Lorsqu’elle était encore sur les bancs de l’université Howard, Kamala Harris a adhéré à Alpha Kappa Alpha cette sororité influente, dont des centaines de membres soutiennent sa candidature à la Maison Blanche.
«Lorqu’on devient un membre des Alpha Kappa Alpha, c’est pour la vie», a assuré à CNN, Danette Anthony Reed, présidente internationale et PDG de la sororité qui compte parmi ses adhérents Kamala Harris. Alors qu’elle étudiait à l'université Howard au début des années 1980, la vice-présidente américaine et candidate à la présidentielle du 5 novembre prochain décide d’adhérer à cette association historique et très influente.
Si ces confréries font partie du paysage étudiant outre-Atlantique, elles n’en sont pas moins importantes pour l’étendue du réseau qu’elles proposent. Aujourd’hui, plus de 365.000 membres répartis dans tout le pays compose Alpha Kappa Alpha. Bien que l’association ne soit pas partisane, ses adhérents peuvent être politiquement actifs.
Aux côtés des autres organisations du groupe Divine Nine – ensemble de fraternités et de sororités noires les plus puissantes aux Etats-Unis –, les Alpha Kappa Alpha se sont mobilisées pour soutenir la candidature de Kamala Harris à la présidence, en collectant des millions de dollars pour sa campagne.
Selon CNN, plus de 1.500 contributions d’un montant exact de 19.08 dollars – clin d’œil à 1908, l’année de création de l’association - ont par exemple été enregistrées entre dimanche 21 juillet après-midi, lorsque Joe Biden s'est retiré de la course et lundi soir.
Des «outils cachés»
Et la procureure le leur rend bien. En juillet dernier, elle s’est exprimée devant 20.000 membres de sa sororité dans le cadre d'un événement organisé par cette dernière au Kay Bailey Hutchison Convention Center de Dallas. Elle a notamment appelé à la mobilisation des électrices noires.
De manière plus subtile, il n’est pas non plus rare de voir la vice-présidente porter un tailleur saumon et un collier de perles en hommage aux couleurs de «ses sœurs», comme le jour de cette convention texanne.
Il est toutefois difficile d’évaluer le réel impact de cette sororité sur le scrutin, a souligné l'AFP. Pour le chercheur en sciences politiques Daniel Hopkins, «il n'y a qu'un nombre limité d'électeurs américains qui font quatre ans d'université, et qui sont membre de ces associations».
D’un autre côté, Amanda Wilkerson, professeure à l'université UCF en Floride qui a étudié l'électorat afro-américain, estime que les sororités et fraternités noires constituent des «outils cachés», souvent négligés par les instituts de sondages et les médias. Kamala Harris est ainsi «la première candidate dans son cas à être en mesure d'utiliser ces réseaux de soutien». Mais pour les sororités, «ce n'est pas complétement nouveau».
Première association afro-américaine du pays
Fondée en 1908 par Ethel Hedgemon — avec Anna Easter Brown, Beulah Burke, Lillie Burke, Marjorie Hill, Margaret Flagg Holmes, Lavinia Norman, Lucy Diggs Slowe et Marie Woolfolk —, Alpha Kappa Alpha Sorority entend d’abord rassembler des femmes partageant des valeurs et des objectifs communs.
Première sororité afro-américaine du pays, AKA (son diminutif), s’est muée en une organisation très influente au cours de la première moitié du 20e siècle. L’une de ses œuvres les plus marquantes, le Mississippi Health Project visait par exemple à sensibiliser les résidents afro-américains du delta du Mississippi qui n'avaient pas accès aux soins pendant la Grande Dépression. Un rapport avait même été transmis à la première dame de l'époque Eleanor Roosevelt, devenue membre honoraire de l’association.
Hormis Kamala Harris, l’organisation compte d’illustres noms parmi ses membres comme Constance Baker Motley, première femme afro-américaine à devenir juge fédéral, Sheila Jackson Lee, militante pour les droits des minorités siégeant au Congrès et décédée en juillet dernier ou encore Toni Morrison, prix Pulitzer et Nobel de littérature et Mae Jemison, première femme afro-américaine à aller dans l'espace.
Aujourd’hui, Alpha Kappa Alpha perpétue son héritage en octroyant des millions de dollars sous forme de bourses et de subventions, en luttant contre l'insécurité alimentaire et en formant la prochaine génération de dirigeantes noires.