En direct
A suivre

Présidentielle en Roumanie : pourquoi le scrutin est plus intéressant qu'il semble n'y paraître

Affiches de candidats aux élections présidentielle et législatives à Bucarest, en Roumanie, le 20 novembre 2024.[Andreea Campeanu/ Reuters]

Alors que les Roumains étaient appelés aux urnes ce week-end dans le cadre du premier tour de l'élection présidentielle, le pays pourrait pour la première fois être dirigé par l'extrême droite.

Ce dimanche sonnait comme le début d'un long marathon électoral en Roumanie. En effet, les Roumains sont appelés aux urnes trois dimanches successifs pour élire leur président, ainsi que les représentants des deux chambres du Parlement. Dès ce 24 novembre, près de 19 millions d'électeurs se sont donc prononcés lors du premier tour de la présidentielle.

Qui succèdera au président Klaus Iohannis ? Sur la ligne de départ : quatorze candidats briguaient la présidence. Mais après le premier tour, seulement deux d'entre eux peuvent toujours espérer prendre les commandes du pays le 8 décembre prochain.

Calin Georgescu crée la surprise

Immense surprise, Calin Georgescu, populiste prorusse et grand vainqueur du soir avec 22,59% des suffrages, devrait faire face à l'actuel Premier ministre social-démocrate pro-européen Marcel Ciolacu (19,55%).

Pour différents spécialistes, l'inflation galopante et les bas salaires ont sans doute largement pesé dans le choix des électeurs, ainsi qu'un climat social et géopolitique particulièrement tendu au sein du pays membre de l'Union Européenne et de l'Otan, frontalier de l'Ukraine.

Immense déception en revanche pour George Simion (38 ans), autre candidat d'extrême droite et président de la jeune alliance pour l’unité des Roumains (AUR), annoncé comme l'un des favoris dans les sondages et finalement 4e. 

un pays en proie à la fraude électorale 

Comment dès lors expliquer une telle percée électorale ? À l'héritage du président sortant d'abord, aux forts soupçons de tripatouillages électoraux du PSD ensuite. Jamais l'économie roumaine n'a été si mal. Le déficit budgétaire du pays s’élève aujourd’hui à 5,44% du PIB (environ 20 milliards d’euros).

Le plus grand projet de Klaus Ioannis, «România educata» («La Roumanie éduquée»), a, lui, viré au fiasco total : 57% des établissements scolaires en milieu rural sont toujours délabrés et insalubres et le corps enseignant demeure démobilisé et mal rémunéré.

La montée de l'extrême droite tient également aux soupçons de «tripatouillages» du PSD par Marcel Ciolacu. Pour s’assurer de gagner le deuxième tour, Marcel Ciolacu aurait fait en sorte d’éliminer de la course Diana Sosoaca, amie déclarée de la Russie, avec l’aide de la Cour constitutionnelle.

Diana Sosoaca hors de portée, Marcel Ciolacu souhaitait que les voix de la candidate extrémiste se reportent sur George Simion pour qu'ensuite les Roumains privilégient au second tour la candidature la «moins pire». À savoir pour ce dernier, la sienne. Résultat : la confiance des Roumains dans ses dirigeants est au plus bas. 31% d'entre eux pensent que les élections seront truquées. 

Le vote crucial de la diaspora roumaine

Dans le passé, le vote de la diaspora a joué un rôle important, parfois crucial. Ainsi, en 2009, le président Traian Băsescu a été élu au second tour aux dépens de Mircea Geoană grâce aux votes de Roumains de l’étranger. De même, en 2014, la diaspora roumaine avait largement contribué à la victoire de Klaus Iohannis face au représentant du PSD Victor Ponta. Cinq ans plus tard, ce sont encore les Roumains de l’étranger qui ont sanctionné les sociaux-démocrates aux élections européennes.

Un vote anti-système qui pourrait être réitéré dans deux semaines : la diaspora ayant abandonné les idées modernistes et pro-européennes pour se laisser bercer par les discours populistes. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités