À la tête de la Géorgie depuis près de six ans, Salomé Zourabichvili affronte l'une des plus graves crises politiques de son pays après des soupçons d'ingérence russe lors des dernières élections législatives. Une situation explosive pour cette fille d'immigrés géorgiens née en France.
Une actualité inquiétante. Ce dimanche 27 octobre, la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a dénonce une «falsification totale» des élections législatives, qui ont donné le parti au pouvoir pro-russe du Rêve géorgien largement gagnant face à l'opposition pro-européenne (54,08% des voix, contre 37,58%). La dirigeante a même estimé que son pays était victime d'une «opération russe».
I speak as an institution representing the people of Georgia. We reject Russia’s infiltration and occupation. Parties that participated stand with me to defend our European future and the Georgian Charter.#GeorgiaElection Gevotes24 pic.twitter.com/5QR9yHGD2x
— Salome Zourabichvili (@Zourabichvili_S) October 27, 2024
Une situation explosive pour celle qui a été élue à la tête du petit Etat du Caucase, situé au sud de la Russie, le 16 décembre 2018. Née le 18 mars 1952 en France de parents géorgiens ayant fui l'invasion soviétique en 1921, Salomé Zourabichvili a d'abord fait carrière dans son pays d'adoption. Elle est rapidement devenue une diplomate de carrière, travaillant dans différentes ambassades à Rome, Washington puis au ministère des Affaires étrangères.
La première femme à la tête de la Géorgie
En 2003, la «Révolution des Roses» et l'élection de Mikheïl Saakachvili, pro-européen à la tête du pays ont changé sa vie. Nommée ambassadrice par Jacques Chirac la même année, elle effectue alors son retour dans son pays natal. Ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2005, elle s'est efforcée d'amorcer le tournant de la Géorgie vers l'Europe, tout en pacifiant ses relations avec la Russie.
Mais son conflit avec le président et la guerre russo-géorgienne de 2008 lui ont fait opérer un tournant pro-européen définitif. Dans l'opposition jusqu'en 2018, elle s'est présentée sans étiquette aux élections européennes. Pendant la campagne, le parti au pouvoir du Rêve géorgien, pourtant favorable à des relations avec la Russie, lui a apporté son soutien, lui permettant ainsi de devenir la première femme présidente de la Géorgie.
Une présidente pro-européenne
Depuis son élection, elle s'est efforcée malgré ses pouvoirs limités de pousser vers une ouverture pro-européenne de son pays, tout en se posant en arbitre face aux forces politiques pro-russes. Mais ses relations avec le parti du Rêve géorgien, qui s'est approché de plus en plus de la Russie, se sont progressivement tendues jusqu'à l'invasion de l'Ukraine par Moscou.
Salomé Zourabichvili s'est fermement opposée au gouvernement lors de la présentation du projet de loi sur «l'influence étrangère», perçu comme une régression démocratique importante, en opposant son veto son entrée en vigueur. Malgré son appel à former une coalition pro-européenne en vue des élections législatives du dimanche 27 octobre, c'est bien le parti pro-russe du Rêve géorgien qui l'a emporté.
La présidente de la Géorgie se trouve aujourd'hui dans une situation explosive, alors que son pays est tiraillé entre l'influence russe de plus en plus grandissante et représentée par le parti au pouvoir, et la volonté d'une partie du peuple géorgien de s'en affranchir.
La date de la prochaine élection présidentielle, qui doit se tenir d'ici la fin de l'année, n'est pas encore connue. Salomé Zourabichvili avait annoncé ne pas vouloir se représenter, mais les conséquences des dernières élections législatives risquent de changer ses plans.