Les Américains sont appelés aux urnes ce mardi afin d'élire leur futur chef de l'Etat. En France, les résultats du scrutin, qui s'annonce très serré, devraient être connus dans la nuit, voire dans plusieurs jours.
Décalage horaire oblige, la plupart des Français pourraient bien être toujours endormis quand les premiers résultats de la présidentielle américaine, le 5 novembre, seront connus. Sachant que le vote s'annonce très serré, il est même possible qu'il faille des jours et non pas des heures pour connaître les chiffres définitifs.
Selon l'organisation indépendante Elections Project, plus de 20 millions d'électeurs ont déjà voté par courrier ou en personne. Les premiers décomptes ne pourront toutefois pas être publiés avant la fermeture des premiers bureaux de vote le 5 novembre, aux alentours de 18h, heure locale, soit minuit en France. Les autres clôtureront progressivement le scrutin dans les heures suivantes, certains recueillant les bulletins jusqu'à 5h du matin, heure de Paris.
Les Français peuvent donc espérer connaître de premiers résultats significatifs en début de journée le 6 novembre mais, en réalité, ce sont les chiffres des «swing states» qui feront réellement la différence.
Ces Etats-clés, au nombre de sept, sont ceux dans lesquels le choix des électeurs est incertain et donc dans lesquels l'élection risque de se jouer. Il s'agit de l'Arizona, de la Caroline du Nord, de la Géorgie, du Michigan, du Nevada, de la Pennsylvanie et du Wisconsin.
Comme en 2016 et en 2020, quelques dizaines de milliers de voix dans cette poignée d'Etats pourraient décider qui, de l'ancienne magistrate de 60 ans ou du milliardaire de 78 ans, engrangera les 270 grands électeurs synonymes de victoire.
Quoi qu'il en soit, la certification des résultats au Capitole fera l'objet du plus haut niveau de sécurité possible cette année, afin d'éviter des scènes d'émeute telles que celles observées le 6 janvier 2021, lorsque des partisans de Donald Trump ont envahi le bâtiment en réaction à sa défaite face à Joe Biden.
La prudence est de mise, notamment parce que les sondages annoncent un scrutin particulièrement serré. Depuis l'entrée en lice de Kamala Harris, à la faveur du désistement de Joe Biden en juillet, aucun des deux candidats ne semble se démarquer.
LE VOTE DES MINORITÉS ETHNIQUES CRUCIAL
D'après les dernières enquêtes d'opinion, Donald Trump pourrait bénéficier d'un léger avantage, mais cette avance ne permet pas de tirer de réelles conclusions puisqu'elle se situe toujours dans la marge d'erreur. Le candidat républicain est en revanche distancé par Kamala Harris dans les sondages réalisés auprès de l'électorat féminin.
Dans ce contexte, les deux candidats vont chercher des voix là où ils pensent pouvoir les trouver. Le vote des minorités ethniques s'annonce notamment crucial puisque, selon Michael Strawbridge, qui enseigne les sciences politiques à l'université Washington de Saint Louis, dans le Missouri, les membres de cet électorat ne se sentent pas forcément «concernés ou soutenus par aucun des partis» et pourraient ne pas voter.
Voilà pourquoi les deux camps ont déployé de gros efforts pour les convaincre. Accompagné de caméras, Donald Trump s'est notamment rendu dans le quartier populaire latino et noir de Castle Hill, à New York, tandis que Kamala Harris a mobilisé son réseau d'Howard, l'université dans laquelle elle a étudié et qui fait partie d'un groupement d'établissements historiquement noirs créés aux Etats-Unis à l'époque de la ségrégation.
L'électorat noir est traditionnellement démocrate mais certains sondages récents ont montré une progression du candidat républicain auprès de ses membres, plus particulièrement chez les hommes. Auprès de l'AFP Michael Strawbridge nuance néanmoins ces données, assurant que ces enquêtes n'interrogent parfois qu'une petite fraction de cet électorat et que les études continuent de montrer le soutien indéfectible de la communauté afro-américaine aux démocrates.
Le ton se durcit à l'approche du scrutin
Au cours des dernières semaines Donald Trump a plus que jamais mis l'accent sur la question de l'immigration, le «problème numéro 1» selon lui, «même devant l'économie». Lors de chacun de ses meetings, le septuagénaire peint un tableau extrêmement sombre d'un pays ravagé par des migrants «terroristes» et «violeurs», sortant des pires «prisons et asiles de fous».
Kamala Harris cherche à profiter de ses outrances, en courtisant les électeurs républicains modérés qui pourraient être échaudés par les discours virulents de l'ex-président. Dans ce but elle peut notamment compter sur le soutien de Liz Cheney, ancienne parlementaire républicaine et figure de la droite anti-Trump.
La candidate démocrate défend un programme résolument centriste, mêlant fermeté sur l'immigration, promesses de coups de pouce à la classe moyenne et défense du droit à l'avortement.
Elle a notamment développé ce dernier point lors d'un discours à Atlanta, en Géorgie, l'un des Etats qui a largement restreint le droit à l'avortement après que des juges de la Cour suprême, nommés par Donald Trump, l'ont révoqué au niveau fédéral. «Des femmes sont mortes à cause de ces interdictions», a martelé la candidate démocrate, avant de promettre de rétablir ce droit partout aux Etats-Unis si elle est élue.
A l'approche du jour J, le suspens est tel que le ton de la campagne s'est durci ces dernières semaines. Mardi, le républicain Donald Trump a multiplié les attaques personnelles contre son adversaire qu'il décrit comme «une personne stupide» et même une «vice-présidente de m*rde».
En réaction, Kamala Harris a accusé son rival d'«avilir» la fonction présidentielle en faisant preuve d'une telle vulgarité. Lors d'une interview sur MSNBC, elle a estimé que «le président des Etats-Unis doit définir un standard, non seulement pour notre nation, mais aussi pour (...) le rôle que joue notre nation dans le monde».