Le Muséum d'histoire naturelle de Londres a dévoilé les lauréats de la 60e édition du «Wildlife Photographer of the Year», le plus prestigieux concours de photographies de nature au monde.
Les lauréats 2024 du «Wildlife Photographer of the Year», célèbre concours de photographie de nature organisé par le Muséum d'histoire naturelle de Londres, ont été annoncés le 8 octobre, lors d'une soirée de remise des prix. Cette 60e édition a attiré un nombre record de 59.228 candidatures soumises par des photographes professionnels et amateurs, adultes et jeunes, en provenance de 117 pays.
Le grand prix qui récompense l'image la plus marquante et la plus mémorable parmi celles distinguées dans chaque catégorie a été décerné à Shane Gross, photojournaliste canadien spécialisé dans la conservation marine, pour son époustouflante photo intitulée «The Swarm of Life», qui met en lumière le monde sous-marin des têtards de crapauds, d'un lac de montagne au Canada. Il a été sacré du titre prestigieux de «Photographe de nature de l'année 2024». L'autre grand gagnant de la compétition est l'Allemand Alexis Tinker-Tsavalas qui a reçu le prix du «Jeune Photographe de l'année 2024» pour son image montrant le monde de l'infiniment petit, à savoir un collembole et les fructifications d'un myxomycète sur un tronc d'arbre mort.
Ces deux grands gagnants ont été sélectionnés parmi l'ensemble des 18 lauréats du concours, eux-mêmes choisis selon des critères relatifs à l'originalité du sujet, la composition et la complexité de la prise de vue mais aussi l'approche éthique du photographe.
Depuis 60 ans, cette compétition photographique récompense chaque année les meilleures photos de la vie sauvage sélectionnées par un jury international, permettant de faire découvrir au grand public la richesse, la beauté mais aussi la fragilité de la biodiversité qu'il est urgent de protéger et préserver aux quatre coins du globe.
Une exposition présentant les 100 images primées du «Wildlife Photographer of the Year» est ouverte du 11 octobre au 25 juin 2025 au Muséum d'histoire naturelle de Londres.
grand prix - photographe de nature de l'année
Couronné du titre de «Photographe de nature de l'année 2024», le Canadien Shane Gross a également obtenu le 1er prix de la catégorie «Zones humides : voir plus loin» pour cette frénésie de vie sous-marine incarnée par ces millions de tétards remontant des profondeurs pour se nourrir de microalgues près de la surface des eaux du lac Cedar, sur l'île de Vancouver, en Colombie-Britannique, au Canada.
«J'ai plongé en apnée dans ce lac de l'île de Vancouver pendant plusieurs heures pour photographier ce spectacle qui se déroulait sous l'épaisse couche de nénuphars recouvrant une grande partie de la surface du lac. Chez le crapaud boréal, chaque femelle pond jusqu'à 12.000 œufs, mais on estime que 99 % des têtards n’atteindront pas l'âge adulte. Pourtant, le temps d'une chaude après-midi de juillet, ces nageurs dodus ont rempli ces eaux cristallines de vie et d'espoir», a dit l'émérite photojournaliste spécialisé dans la conservation marine. «Le photographe nous plonge dans une migration épique de minuscules têtards, une scène dont la plupart d'entre nous n'auraient jamais imaginé l'existence. En nous plaçant au cœur de ce mouvement de millions d'êtres vivants, il souligne le fait que la beauté et la magie existent partout, même dans les endroits les plus banals», a déclaré Tony Wu, photographe naturaliste et juge du concours.
1er prix - comportement mammifères
C'est lors d'une visite en famille dans le parc national de Wilpattu, dans le nord-ouest du Sri Lanka, que Hikkaduwa Liyanage Prasantha Vinod a été témoin de cette tendre scène d'un jeune macaque à toque endormi dans les bras d'un adulte. «Me reposant dans un endroit calme après une matinée passée à photographier des oiseaux et des léopards, je me suis vite rendu compte que je n'étais pas seul. Une troupe de macaques à toque se déplaçait dans les arbres au-dessus de moi. Repérant ce jeune singe qui dormait entre deux repas, j'ai sorti mon appareil photo et utilisé un téléobjectif pour cadrer ce moment paisible», a détaillé ce photographe animalier passionné, médecin de profession.
«Cette image est si simple et pourtant si belle. La tête du petit macaque est parfaitement positionnée contre le blanc de la poitrine de sa mère, tandis que la courbe de la jambe de l'adulte et l'enroulement du bras de l'enfant les maintiennent ensemble dans ce moment serein. La lumière est douce et accueillante et capture parfaitement l'expression du visage du jeune primate», a déclaré Kathy Moran, présidente du jury et rédactrice photo.
Singe endémique du Sri Lanka, le macaque à toque est pourtant classé parmi les espèces en voie de disparition sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Son alimentation se compose principalement de fruits, mais aussi de fleurs, de nouvelles pousses de feuilles, de tubercules, d'insectes et, à l'occasion, de petits vertébrés. Ils s'adaptent également facilement à l'alimentation humaine. Le développement de l'agriculture et l'urbanisation dans les zones d'habitats traditionnelles du macaque génére de nombreux conflits avec l'homme et notamment les agriculteurs dont certains n'hésitent pas à abattre, piéger ou empoisonner cet animal considéré comme nuisible. Dans un pays qui a perdu plus de 50 % de sa couverture forestière au cours des 70 dernières années, ce jeune macaque est confronté à un avenir difficile.
1er prix - animaux dans leur environnement
Le Russe Igor Metelskiy est l'auteur de cette photo d'un lynx de l'Amour s'étirant sous le soleil du début de soirée, son corps faisant écho aux ondulations de la nature environnante, dans le kraï du Primorié, dans l'Extrême-Orient russe. «L'éloignement et les conditions météorologiques changeantes rendent l'accès difficile à cet endroit ainsi que le transport de mon équipement. J'ai positionné mon piège photographique à proximité d'empreintes et de déjections de proies potentielles. Il a fallu plus de six mois d'attente pour obtenir cette image intime de l'insaisissable lynx», a-t-il confessé. Passionné de photo depuis toujours, il a délaissé depuis 2009 ses activités d'avocat et d'investisseur dans le milieu économique pour se consacrer à la photographie animalière. Une étude réalisée en 2013 a estimé que la population totale de lynx en Russie était d'environ 22.500 individus, dont 5.890 dans l'Extrême-Orient russe, y compris dans le kraï du Primorié.
1er prix - comportement invertébrés
L'Allemand Ingo Arndt a documenté le démembrement méticuleux d'un carabe par des fourmis rouges des bois, dans une forêt de la Hesse, en Allemagne. «Je me suis retouvré couvert de fourmis après m'être allongé quelques minutes à côté de leur nid pour faire cette photo. J'ai observé les fourmis rouges découper un coléoptère déjà mort en morceaux suffisamment petits pour passer par l'entrée de leur nid», s'est souvenu ce photographe naturaliste multiprimé et dont le travail a été publié dans des magazines comme Géo et National Geographic.
Les fourmis rouges des bois se nourrissent en grande partie du miellat sécrété par les pucerons, mais elles ont également besoin de protéines. Elles peuvent tuer des insectes et d'autres invertébrés beaucoup plus gros qu'elles par la seule force du nombre.
1er prix - portraits d'animaux
Le célèbre et multiprimé photographe de conservation canadien John Marriott a une fois de plus fait la preuve de son incroyable talent pour capturer des scènes de la vie sauvage et d'animaux en liberté dans leurs habitats naturels, avec cette exceptionnelle image d'un lynx se reposant du vent froid, avec ses jeunes adultes qui s'abritent derrière lui, au Canada. «J'ai suivi ce groupe familial pendant près d'une semaine dans le territoire canadien du Yukon, chaussant des raquettes et portant un appareil photo léger pour me frayer un chemin dans les forêts enneigées. Lorsque de nouvelles traces l'ont conduit au groupe, il a gardé ses distances pour ne pas les déranger», a-t-il dit.
«Ce regard intense, cette fourrure douce et épaisse, ces énormes pattes et ces touffes d'oreilles. Mais attendez... Il ne s'agit pas d'un seul lynx canadien, mais de deux - non, trois. Il est rare d'approcher un félin aussi insaisissable et méfiant, largement piégé pour sa fourrure, mais faire le portrait de toute la famille est extraordinaire», s'est exclamé Roz Kidman Cox, rédactrice, éditrice photo, écrivaine et juge du concours.
Les lynx sont généralement solitaires et les femelles élèvent seules leurs petits. Les jeunes lynx restent avec la mère pendant la première année de leur vie avant de partir à la recherche de leur propre territoire. Les lynx s'attaquent principalement au lièvre d'Amérique. Comme la quantité de neige diminue en raison du changement climatique, d'autres prédateurs peuvent leur faire concurrence pour chasser les proies de prédilection, affectant ainsi les populations de lièvres et, par conséquent, le nombre de lynx.
1er prix - comportement oiseaux
Cette photo insolite et spectaculaire d'un jeune faucon pèlerin en plein apprentissage de la chasse avec un papillon, est l'œuvre de l'Américain Jack Zhi, réalisée près de Los Angeles, en Californie, aux Etats-Unis. «Un jeune faucon pèlerin s'entraîne à voler depuis plus d'une semaine et ses compétences s'améliorent de jour en jour. Bien qu'il dépende encore de ses parents pour la nourriture, il a commencé à exercer ses talents de chasseur. N'étant pas encore assez aguerri pour attraper des oiseaux vivants en plein ciel, il a fait ses premiers pas en chassant un papillon. Bien que plus rapide et plus agile pour poursuivre l'insecte volant, l'oiseau reste néanmoins concentré sur sa proie avant qu'il ne l'attrape et joue avec celle-ci avant finalement de la relâcher. Depuis des années que je photographie ces rapaces, c'est la première fois que j'observe des juvéniles jouer avec des papillons», a indiqué Jack Zhi, informaticien de profession mais qui photographie en amateur depuis sept ans, le monde des oiseaux avec talent et succès. «La phase papillon n'a pas duré longtemps. Après quelques jours, les faucons ont commencé à poursuivre des cibles plus difficiles : mouettes, pélicans et autres oiseaux qui traversaient leur territoire», a-t-il conclu.
«Il s'agit d'une photo "joyeuse" et stupéfiante. Le jeune faucon est parfait en termes de plumage et de pose, et le moment où il s'amuse à chasser le papillon est une prise de vue extraordinaire. Mais il ne s'agit pas d'une photo prise par hasard, mais plutôt d'une image élaborée par un artiste qui connaît bien les faucons», a affirmé Roz Kidman Cox, rédactrice, éditrice photo, écrivaine et juge du concours.
grand prix - Jeune photographe de nature de l'année
Nommé par le jury «Jeune Photographe de l'année 2024», Alexis Tinker-Tsavalas a aussi gagné le premier prix dans la catégorie «Jeune Photographe de Nature» (15-17 ans) pour sa sensationnelle image d'un collembole et les fructifications d'un myxomycète sur un tronc d'arbre mort, dans la forêt berlinoise. «En enjambant le tronc d’un arbre mort dans la forêt de Berlin, je suis tombé sur un ensemble de sphères tachetées montées sur des tiges que j'ai identifiées comme étant les fructifications d'un myxomycète. Parmi ces sphères, j'ai repéré un collembole d'à peine deux millimètres de long. Les myxomycètes ressemblent à des champignons, mais ce sont des organismes eucaryotes qui sont proches des amibes. Les collemboles peuvent effectuer des bonds mesurant plusieurs fois la longueur de leur corps en une fraction de seconde, J'ai donc dû travailler rapidement. En utilisant une technique connue sous le nom de "focus stacking", j'ai réalisé 36 images, chacune avec une plage de mise au point différente, et je les ai assemblées plus tard pour constituer cette image extraordinaire», a relaté le photographe allemand de 17 ans.
«La macrophotographie est un véritable défi lorsqu'il s'agit de capturer une seule espèce, et encore plus quand il s'agit d'en photographier deux. Les voir toutes deux photographiées avec autant de détails est exceptionnel. Au moment où le photographe a fait le cadrage, on a l'impression que le myxomycète et le collembole sont en train de discuter», a déclaré la présidente du jury et rédactrice photo Kathy Moran, soulignant les compétences du jeune Alexis. On trouve les collemboles partout dans le monde, à côté des moisissures visqueuses et des feuilles mortes. Ils se nourrissent de micro-organismes tels que les bactéries et les champignons, et améliorent le sol en aidant la matière organique à se décomposer.
1er prix - PHotojournalisme
«J'ai photographié la recherche d'empreintes digitales sur une défense confisquée par. un enquêteur de la police métropolitaine de Londres. J'ai passé du temps au CITES Border Force Department, où les produits animaux confisqués sont testés. Essayer de trouver des empreintes digitales sur une défense d'éléphant était auparavant un exercice futile. Les techniques conventionnelles ne permettaient pas de détecter les empreintes, car l'ivoire poreux les absorbe en 24 heures environ. Une nouvelle poudre magnétique permet désormais aux experts de relever des empreintes digitales sur de l'ivoire jusqu'à 28 jours après qu'il a été touché. Les chances d'identifier les personnes impliquées dans le commerce illégal de l'ivoire s'en trouvent accrues», a confié Britta Jaschinski la célèbre photographe naturaliste allemande installée à Londres. Elle travaille avec les autorités, les associations caritatives et les organisations environnementales pour documenter les crimes commis contre la faune et la nature. Multiprimées, ses photos sont publiées dans le monde entier dans des magazines, des journaux et des livres, et exposées dans des galeries et des musées.
«Cette photo réunit l'art, la science, le crime et le journalisme. La composition est précisément établie pour raconter une histoire, qui est immédiatement comprise. L'éclairage est parfait, les empreintes digitales sont claires, et la défense est présentée avec soin, comme un objet de grande valeur et poignant », a déclaré Roz Kidman Cox, rédactrice, éditrice photo, écrivaine et juge du concours.
Le Fonds international pour la protection des animaux a conçu des kits spéciaux pour les forces frontalières. Ces kits ont été distribués à plus de 200 forces de 40 pays, ce qui a permis de résoudre quatre cas et de procéder à 15 arrestations. Le kit a également été testé avec succès sur des griffes de tigre, des cornes de rhinocéros et des écailles de pangolin.
1er prix - comportement reptiles et amphibiens
«En conduisant un groupe de touristes dans les marécages du Pantanal brésilien, j'ai remarqué une forme étrange qui flottait dans l'eau. À l'aide de mes jumelles, j'ai fini par identifier un anaconda enroulé autour du museau d'un caïman yacaré. Qui essayait de manger qui ? Au cours des 20 minutes suivantes, j'ai assisté à une lutte à mort entre les deux animaux. L’épilogue a été aussi soudain que décevant. Après une dernière agitation dans l'eau, l'anaconda a simplement relâché son emprise et a disparu sous la surface, tandis que le caïman s'est enfoncé dans la végétation. Sur le dos du serpent se trouvent deux mouches tabanides, des taons connus pour cibler les reptiles, ils ont pu profiter de cette confrontation pour se rassasier», a raconté la talentueuse et multiprimée photojournaliste naturaliste américaine Karine Aigner. En 2022, elle est devenue la cinquième femme en 58 ans à remporter le grand titre de Photographe de Nature de l'année.
«L'image est remarquable car elle capture un moment apparemment paisible, l'eau calme avec des reflets, les deux adversaires qui se regardent, le serpent qui prend le temps de goûter l'air avec sa langue. Il semble en effet difficile de distinguer le prédateur de sa proie», a indiqué Chien Lee, photographe de la vie sauvage, biologiste et juge du concours.
1er prix - Les océans : voir plus loin
Cette mosaïque composée de 403 morceaux de plastique trouvés dans le système digestif d'un puffin dont le cadavre a été retrouvé sur le rivage de l'île Lord Howe, sur la côte est de l'Australie, a été créée par le photojournaliste australien Justin Gilligan qui souhaitait réaliser une photo choc en rendant visible l'impact de la pollution plastique sur les écosystèmes marins. Depuis plusieurs années, il documente le travail d'Adrift Lab qui réunit des biologistes faisant des recherches sur les oiseaux de mer et les plastiques marins, en les rejoignant souvent sur les plages à l'aube pour ramasser les poussins morts. Des études ont montré que les trois quarts des puffins adultes se reproduisant sur l'île Lord Howe contenaient du plastique. Pour les oisillons, le chiffre était de 100 %. Les oisillons commencent à accumuler du plastique dans leur estomac alors qu'ils sont nourris par leurs parents dans les terriers de nidification. Les oiseaux confondent le plastique avec des proies ou de la pierre ponce qui facilite la digestion. Plus un oiseau contient de plastique, plus son état de santé est mauvais. Non seulement ces matériaux indigestes occupent de l’espace au détriment des véritables aliments, mais ils provoquent une inflammation de la paroi du tube digestif, voire des lésions, une affection appelée «plasticose». Plus un oiseau contient de plastique, plus son état de santé est mauvais. Les poussins s'envolent aujourd'hui avec un poids inférieur à celui qu'ils avaient en 2010.
«La photographie est l'un des outils les plus puissants pour transmettre le message le plus important de tous les temps : l'humanité doit trouver un nouveau mode de relation avec la planète. Dans cette image, le photographe a réussi, grâce à sa créativité et à son sens de la composition, à atteindre ce thème universel. L'image est touchante et nous interroge puissamment sur nous-mêmes », a affirmé le photographe, vidéaste et juge du concours Luciano Candisani. A noter que les images de Justin Gilligan ont été récompensées à sept reprises dans le cadre du concours «Wildlife Photographer of the Year», dont trois fois dans cette catégorie.
1er prix - faune urbaine
Le photographe naturaliste allemand Robin Darius Conz a réalisé cette prise de vue d'un tigre du Bengale sur le flanc d'une colline, à la tombée de la nuit, dans le district de Nilgiris, dans les Ghats occidentaux, une grande chaîne montagneuse, dans l'Etat du Tamil Nadu, au sud de l'Inde. Juste derrière le félin, à l'arrière-plan, un village s'étend là où les forêts s'étendaient autrefois. La perte d'habitat, le braconnage et les conflits entre l'homme et la faune restent les principales menaces qui pèsent sur les populations de tigres, même si celles-ci se sont stabilisées voire augmentent dans certaines régions de l’Inde. «Je suivais ce tigre dans le cadre d'un documentaire sur la faune et la flore des Ghats occidentaux. À l'aide d'un drone, j'ai observé le tigre explorer son territoire pendant plusieurs heures avant de s'installer à cet endroit. Cette image résume une grande partie des problèmes auxquels sont confrontés ces fauves dans le monde aujourd'hui. », a-t-il raconté.
«On apprécie d'abord de voir un tigre apparemment à l'aise, à l'air libre, mais au fur et à mesure que l'on avance dans le cadre, la réalité frappe de plein fouet. Où est la forêt, qu'est-il arrivé à son habitat naturel ? Aucun tigre ne devrait jamais être considéré comme un animal urbain !», a déclaré Kathy Moran, présidente du jury et rédactrice photo.
1er prix - comportement monde aquatique
Basé en Nouvelles-Galles du Sud en Australie, le Britannique Matthew Smith a photographié sous la glace, et avec précaution, un léopard de mer curieux, dans les eaux de Paradise Harbour, sur la côte ouest de la Péninsule Antarctique. «C'était la première fois que je rencontrais un léopard de mer. Le jeune phoque s'est approché à plusieurs reprises, intrigué. Lorsqu'il a regardé directement dans l'objectif, j'ai su que je tenais quelque chose de bien», a dit le photographe sous-marin.
«L'ambiance grise et sombre donne un ton étrange, accentuant le fossé entre le terrestre et l'aquatique. Un seul léopard de mer fixant l'appareil photo semble être une sentinelle, avertissant l'humanité de la diminution de la glace de mer dont il dépend», a analysé Tony Wu, photographe naturaliste et juge du concours. Si les léopards de mer sont répandus et abondants, le krill et les manchots - leurs principales sources de nourriture - sont cependant en déclin. Cette situation est due à la surpêche, au recul de la glace de mer et au réchauffement des eaux.
1er prix - Jeune photographe de nature (11-14ans)
Photographe animalier américain âgé de 14 ans, Parham Pourahmad s'est distingué des autres concurrents grâce à son portrait d'un jeune épervier ou buse de Cooper dévorant un écureuil sur une branche, éclairé par les derniers rayons du soleil couchant. Il a réalisé cette extraordinaire prise de vue au cours d'un week-end estival passé au Ed R. Levin County Park, un gigantesque parc régional situé près de Milpitas, en Californie, aux Etats-Unis. «La lumière et l'intimité sont le moteur de cette photographie. Le rapace et sa proie sont magnifiquement éclairés. La lumière ressemble à un projecteur, ils sont parfaitement cadrés et la façon dont l'épervier tient l'écureuil ressemble plus à une étreinte qu'à une prédation», a déclaré Kathy Moran, présidente du jury et rédactrice photo.
1er prix - impact (catégorie adulte)
Pour fêter leur 60e anniversaire, le «Wildlife Photographer of the Year» a introduit ce nouveau prix pour les catégories «Adulte» et «Jeune Photographe» de la compétition. Ce prix récompense une réussite en matière de conservation, une histoire d'espoir et/ou de changement positif pour la biodiversité. Le photographe et vidéaste australien Jannico Kelk est donc le premier lauréat de ce prix pour sa image d'un bilby, un petit marsupial également appelé ninu en langue aborigène, photographié de nuit dans une réserve naturelle de l'outback australien. Ce mammifère a failli disparaître en raison de la prédation des renards et des chats introduits en Australie lors de la colonisation européenne.
«J'ai passé chaque matin à parcourir les dunes de sable d'une réserve naturelle en Australie-méridionale, à la recherche d'empreintes que ce marsupial de la taille d'un lapin aurait pu laisser la nuit précédente. Il a trouvé des traces près d'un terrier et a installé son piège photographique. Dans cette réserve clôturée de 123 km2 gérée par Arid Recovery, les prédateurs ont été éliminés et le bilby prospère», a-t-il indiqué.
1er prix photojournaliste de nature : reportage
Basé en Afrique du Sud, le biologiste marin et photojournaliste allemand qui travaille pour le National Geographic, Thomas Peschak a reçu ce prix du reportage de photojournaliste de nature pour «Dolphins of the Forest» qui documente à travers six images, la relation entre les dauphins de l'Amazone, également connus sous le nom de botos, ou dauphins roses, et les communautés locales qui partagent leur habitat aquatique. Issue de ce reportage photographique, la photo ci-dessus montre un dauphin de l'Amazone qui explore une forêt inondée à l'extérieur du parc national d'Anavilhanas, en amont de Manaus, au Brésil. Le boto est l'une des deux espèces de dauphins d'eau douce vivant dans les bassins de l'Amazone et de l'Orénoque. Seule cette espèce a évolué pour explorer l'habitat forestier inondé de façon saisonnière.
«Les dauphins de rivière sont presque toujours photographiés dans des situations artificielles, tenus et nourris pour assurer des rencontres avec les touristes», a expliqué Kathy Moran, présidente du jury et rédactrice photo. «Quel plaisir de voir cet animal dans son habitat, à cheval entre la rivière et la forêt. L'équilibre entre le vert des arbres et le tanin de la rivière est parfait et le langage corporel de l'animal - comme un ange avec des ailes - est magique», a-t-elle conclu.
1er prix - impact (catégorie jeune photographe)
La jeune polonaise Liwia Pawlowska est la première lauréate de ce prix dans la catégorie «Jeune Photographe (11-14 ans)» pour sa photo montrant le baguage d'une fauvette grisette, à Rgielsko, village situé dans le centre-ouest de la Pologne. «Fascinée par le baguage des oiseaux, je photographie ces séances de marquages en espérant que cela permettra à d'autres personnes de mieux connaître ce sujet. Les volontaires peuvent aider le personnel formé lors des séances de baguage des oiseaux. Chaque oiseau reçoit une bague à la patte pour l'identifier. La longueur, le sexe, la condition et l'âge de l'oiseau sont enregistrés. Ces données aident les scientifiques à surveiller les populations et à suivre les schémas migratoires, ce qui peut contribuer aux efforts de conservation», a-t-elle expliqué. Elle s'est mise à la photo depuis qu'elle a acheté son premier appareil photo à l'âge de 9 ans. Elle aime observer les oiseaux et leur comportement dans la nature, ainsi que faire de la photographie. Depuis quatre ans, Liwia a l'occasion de participer au baguage des oiseaux dans sa région, ce qui lui procure une immense joie.
1er prix - plantes et champignons
Installé en Ecosse depuis 2007, le photographe italien multiprimé Fortunato Gatto s'est rendu aux cœurs des Highlands, à l'ouest du Loch Ness, dans le Glen Affric souvent considéré comme le plus beau glen écossais, pour immortaliser ce vieux bouleau noueux, orné de lichens pâles de type «barbe de vieillard». Les pinèdes du Glen Affric, dans les Highlands d'Écosse, abritent la plus forte concentration d'arbres indigènes du Royaume-Uni, ce qui en fait un écosystème vital. L'analyse du pollen préservé dans les sédiments stratifiés montre que la forêt existe depuis au moins 8.300 ans.
«Cette image est un bel exemple de la façon dont le bon positionnement des éléments dans une composition peut ajouter du dynamisme même à une scène esthétique. Les couleurs sont magnifiques et l'atmosphère est très intéressante, mais c'est la branche en diagonale qui dirige l'œil vers cette belle image», a estimé le photographe, vidéaste et juge du concours Luciano Candisani.
1er prix - Jeune photographe de nature (10 ans et moins)
«J'ai observé ce jeune oiseau depuis la fenêtre de la voiture de mon père, à la lisière du parc naturel de la Sierra de Grazalema, en Andalousie, dans le sud de l'Espagne. J'ai eu des difficultés à le photographier car il volait rapidement d'avant en arrière, chassant des insectes. La lumière estivale soulignait les échos de couleur entre le métal rouillé, le plumage de l'oiseau et la prairie desséchée au-delà. Le tarier pâtre affichait un sentiment de propriété, comme s'il s'agissait d'un jeune gardien surveillant son territoire, ce que j'ai pu mettre en évidence par ma composition», s'est souvenu Alberto Roman Gomez, Espagnol âgé de 9 ans. Le talent de ce jeune photographe est déjà reconnu puisqu'il a été primé l'année dernière pour un cliché d'une bergeronnette printanière au «European Wildlife Photographer of the Year».«De nombreux photographes animaliers expérimentés répugnent souvent à l'idée d'inclure des objets fabriqués par l'homme dans leur photo, mais ici, ils forment un magnifique cadre pour l'oiseau et ajoutent un contexte à son habitat suburbain», a commenté Chien Lee, photographe animalier, biologiste et juge du concours.
1er prix - l'art de la nature
Le Tchèque Jirí Hrebícek a photographié avec son style si personnel, une corneille perchée, dans le Park Im Grünen, vaste jardin de Bâle, en Suisse, créant une vision impressionniste. «Je me rend souvent dans ce parc local de Bâle, car c'est l'endroit idéal pour expérimenter les techniques de prise de vue. En hiver, de grands groupes de corvidés viennent se percher à la cime des arbres. Pour créer cet effet pictural d'une corneille perchée, j'ai délibérément déplacé mon appareil photo dans différentes directions tout en utilisant une longue vitesse d'obturation», a déclaré ce zoologiste de formation et photographe animalier amateur.
«Elégance et obsession sont les deux mots qui me viennent à l'esprit lorsque je regarde cette photographie. Le mouvement est juste suffisant pour lui donner du relief, mais pas assez pour gâcher l'ambiance créée par la lumière et le positionnement parfait de l'oiseau», a remarqué Kathy Moran, présidente du jury et rédactrice photo.
1er prix - étoile montante portfolio
Photographe sous-marin américain, Sage Ono a gagné ce prix pour son portfolio intitulé «The Serengeti of the Sea». Constitué de six images, ce portfolio documente la vie foisonnante qui règne autour des forêts de laminaires géantes, dans le sanctuaire marin national de la baie de Monterey, en Californie, aux Etats-Unis. «Avec un éclairage délicat et une composition simple mais efficace, le photographe montre comment la beauté peut être révélée si nous prenons le temps de regarder de près», a commenté Chien Lee, photographe animalier, biologiste et juge du concours.
Tirée du portfolio victorieux et baptisée «Rubies and Gold», l'image ci-dessus représente des grappes d'œufs de poisson à museau pointu, Aulorhynchus flavidus, accrochés à la tige d'une laminaire géante. «Ce poisson est un proche parent à nez pointu de l'épinoche, et les deux espèces ont un comportement reproductif similaire. Les mâles sécrètent des fils collants qu'ils utilisent pour lier un nid de végétation afin d'attirer des partenaires. Le nid n'est pas utilisé pour abriter les œufs. Au lieu de cela, les femelles attachent leurs œufs à des tiges de varech géant situées à proximité. Le résident mâle les protège agressivement jusqu'à ce qu'ils éclosent. La couleur de ces œufs de poisson à museau pointu s'estompe au fur et à mesure que les embryons se développent. Mais pour l'instant, ils brillent comme des pierres précieuses à côté des "aides" à la flottabilité dorées, brillantes et remplies de gaz du varech. Les bords dentelés verts des frondes du varech complètent la composition», a détaillé Sage Ono.
Le palmarès complet est à retrouver dans l'ouvrage «Wildlife Photographer of the Year 2024, les plus belles photos de nature», éd. Biotope, 34€, en librairie.