La célèbre maison d’édition HarperCollins propose désormais à ses auteurs des contrats de 2.500 dollars avec une société d’intelligence artificielle générative afin d’entraîner son modèle de langage. Un processus qui interroge.
Écrire non plus pour des lecteurs, mais pour l’intelligence artificielle. Une pratique étonnante, mais pour le moins rentable. L’éditeur américain HarperCollins vient de proposer à certains de ses auteurs un contrat avec une société d’intelligence artificielle (IA). L’objectif, utiliser leurs œuvres publiées pour entraîner son modèle d’IA générative.
Le tout pour une somme non-négligeable. L’entreprise d’IA propose de verser aux auteurs 2.500 dollars par livre sélectionné pour une période de trois ans. Rappelons que d’ordinaire, un auteur touche moins de 10 % par livre vendu. HarperColllins a confirmé à l’AFP avoir «conclu un accord avec une société de technologie d'intelligence artificielle pour autoriser l'utilisation limitée de certains titres (...) pour entraîner des modèles d'IA, afin d'améliorer la qualité et les performances des modèles».
Un contrat de 23 millions de dollars signé par l'éditeur Wiley
Un accord qui interroge. Présent dans dix-huit pays, HarperCollins est le deuxième éditeur de livres grand public dans le monde. Chaque année, le géant de l’édition publie environ 10.000 nouveaux livres, traduits dans 17 langues. Son catalogue papier et numérique contient plus de 200.000 titres.
HarperCollins n’est pas le premier à se tourner vers ce genre de contrat. En mars dernier, l’éditeur américain de livres scientifiques Wiley avait fait de même, pour 23 millions de dollars.
Dans le secteur de l’édition, la nouvelle a reçu un accueil contrasté. L’écrivain américain Daniel Kibblesmith l'a notamment décriée : «Je le ferais probablement pour un milliard de dollars. Je le ferais pour une somme d'argent qui ne me demanderait plus de travailler, puisque c'est le but final de cette technologie», s'est-il indigné sur le réseau social BlueSky.
L'industrie musicale menacée par l'IA
Si HarperCollins a tenté de calmer les inquiétudes en expliquant également que «l'accord encadr[ait ] clairement la production de modèles respectueux des droits d'auteur», ce contrat ne présage rien de bon pour les librairies, qui vont devoir faire face à de sérieux concurrents.
Le secteur de l’édition n’est pas le seul à être confronté à la concurrence de l’IA. Face à ces questions, la presse s’organise. Fin 2023, le quotidien américain The New York Times a lancé des poursuites à l'encontre d'OpenAI, créateur du logiciel ChatGPT, ainsi que de Microsoft, son principal investisseur, pour violation des droits d'auteur.
Idem dans l’industrie musicale. De nombreux chanteurs ont contesté contre la reproduction de leur voix par l’IA générative. Ils réclament plus de transparence de la part des entreprises technologiques.