Un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur ce mercredi 27 novembre au Liban. Il interrompt un conflit qui a fait des milliers de morts depuis octobre 2023.
Les armes se sont tues, ce mercredi 27 novembre, au Liban. Après plus d'un an d'hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, une trêve est entrée en vigueur tôt ce matin, à 4h (2h00 GMT).
Les Etats-Unis et la France oeuvraient depuis des semaines pour cet accord de cessez-le-feu. Le Hezbollah n'a pas participé directement aux négociations, faisant plutôt appel au chef du Parlement libanais, Nabih Berri, pour négocier en son nom. Jusqu'ici, l'organisation n'a pas commenté l'accord qui a reçu le feu vert israélien final mardi soir.
L'annonce est ainsi intervenue juste après qu'Israël a pilonné le centre de Beyrouth et sa banlieue sud, bastion du Hezbollah, comme jamais depuis le début des bombardements, le 23 septembre dernier.
60 jours pour se retirer progressivement du Liban
L'accord stipule que l'armée israélienne dispose de 60 jours pour se retirer progressivement du Liban et que le Hezbollah doit quitter la frontière sud avec Israël. L'armée israélienne a par ailleurs interdit aux habitants du sud du Liban de s'approcher des positions où elle reste déployée pour l'instant.
En vertu de cet arrangement, l'armée libanaise doit prendre le contrôle de la zone frontalière, côté libanais, et «ce qui reste du Hezbollah et des autres organisations terroristes ne sera pas autorisé [...] à menacer à nouveau la sécurité d'Israël», a précisé le président américain, Joe Biden.
Selon lui, l'accord de trêve a été conçu pour donner lieu à un arrêt permanent des hostilités entre les deux parties. Dans un communiqué commun publié mardi soir, les chefs d'Etat amércain et français ont promis de veiller à ce que le cessez-le-feu soit «mis en oeuvre dans son intégralité».
Sur X, Emmanuel Macron a publié une vidéo dans laquelle il insiste sur le fait que cet accord doit être respecté «dans la durée, afin de restaurer la sécurité des Libanais, la sécurité des Israéliens, permettre le retour sûr des déplacés de ces deux pays dans leur foyer et ainsi, aussi, permettre la restauration de la souveraineté du Liban».
Je tenais à saluer l’accord de cessez-le-feu agréé ce jour entre Israël et le Liban. pic.twitter.com/0vHbMBLOFe
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 26, 2024
Avant de valider l'accord, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou a prévenu qu'il maintiendrait «une totale liberté d'action militaire» au Liban et que la durée du cessez-le-feu dépendrait «de ce qui se passera» dans le pays. «Si le Hezbollah viole l'accord et tente de se réarmer, nous attaquerons», a-t-il ajouté.
Benjamin Netanyahou voit cette trêve au Liban comme une occasion d'«intensifier» sa pression sur le Hamas palestinien, contre lequel il mène une offensive meurtrière dans la bande de Gaza, mais aussi de «se concentrer sur la menace iranienne». Téhéran est en effet le principal soutien du Hezbollah, du Hamas mais aussi d'autres mouvements qui, au Moyen-Orient, s'opposent à Israël.
«Lorsque le Hezbollah est hors jeu, le Hamas se retrouve seul (à Gaza), a-t-il déclaré mardi, à la télévision. Notre pression va s'intensifier, et cela contribuera à la mission sacrée de libérer nos otages». Ce mercredi, le Hamas a justement réagi au cessez-le-feu libanais, se disant «prêt» lui aussi à une trêve à Gaza et à «un accord sérieux pour échanger des prisonniers».
L'accord entré en vigueur ce mercredi vient interrompre le conflit qui a contraint des dizaines de milliers de personnes en Israël et des centaines de milliers d'autres au Liban à fuir leur domicile. Pour rappel, le Hezbollah libanais, affirmant agir en soutien au Hamas, avait ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël.
3.823 morts au Liban depuis octobre 2023
D'après les autorités libanaises, au moins 3.823 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, dont la plupart ces dernières semaines, sous les bombardements. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois dans les affrontements avec le Hezbollah, selon les chiffres officiels.
Dans ce contexte, l'accord de cessez-le-feu a été salué unanimement, à commencer par le Premier ministre libanais, Najib Mikati, qui l'a décrit comme une «étape fondamentale» vers la stabilité régionale.
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères s'est félicitée de ce «rayon d'espoir pour la région tout entière» tandis que le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s'est réjoui de voir ce cessez-le-feu «apporter un certain soulagement aux populations civiles du Liban et du nord d'Israël, qui ont subi des conséquences inimaginables au cours des derniers mois d'un conflit dévastateur».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a évoqué «une nouvelle très encourageante» et a dit espérer que «le Liban aura l'opportunité de renforcer sa sécurité intérieure et sa stabilité grâce à l'influence réduite du Hezbollah».
La représentante de l'ONU pour le Liban, Jeanne Hennis-Plasschaert, a quant à elle salué un «accord crucial», «point de départ d'un processus critique» pour assurer la sécurité des civils des deux côtés de la Ligne bleue. Selon elle, un «travail considérable» sera nécessaire pour assurer la pérennité de ce cessez-le-feu.