Le juge Christian Jenkins du tribunal de première instance du comté de Hamilton (Etats-Unis) a déclaré inconstitutionnelle l'interdiction de l'avortement dans l'Ohio jeudi 24 octobre en arguant la nécessité de protéger les soins de santé reproductive dans l’Etat.
Une victoire pour les défenseurs des droits à l’avortement sur le sol américain. Dans une décision rendue ce jeudi, le juge Christian Jenkins, officiant au tribunal de première instance du comté de Hamilton (Etats-Unis), a déclaré inconstitutionnelle l'interdiction de l'avortement dans l'Ohio.
Ce dernier a justifié cette prise de position par le fait que l’avortement va l'encontre des dispositions d'un amendement à la constitution de l'Etat, approuvé par les électeurs, qui protège les soins de santé reproductive.
Cette décision découle d'une loi interdisant aux médecins de pratiquer des avortements après la détection d'une activité cardiaque ou embryonnaire fœtale pouvant survenir dès la sixième semaine de grossesse.
Elle est intervenue plusieurs mois après qu'un autre juge de l'Ohio a temporairement suspendu une poignée de lois de l'Etat qui instituaient une période d'attente obligatoire de 24 heures pour bénéficier d'un avortement.
Bien que les législateurs républicains de l’Ohio aient adopté cette loi en 2019, la législation n’est entrée en vigueur qu’en juin 2022, lorsque la Cour suprême des États-Unis a annulé Roe v Wade. Christian Jenkins a donc suspendu temporairement la loi moins de trois mois après son entrée en vigueur.
Une décision saluée par les prestataires des soins de santé de l'Ohio
Les prestataires de soins de santé de l'Ohio ont intenté une action en justice pour mettre fin définitivement à la législation puisqu’elle a poussé les patients à rechercher des soins de santé reproductive en dehors de l'Etat, mettant ainsi en péril plusieurs cliniques locales.
Des militants ont également lancé une initiative de vote pour garantir que les droits en matière de santé reproductive, y compris l'avortement, soient protégés par la constitution de l'Etat. Cette campagne a été adoptée en novembre dernier, recueillant 57 % des voix des habitants de l'Ohio, selon The Guardian.
«Il s’agit d’une décision historique, qui montre la force du nouvel amendement de l’Ohio sur la liberté de procréation dans la pratique. L’interdiction de six semaines est manifestement inconstitutionnelle et n’a pas sa place dans notre loi», a affirmé Jessie Hill, avocate associée de l’Union américaine pour les libertés civiles de l’Ohio.
Les droits reproductifs au cœur de la campagne présidentielle
Cette prise de position forte sur un sujet aussi clivant aux Etats-Unis intervient deux semaines avant l’élection présidentielle américaine. A ce sujet, la candidate démocrate Kamala Harris a fait des droits reproductifs un élément clé de sa campagne électorale.
Cette dernière a souligné à plusieurs reprises que Donald Trump avait nommé trois juges de la Cour suprême qui avaient voté en faveur de l'arrêt Roe v. Wade. L'ancien président américain, qui s'est attribué le mérite d'avoir annulé cet arrêt, a récemment adouci son discours en raison des réactions négatives sur cette thématique.