Le 1er septembre 2004, la rentrée scolaire à Beslan est devenue un véritable traumatisme pour la Russie. Après une prise d’otage dans une école, l’opération de sauvetage s’est transformée en véritable massacre.
334 morts, dont 186 enfants. Un bilan lourd, causé par une opération de libération mal gérée, condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme. Il y a 20 ans, le 1er septembre 2004, une trentaine de terroristes tchétchènes prennaient d’assaut l’école de Beslan, située en Ossétie du Nord en Russie.
Il avait fallu attendre trois jours lors de cette prise d’otages, pour voir les forces russes intervenir enfin. Cependant, cette opération s'est avérée encore plus meurtrière. Entre lance-flammes et tirs de roquettes, les militaires de Vladimir Poutine ont dévasté l’école, mais aussi toutes les familles des otages par le chagrin.
Une manœuvre bien rodée
La prise d’otages de Beslan a été minutieusement préparée à l'avance. 1.100 personnes, dont 800 enfants, ont été prises en otages. Selon plusieurs spécialistes, la salle aurait pu être piégée quelques semaines plus tôt, peut-être même en juillet 2004, lors de la construction du centre sportif.
Lors de la rentrée 2004, parents, enfants et professeurs s'étaient préparés pour la nouvelle année scolaire. Mais 32 terroristes tchétchènes ont surgi, enfermant plus d’un millier d’otages dans le gymnase. Le message des assaillants était clair : obtenir la libération de prisonniers et l’indépendance de leur pays. Si quelques personnes sont parvenues à s’échapper, leur nombre est resté faible. La majorité des élèves, parents et membres du corps enseignant sont restés piégés dans ce gymnase.
Les hommes sont ensuite séparés des femmes et des enfants. Après avoir tué une première salve d’otages, les survivants ont été contraints de jeter les corps par les fenêtres, envoyant un message clair aux familles, voisins et forces de l’ordre russes présents aux abords de l’établissement.
Une opération de sauvetage désorganisée
Les effectifs sont nombreux : police, armée, mais aussi unités d’élite se sont rendus à Beslan pour venir en aide aux otages. Pourtant, ils ont été tenus responsables de la grande majorité des morts de l’attaque.
Mal organisées et sous-estimant les effectifs ennemis, les forces de l’ordre russes ont manqué de nombreux éléments pour réussir cette mission de libération. Tout d’abord, très peu d’ambulances ont été mobilisées pour l’opération, tandis que les pompiers qui n'étaient pas sur place n'ont été contactés qu'après des explosions, un manque de coordination qui a scellé l’échec de la mission.
Les pompiers, ambulances et l’hôpital à proximité n'étaient surtout pas préparés à accueillir autant de victimes. Bilan : 334 civils tués, dont 186 enfants, et pas moins de 750 blessés recensés. L'ensemble des assaillants fut tué, sauf un membre interpellé par les forces spéciales russes.
Après les procès, plusieurs coupables déclarés
Près d’un an plus tard, en mai 2005, le dernier membre du commando tchétchène encore vivant, selon le gouvernement russe, a comparu devant la Cour suprême de Vladikavkaz (Ossétie du Nord). Il est condamné à la prison à vie.
Plus tard, 409 anciens otages ou membres de famille ont saisi la Cour européenne des droits de l’homme. Celle-ci a jugé en 2014 que la Russie a violé le «droit à la vie» à toutes les phases de l’assaut. La juridiction européenne a précisé au cours du procès que «au moins quelques jours avant les faits, les autorités disposaient de suffisamment d’informations précises sur un projet d’attaque terroriste dans la région, lié à la rentrée scolaire». Pourtant, la sécurité de l’école n’avait pas été renforcée, avait ensuite déplorée la Cour.
Un contexte de guerre russo-tchétchène
Cette attaque était survenue au cours de la seconde guerre de Tchétchénie, opposant la Fédération de Russie aux indépendantistes tchétchènes. À la chute de l’URSS au début des années 1990, la Tchétchénie avait proclamé son indépendance. Après divers accords entre les deux parties, les chefs militaires tchétchènes s’étaient introduits au Daghestan, république autonome russe voisine. Cette manœuvre avait alors ouvert les hostilités et été l’élément déclencheur d’une guerre de près d’une décennie entre la Russie et la Tchétchénie.
La prise d’otages de Beslan n’est pas la première action des indépendantistes tchétchènes visant à mettre fin à ce conflit. En 2002, une quarantaine de terroristes avaient séquestré plus de 900 spectateurs dans un théâtre en plein cœur de Moscou. Au quatrième jour, les forces spéciales russes avaient envoyé un gaz incapacitant dans le système d’évacuation de l’air. Tous les terroristes, ainsi que 130 otages, perdirent la vie, s’ajoutant aux six victimes tuées par les Tchétchènes au cours de la prise d’otages.