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Joe Biden fragilisé après le débat face à Donald Trump : les démocrates pourraient-ils changer de candidat en cours de campagne ?

Joe Biden a raté une occasion cruciale de rassurer les millions d'Américains ayant regardé le débat au sujet de sa vitalité et de sa santé. [REUTERS/Marco Bello]

Jugée décevante, la performance de Joe Biden lors du premier débat présidentiel face à Donald Trump, jeudi 27 juin, a fait naître des interrogations quant à sa capacité à briguer un second mandat. Mais les démocrates peuvent-ils vraiment avoir un «candidat de secours» ?

S'exprimant d'une voix rauque et hésitante, Joe Biden s'est parfois montré confus lors du premier débat présidentiel qui l'a opposé à Donald Trump, ce jeudi 27 juin. Nombre d'observateurs, y compris dans son propre camp, ont jugé sa performance ratée, au point de s'interroger sur le maintien de sa candidature.

Dans le New York Times ce vendredi, l'éditorialiste Thomas Friedman, qui se présente pourtant comme un «ami» de Joe Biden, a raconté avoir «pleuré» en voyant le démorate de 81 ans chercher ses mots lors du débat. «Joe Biden, un homme bien, un bon président, n'est pas en position de briguer une réélection», a-t-il écrit.

A quatre mois du scrutin et à six semaines environ de la convention censée investir Joe Biden comme le candidat démocrate, le débat peut-il rebattre les cartes ? De l'autre côté de l'Atlantique, Michael Link, chargé de la coopération bilatérale avec les Etats-Unis au sein du gouvernement allemand d'Olaf Scholz, estime que oui.

Il a directement interpellé le camp démocrate américain, appelant ses membres a envisager un changement de candidat pour l'élection présidentielle. Auprès du quotidien  Tagesspiegel, il leur a conseillé de se demander «qui est le mieux placé pour empêcher Trump de revenir au pouvoir».

«Joe Biden a présenté de nombreux faits de manière floue et parfois difficile à comprendre linguistiquement, a estimé ce membre du parti libéral FDP. C'est dommage, car contrairement à Trump, il a présenté de nombreux faits importants. Mais il n'a pas suffisamment fait passer son message.»

Si le président américain décide de jeter l'éponge, les démocrates seront contraints de se retrouver lors d'une convention «ouverte» à Chicago en août, pour remettre en jeu les voix de délégués récoltées par Joe Biden lors de la primaire. La vice-présidente Kamala Harris figurerait sans doute tout en haut de la liste des éventuels remplaçants, suivie par quelques gouverneurs démocrates en vue, comme Gavin Newsom en Californie ou Gretchen Whitmer dans le Michigan.

Un tel scénario ne s'est pas produit depuis 1968, en pleine guerre du Vietnam, lorsque le parti avait dû trouver un remplaçant au président Lyndon B. Johnson qui avait renoncé à se présenter. Le vice-président sortant Hubert Humphrey avait été désigné et s'était incliné lors de l'élection, face au républicain Richard Nixon.

«Plus de 30» fake news

Pour l'heure, aucun poids lourd démocrate n'a toutefois laissé entendre que le parti envisageait sérieusement de changer de candidat. Le discours officiel reste celui du soutien à Joe Biden et l'équipe de campagne a tenté de défendre sa performance lors du débat, appelant à se concentrer sur le fond plutôt que sur la forme.

Elle a notamment affirmé que le président avait été fragilisé par un rhume et insisté sur le fait que, si Joe Biden a pu se montrer hésitant, Donald Trump, lui, a multiplié les affirmations mensongères ou outrancières. A la suite du débat, CNN a en effet estimé que le candidat républicain avait proféré «plus de 30» fake news au cours de la soirée.

Après l'émission, Joe Biden lui-même a estimé s'en être «bien sorti», affirmant qu'il est «dur de débattre face à un menteur». Kamala Harris est également venue à son secours, affirmant que le président américain avait certes été «lent au démarrage» mais avait «fini en force».

Les démocrates savent que Joe Biden a raté une occasion cruciale de rassurer les millions d'Américains ayant regardé le débat au sujet de sa vitalité et de sa santé. Leur objectif est désormais de faire en sorte que cette contre-performance ne marque pas un tournant défavorable pour leur candidat dans une campagne jusqu'ici extrêmement serrée.

Sachant que les deux candidats sont au coude-à-coude dans les Etats susceptibles de faire basculer l'élection présidentielle, les camps républicain et démocrate savent que les voix de quelques électeurs indépendants peuvent suffire pour prendre l'avantage en novembre.

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