Pour la première fois depuis sa sortie de prison en juin dernier, Julian Assange est appelé à témoigner ce mardi 1er octobre, au Conseil de l'Europe.
Pour son «premier témoignage officiel» sur son affaire, Julian Assange est attendu ce mardi 1er octobre au Conseil de l'Europe. Le fondateur de Wikileaks doit témoigner à propos de sa détention devant la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée parlementaire de cette institution européenne.
Cette audition suit la publication d'un rapport d'enquête sur «les implications» de la détention de Julian Assange et «ses effets plus larges sur les droits de l'homme, en particulier la liberté du journalisme», a expliqué Wikileaks sur X. Cette même Assemblée parlementaire doit débattre du rapport en question le 2 octobre, au lendemain du témoignage de Julian Assange.
Le Conseil de l'Europe s'est toujours opposé à l'extradition de cet Australien de 53 ans vers les Etats-Unis. L'une de ses membres lui avait même rendu visite en prison en mai dernier, au Royaume-Uni, peu de temps avant sa libération.
PRESS RELEASE:
Julian Assange to Address Council of Europe Following Confirmation of his Status as a Political Prisoner
On October 1, Julian Assange will arrive in Strasbourg to give evidence before the Committee on Legal Affairs and Human Rights of the Parliamentary Assembly…— WikiLeaks (@wikileaks) September 24, 2024
Pour rappel, Julian Assange a été arrêté par la police britannique en avril 2019, après sept ans passés dans l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année.
Par la suite, il a passé cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, située à l'est de Londres, luttant contre la menace d'une extradition vers les Etats-Unis où il était inculpé en vertu d'une loi sur l'espionnage datant de 1917.
Julian Assange est en effet connu pour avoir publié, à partir de 2010, sur la plate-forme Wikileaks, plus de 700.000 documents concernant les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi ceux-là figuraient des récits d'exécutions extrajudiciaires et de collecte de renseignements contre les alliés.
L'Australien a pu quitter le Royaume-Uni en juin dernier, grâce à un accord de plaider-coupable avec la justice américaine. Il s'est alors rendu à Saipan, un territoire américain du Pacifique, où une juge l'a condamné à une peine de prison couvrant sa détention provisoire. Libéré, il a alors regagné l'Australie.
Une prise de parole potentiellement risquée
Julian Assange, «en convalescence» selon ses proches, ne s'est pas exprimé depuis et, d'après certains experts, cette prise de parole au Conseil de l'Europe pourrait s'avérer risquée.
Interrogée par l'AFP, Holy Cullen, professeur de droit à l'université d'Australie Occidentale, souligne en effet que le fondateur de Wikileaks «sera inévitablement critique à un certain niveau envers le gouvernement américain» ce qui pourrait mettre en péril sa demande de grâce présidentielle aux Etats-Unis.
En 2017, Chelsea Manning, l'analyste du renseignement militaire américain qui avait fourni les documents publiés sur Wikileaks, a vu sa peine de 35 ans commuée par Barack Obama, président de l'époque. Mais le cas Julian Assange est plus complexe, car plus controversé.
Ses partisans le voient comme un lanceur d'alerte, défenseur de la liberté d'expression et du journalisme d'investigation, mais ses détracteurs, eux, soulignent surtout son imprudence. Ceux-là le décrivent comme un simple blogueur qui, en se permettant de rendre publics des documents ultrasensibles, a mis des vies en danger et gravement compromis la sécurité des Etats-Unis.
En tant qu'organisation internationale qui rassemble les 46 Etats signataires de la Convention européenne des droits de l'homme, le Conseil de l'Europe n'a en outre que peu de pouvoir sur le sort judiciaire de Julian Assange. Le président Joe Biden, lui, a la possibilité d'accorder une série de grâces avant de quitter ses fonctions en janvier mais il a, par le passé, déjà qualifié l'Australien de «terroriste».