Espérant pouvoir aider 190 millions de personnes l'an prochain, l'ONU a lancé un appel humanitaire à hauteur de 47,4 milliards de dollars ce mercredi 4 décembre.
Dans un monde malmené par les conflits et le changement climatique, l'ONU en appelle à un «élan de solidarité mondiale». Ce mercredi 4 décembre, l'organisation a lancé un appel humanitaire à hauteur de 47,4 milliards de dollars (environ 45,1 milliards d'euros) pour aider 190 millions de personnes l'an prochain.
«Le monde est à feu et à sang [...] la combinaison des conflits, de la crise du climat et des inégalités a créé un parfait désastre. Nous sommes confrontés à une crise multiple à l'échelle mondiale et ce sont les personnes les plus vulnérables qui en paient le prix», a déclaré à Genève (Suisse) Tom Fletcher, chef des affaires humanitaires des Nations unies.
En réalité, l'ONU estime que quelque 305 millions de personnes auront besoin d'aide humanitaire l'an prochain. Mais, confronté au manque de financements, Tom Fletcher dit avoir décider d'«établir des priorités» même s'il s'agit de «choix difficiles».
The world is on fire. This is how we put it out.
In our flagship annual overview, we make the case for US$47 billion to support 190 million people who need urgent humanitarian aid and safety.
https://t.co/hLvNtVjlRr pic.twitter.com/y0GEhvxURT— Tom Fletcher (@UNReliefChief) December 4, 2024
Au cours de l'année écoulée, les Nations unies ont pu aider 116 millions de personnes mais, en novembre, l'ONU n'avait reçu que 43% des près de 50 milliards de dollars demandés pour 2024. Avec ces 47,4 milliards pour 2025, l'organisation espère venir en aide à 190 millions de personnes.
«Nous irons au-delà [...] si nous bénéficions d'une anné de financement exceptionnelle, a promis Tom Fletcher. Mais je dois être cynique et réaliste quant aux perspectives d'y parvenir».
Décrivant un système humanitaire «débordé, sous-financé et littéralement attaqué», le chef des affaires humanitaires des Nations unies a rappelé les conséquences du sous-financement des appels humanitaires. En 2024, l'aide alimentaire a été réduite de 80% en Syrie et l'aide en matière d'eau et d'assainissement a dû être diminuée au Yémen, alors même que le pays est touché par le choléra.
La «lassitude des donateurs»
Pour 2025, Tom Fletcher veut «atteindre ceux qui en ont le plus besoin et être vraiment impitoyable [...] en ce qui concerne l'affectation des fonds et les domaines dans lesquels nous pouvons avoir plus d'impact». Pour cela, «nous avons besoin d'un élan de solidarité mondiale» face à la «lassitude des donateurs», a-t-il insisté.
Au cours des prochains mois, le chef des affaires humanitaires des Nations unies va donc se rendre à Washington pour «dialoguer avec la nouvelle administration» du président élu Donald Trump, pour lui demander de ne pas réduire son soutien financier aux organisations internationales. Il compte en faire autant dans d'autres capitales pour «enfoncer des portes», afin de convaincre les donateurs traditionnels et de trouver de «nouveaux alliés».
En parallèle, Tom Fletcher a donné l'alerte sur la violation généralisée du droit international humanitaire. Avec un bilan dépassant déjà les 280 morts de 2023, 2024 est, avant même d'être terminée, considérée comme l'année la plus meurtrière pour les travailleurs humanitaires.
Elle est aussi, selon l'ONU, «l'une des années les plus brutales de l'histoire récente» pour les civils pris dans les conflits. À la mi-2024, près de 123 millions de personnes avaient été déplacées de force par les guerres et la violence, soit la douzième hausse annuelle consécutive. Des catastrophes d'origine climatique ravagent également des régions, provoquant des déplacements massifs de population.
«Si aucune mesure urgente n'est prise, l'année 2025 pourrait être pire encore, s'est inquiété Tom Fletcher. Plus les crises durent, plus les perspectives sont sombres : l'espérance de vie diminue, les taux de vaccination s'effondrent, l'éducation est en souffrance, la mortalité maternelle monte en flèche et le spectre de la famine grandit».