Le Suédois Staffan Widstrand a remporté le premier prix du «Rewilding Europe» pour sa fascinante image d'un lynx ibérique avec un lapin capturé dans la Sierra d'Andujar, en Espagne. Ce prix récompense des photos fortes qui illustrent la renaissance de la nature sauvage en Europe grâce au rewilding.
Les lauréats du prix «Rewilding Europe 2024» ont été dévoilés le 1er octobre par le jury international qui décerne chaque année, cette prestigieuse récompense photographique dans le cadre du concours «GDT European Wildlife Photographer of the Year».
Le grand gagnant est Staffan Widstrand pour son exceptionnelle photo d'un lynx ibérique de retour d'une chasse fructueuse, dans la Sierra d'Andujar, en Andalousie, dans le sud de l'Espagne. L'image du photographe suédois illustre parfaitement le retour de l'un des prédateurs les plus emblématiques d'Europe dans son habitat naturel.
Lancé en 2022 en coopération avec Rewilding Europe, le prix a pour objectif de mettre en valeur la nature sauvage en Europe dans ce qu'elle a de plus remarquable et de plus résilient. Les photos primées vont au-delà de l'esthétique et défendent la vision du mouvement «rewilding» qui donne à la nature l'espace et le temps pour se régénérer voire de renaître. En redonnant vie à nos paysages, le «rewilding» ou réensauvagement est notre meilleur espoir pour un futur où les hommes et la nature, non seulement, cohabiteront mais pourront s'épanouir.
Les gagnants recevront leurs récompenses lors de la cérémonie de remise des prix du concours «European Wildlife Photographer of the Year», dans le cadre du Festival international de la photographie de nature, organisé par la Gesellschaft für Naturfotografie (GDT) ou Société allemande de photographie de nature, qui se tiendra du 25 au 27 octobre à Lünen an der Lippe, en Allemagne.
gagnant : staffan widstrand
La photo lauréate d'un lynx ibérique, Lynx pardinus, avec un lapin de garenne dans sa gueule, est l'œuvre de Staffan Widstrand, l'un des photographes naturalistes suédois les plus reconnus et les plus primés au niveau international. L'image a été prise depuis un affût installé dans la Sierra d'Andujar, en Andalousie, au sud de l'Espagne. La Péninsule Ibérique constitue l'habitat naturel de ce mammifère le plus emblématique de cette région, qui a frôlé l'extinction.
Au début des années 2000, il n'en restait que 96 spécimens en Espagne et le lynx ibérique avait disparu du Portugal. Aujourd'hui, la population de lynx ibériques est évaluée à un peu moins de 2.000 individus et elle a fait son retour au Portugal. Son retour a été permis grâce à des règlements de chasse stricts, de la reproduction en captivité, de la réintroduction et de la garantie d'une population de lapins suffisante et saine dans les zones importantes pour le lynx. Les passages aménagés pour la faune sauvage, notamment sous forme de tunnels sous les routes, ont entrainé une diminution considérable du nombre de morts liés au trafic automobile.
finaliste : bernhard schubert
Le deuxième prix a été attribué à Bernhard Schubert pour son cliché d'un couple de huchons frayant dans une partie laissée à l'état sauvage de la Pielach, rivière d'Autriche et affluent du Danube. Pour parvenir à remonter les cours d'eaux et migrer jusqu'à leurs zones de frai, les huchons également appelé «saumons du Danube» sont tributaires d'un accès libre et exempt d'obstacles infranchissables comme par exemple des barrages, sur leur parcours.
L'image du photographe naturaliste autrichien prouve que les mesures de «rewilding» peuvent redonner vie aux écosystèmes fluviaux. Des cours d'eaux propres et non aménagés constituent des corridors vitaux et essentiels pour la vie aquatique.
mention spéciale : arthur de bruin
Photographe et vidéaste sous-marin spécialiste de l'eau douce, le Néerlandais Arthur de Bruin a immortalisé la libération de jeunes esturgeons européens dans le Rhin, aux Pays-Bas, signe d'espoir pour l'avenir des rivières en Europe. Autrefois, différentes espèces d'esturgeons peuplaient les eaux de la plupart des cours d'eaux d'Europe, jouant un rôle crucial dans le maintien d'écosystèmes aquatiques sains.
Mené depuis des décennies, le programme d'élevage de l'esturgeon européen, Acipenser sturio, commence à porter ses fruits, des juvéniles sont désormais relâchés dans le Rhin. La réintroduction de ces poissons constitue un bon exemple de la revitalisation des rivières européennes.
mention spéciale : lewis jefferies
Documentant la régénération des herbiers marins au Royaume-Uni, le Britannique Lewis Jeffries a photographié un biologiste marin collectant des graines de zostères marines appelées aussi herbes de mer, à Porthdinllaen, au nord du Pays de Galles. Ces prélèvements s'effectuent dans le cadre du Seagrass Ocean Rescue mené en partenariat avec WWF-UK et Sky Ocean Rescue. Il s'agit du plus grand projet de restauration des prairies sous-marines du Royaume-Uni, qui a déjà permis de planter un million de graines de plantes à fleurs aquatiques.
L'image de Lewis Jeffries met en valeur le rôle écologique considérable et essentiel joué par les herbiers marins en matière d'oxygénation de l'eau, de stockage de carbone, de stabilisation des fonds et de réduction des courants, de production de matière organique mais aussi de source de nourriture, de zone de frayère et de refuge pour de nombreux animaux marins. Même si le réensauvagement met l'accent sur la restauration naturelle, cette photo montre que parfois, une intervention humaine initiale est nécessaire pour amorcer la renaissance d'écosystèmes vitaux, fournissant ainsi le socle sur lequel la nature puisse s'appuyer et reprendre ses droits en s'épanouissant de manière indépendante.
mention spéciale : florian smit
C'est au cours de l'hiver 2016 que l'Allemand Florian Smit a photographié l'un des nombreux bisons européens, Bison bonasus, réintroduits dans le parc national polonais de Bialowieza, près de la frontière avec la Biélorussie. En tant qu'espèce-clé, les bisons d'Europe contribuent de manière essentielle dans le façonnement du milieu naturel dans lequel ils évoluent.
Historiquement, ils ont modelé, à l'instar d'autres grands herbivores comme les chevaux sauvages, les paysages européens par leur pâturage et autres comportements, créant une diversité d'habitats abritant une grande variété d'autres espèces sauvages. Considérée comme éteinte à l'état sauvage en Europe après l'abattage du dernier bison vivant en liberté dans le Caucase en 1927, l'espèce a été sauvée de l'extinction grâce à l'aide d'un petit groupe d'animaux, au nombre de douze indivus, provenant de zoos et de propriétaires privés.
En 2023, la population s'élevait à 7.200 individus en Europe. Mais la survie du bison européen n'est pas entièrement assurée en raison de la fragmentation de l'habitat et de la faible diversité génétique.