish I did but it has dissolved through the many hands of Team McAfee (your belief is not required), and my remaining assets are all seized. My friends evaporated through fear of association.
I have nothing.
Yet, I regret nothing.— John McAfee (@officialmcafee) June 16, 2021
« L’Amérique est déterminée à voir John mourir en prison pour avoir dénoncé la corruption des institutions gouvernementales. Les médias continuent à le vilipender et il n’y a aucun espoir qu’il ait accès à un procès équitable aux États-Unis parce qu’il n’y a plus de justice dans ce pays », avait pour sa part tweeté Janice McAfee, ancienne prostituée et épouse du milliardaire depuis 2013, le jour de la fête des pères, dimanche 20 juin.
Happy Father's Day @officialmcafee. Though you are spending the day in prison know that you are loved and appreciated. #FreeJohnMcAfee #FreeMcAfee pic.twitter.com/YFmB36KWfb
— Janice McAfee (@theemrsmcafee) June 20, 2021
Un personnage très mystérieux
Après avoir débuté sa carrière à la Nasa, l’homme d’affaire avait fait fortune avec son antivirus dans les années 1980, qu'il avait revendu à Intel en 2010. John McAfee défrayait la chronique en 2012, lorsque son voisin au Belize, un petit pays d'Amérique centrale, était retrouvé mystérieusement assassiné. L’affaire n’est toujours pas élucidée à ce jour.
La police avait alors découvert qu'il vivait avec une jeune fille de 17 ans, et qu'il détenait plusieurs armes dans sa maison. À la suite de ces découvertes, John McAfee s'était lancé dans une cavale rocambolesque qui avait tenu les médias en haleine pendant un mois.
En 2015, il avait été arrêté aux États-Unis pour conduite sous l'emprise de stupéfiants, et s'était fait ensuite discret dans les médias, jusqu'à janvier 2019, lorsqu'il avait fui son pays tout en disant vouloir en briguer la présidence.