En visite à Jérusalem ce jeudi 7 novembre, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a été confronté à un incident diplomatique lors duquel deux gendarmes français ont été arrêtés.
Dénonçant une «situation inacceptable» lors d'une visite à Jérusalem ce jeudi 7 novembre, le ministre français des Affaires étrangères a refusé de pénétrer dans l'Eleona, un site de pélerinage. Il a pris cette décision à la suite de ce qui a été décrit comme un incident diplomatique.
En effet, selon Jean-Noël Barrot, la police israélienne est entrée «armée» et «sans autorisation» sur un site géré par la France. D'après l'AFP, les forces de l'ordre de l'Etat hébreu ont brièvement arrêté deux gendarmes français.
Ces derniers ont été entourés par les policiers israéliens au cours d'échanges virulents. L'un d'eux a été empoigné de force et mis au sol, avant d'être embarqué dans une voiture de police.
Le gendarme en question, qui s'était pourtant identifié, a hurlé plusieurs fois «Ne me touchez pas», toujours selon l'AFP.
La sécurité israélienne est entrée armée dans le domaine français de l’Eleona.
J’ai donc refusé d’y pénétrer.
Deux agents de notre consulat ont ensuite été arrêtés, puis relâchés.
Je condamne fermement ces actes, alors que la France travaille à l’apaisement dans la région. https://t.co/1IN0Wu8Tq6— Jean-Noël Barrot (@jnbarrot) November 7, 2024
Pour l'heure, on ne sait pas pourquoi les policiers israéliens sont entrés sur le site. Les deux gendarmes, brièvement retenus, ont par la suite été relâchés. Dénonçant malgré tout une «atteinte à l'intégrité d'un domaine placé sous la responsabilité de la France», Jean-Noël Barrot a déclaré devant la presse : «Je ne vais pas entrer».
Il a estimé que cet incident était «de nature à fragiliser les liens que j'étais pourtant venu cultiver avec Israël, dans un moment où nous avons tous besoin de faire progresser la région sur le chemin de la paix».
«Le domaine de l'Eleona (...) est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité, l'entretien et avec énormément de soins. L'intégrité des quatre domaines dont la France a la responsabilité ici à Jérusalem doit être respectée», a-t-il insisté.
La France «condamne» ces actions
Dans un communiqué publié après coup, le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, a confirmé que l'arrestation de «deux personnels du Consulat général de France à Jérusalem» n'est pas acceptable sachant «qu'ils sont des agents sous statut diplomatique».
La France «condamne» ces actions «avec d'autant plus de vigueur qu'elles interviennent dans un contexte où elle met tout en oeuvre pour oeuvrer à la désescalade des violences dans la région. L'ambassadeur d'Israël en France sera convoqué au ministère dans les prochains jours», conclut le communiqué.
Le site de l'Eleona est situé sur le mont des Oliviers à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967. Il abrite un monastère bénédictin et est construit sur la grotte dite du Pater, où le Christ aurait enseigné le Pater à ses disciples.
Ce n'est pas la première fois qu'une visite officielle française en Israël est source de tension. En janvier 2020, celle d'Emmanuel Macron avait été marquée par une bousculade devant la basilique Saint-Anne et le président avait lancé à un policier israélien «I don't like what you did in front of me» («Je n'aime pas ce que vous avez fait devant moi»).
Deux décennies plus tôt, Jacques Chirac s'était lui aussi emporté contre des soldats israéliens. Estimant qu'ils l'encadraient de trop près ils leur avait demandé : «Do you want me to go back to my plane ?», littéralement «Voulez-vous que je remonte à bord de mon avion ?». Excédé, il avait ensuite exiger que les militaires quittent le domaine de Sainte-Anne.