Ce mardi 25 juin, l’Union européenne entame des discussions portant sur l'intégration possible de l’Ukraine et de la Moldavie à son organisation. Un processus parfois long et dense qui interroge sur ses chances d'aboutir.
Une première étape. L'Union européenne entre en négociations dès ce mardi avec la Moldavie et l'Ukraine sur la question de l’adhésion des deux pays, a annoncé la présidence belge du conseil de l’Union Européenne.
Les ambassadeurs des 27 pays ont d'ores et déjà signé un accord de principe en vue d'inviter les deux pays autour de la table. «Nous attendons avec impatience le 25 juin, lorsque l'Ukraine et l'Union européenne tiendront leur première conférence intergouvernementale, ce qui marquera le début effectif du processus de négociation, s’est enthousiasmé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Des millions d'Ukrainiens (…) sont en train de réaliser leur rêve européen».
Néanmoins, comme l’a démontré par le passé l’exemple turque (qui a déposé sa candidature pour intégrer l’Union européenne en 1987 et n’en fait toujours pas partie), les démarches pour finaliser l’intégration d’un pays à l’organisation européenne peuvent se montrer incertaines et longues. À cela s’ajoute bien évidemment un contexte politique tendu à l’est de l’Europe qui interroge. L’Ukraine et la Moldavie intégreront-elles vraiment l’Union Européenne ?
Pour le directeur de recherche à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), ancien ambassadeur à Moscou et auteur du livre «France, une diplomatie déboussolée», Jean de Gliniasty, la Russie ne freinera pas l'adhésion de l'Ukraine à l’Union Européenne, qui fait partie d’un «paquet pour la paix», négocié il y a plus de deux ans. «Le 15 avril 2022, Ukrainiens et Russes étaient arrivés à un compromis pour un cessez-le-feu, qui a ensuite été malmené, à cause notamment de l’intervention de Boris Johnson. Dans cet accord, l’Ukraine cédait une partie de la Crimée mais la Russie ne s’opposait pas à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne». Selon le spécialiste, l’adhésion de l’Ukraine dans l’Union européenne est le fruit d’un compromis avec les Russes sur le sujet qui pourrait être une étape supplémentaire vers la paix entre les deux pays.
Des normes européennes exigeantes
Pour trouver un barrage à l'adhésion de l’Ukraine et la Moldavie il faut davantage se pencher sur le fonctionnement même de l’alliance des 27 pays. Pour qu’un pays intègre l’Union européenne il doit valider un certain nombre de conditions appelées les «30 chapitres». Parmi eux, des considérations économiques, politiques, ou encore des valeurs à respecter.
Pour Jean de Gliniasty, pour parvenir à ses fins, l'Ukraine devra faire oublier certains aspects de son fonctionnement et offrir des garanties quant à son adaptation. «Le principal obstacle de l’adhésion de l’Ukraine est l'adoption de certaines normes européennes exigeantes. Dans cette affaire, l’Ukraine peut être freinée par la corruption et sa fiscalité». Par ailleurs, l’Union européenne ne prendra pas le risque d’ajouter dans ses rangs un allié qui peut s'avérer gênant, notamment d’un point de vue économique. «L’Union européenne veillera à protéger son économie et particulièrement son agriculture qui se retrouvera face à la puissante agriculture ukrainienne, qui devra s'accommoder des règles commerciales du marché commun», résume l’ancien ambassadeur en Russie.
Quant au cas moldave, il présente les mêmes obstacles que son voisin ukrainien à ceci près que son territoire est culturellement plus morcelé. La Transnistrie, une région en marge, moins développée et culturellement pro-russe, pourrait compliquer les négociations. «L’enjeu principal pour la Moldavie sera de concerner l’intégralité de son territoire».
Pour l’Union européenne, les cas de l’Ukraine et de la Moldavie pourrait engendrer une «accélération des demandes d'adhésions venant notamment les pays des balkans (Serbie, Monténegro, Kosovo, Macédoine), qui seront tentés d’imiter les pays de l’est et pourrait, à terme, conduire l’Union européenne à être composé de 37 pays», prédit Jean de Gliniasty.