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Pourquoi les «fatbikes» font-ils un carton aux Pays-Bas ?

16 500 fatbikes chinois illégaux ont été saisis dans le port de Rotterdam cet été [(ILLUSTRATION)/UNSPLASH]

Plebiscités par les adolescents, les fatbikes inondent les routes néerlandaises. Mais ces vélos électriques tout terrain aux allures de grosses cylindrées sont loin de faire l'unanimité au pays du vélo. Pire, les autorités locales se lancent à leur assaut en dénonçant une trop grande dangerosité.

Une silhouette loin de passer inaperçue. Roues extra-larges, fourche plutôt longue, guidon «bobber», phare unique : non il ne s'agit pas de motos nouvelles générations mais bien de vélos. Derrière des mensurations hors norme, un nom : les fatbikes. Ces deux-roues électriques fleurissent partout aux Pays-Bas au point de faire de l'asphalte néerlandais leur nouveau terrain de jeu. Originellement créés pour traverser les chemins escarpés et enneigés des routes scandinaves, ces vélos tout terrain (VTT) attirent de plus en plus les habitants des zones urbaines, désireux de rentabiliser leur temps de trajet, sans trop se fatiguer.

Leur succès, lié notamment au developpement des moyens de transports non polluants, l'est d'autant plus depuis que le port du casque est devenu obligatoire pour les conducteurs de scooters, en janvier 2023. Comme dans d'autres pays européens dont la France, les fatbikes sont soumis à la même règlementation que les vélos électriques. Ainsi, la vitesse de ces deux-roues ne doit pas excéder 25 km/h et la puissance de leur moteur doit être inférieure à 250 watts. Au-dessus, la machine rentre dans la catégorie «cyclomoteur» et entraine avec elle toute une série d'obligations contraignantes à l'image du port du casque, l'interdiction de rouler sur les pistes cyclables ou encore l'obtention d'une plaque d'immatriculation. 

Or, comme le rapporte le Courrier International, les autorités néerlandaises doivent composer avec une problématique propre aux fatbikes : ils semblent très faciles à débrider. En seulement deux clics, à l'aide de quelques tutoriels Youtube, leur puissance et dont leur vitesse peut être augmentée. Conséquences, les rues et pistes cyclables de nos voisins bataves ont accueilli ces derniers mois de plus en plus de deux-roues électriques capables de filer à plus de 45 km/h. Autre souci pour les instances néerlandaises, certains modèles, importés de Chine, disposent dès l'origine de batteries trop puissantes.

DES SAISIES RECORD 

Face à l'augmentation des plaintes et des accidents, l’Inspection de l’environnement humain et des transports (ILT) néerlandais mène depuis juillet 2024 une enquête approndie sur ces engins. Et il n'aura pas fallu longtemps pour que des mesures fortes soient prises par cette institution. Dans un communiqué datant du 12 septembre 2024, l'ILT a indiqué avoir saisi au cours de l'été 16 500 modèles chinois illégaux dans le port de Rotterdam, et un millier d'autres dans des centres de distribution.

«Ces cyclomoteurs illégaux proviennent de plusieurs constructeurs chinois. L’ILT en a arrêté l’importation dans le port de Rotterdam. Nous constatons qu’un nombre croissant de cyclomoteurs moins chers, dangereux et non homologués sont proposés sur le marché néerlandais. L’ILT a saisi un millier d’autres types de fatbikes illégaux de ce type dans les centres de distribution d’un fournisseur néerlandais», peut-on lire. 

Bras de fer politique

Loin d'être anodin, le débat sur les fatbikes a enflammé le pays jusque au sein même du gouvernement néerlandais. Pressé par les parlementaires de légiférer, l'exécutif par la voix de son ministre des Infrastructures et de la gestion de l'eau, Barry Madlener, préfère temporiser en considérant qu'«il est juridiquement difficile de faire la distinction entre les fatbikes et les vélos électriques». En effet, la tripartite de l'opposition souhaite instaurer un âge minium de 14 ans et rendre obligatoire le porte du casque à tout conducteur de fatbike.

Un long chemin législatif attend les néerlandais puisque qu'après un vote de la chambre basse du Parlement dans les prochaines semaines, le ministre a jusqu'à la fin de l'année 2024 pour trancher sur le sort de ces vélos controversés.

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