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Pourquoi Vladimir Poutine cherche-t-il à séduire le Vietnam ?

Le chef du Kremlin a rencontré son homologue To Lam ce jeudi lors d'une cérémonie formelle avec des coups de canon et des militaires au garde-à-vous. [Sputnik/Kristina Kormilitsyna/Kremlin via REUTERS]

En visite d'Etat au Vietnam, Vladimir Poutine veut entretenir les liens qui unissent le pays à la Russie depuis des décennies. Hanoï est notamment un client de longue date pour le matériel militaire russe.

Au lendemain de la signature d'un accord de défense avec la Corée du Nord qui inquiète les Occidentaux, Vladimir Poutine est désormais en visite d'Etat au Vietnam. Ce pays d'Asie du Sud-Est entretient une longue histoire avec la Russie depuis l'ère soviétique, mais est aussi de plus en plus courtisé par l'Occident.

En resserrant ses liens avec le Vietnam, Vladimir Poutine espère donc conserver cet allié devenu stratégique et disputé. A l'époque soviétique, l'URSS a formé des cadres du parti communiste vietnamien (PCV), notamment le père de l'indépendance, Ho Chi Minh, et Nguyen Phu Trong, l'actuel secrétaire général du PCV. Moscou a par ailleurs livré des armes à ses alliés communistes durant la guerre du Vietnam et, des décennies plus tard, Hanoï a toujours une image positive de la Russie qu'elle a hissé au rang de partenaire «stratégique spécial» en 2012.

Mercredi, les rues de la capitale vietnamienne se sont ainsi parées de drapeaux russes en prévision de l'arrivée de Vladimir Poutine. Le chef du Kremlin a rencontré son homologue To Lam ce jeudi lors d'une cérémonie formelle avec des coups de canon et des militaires au garde-à-vous.

Cité par un média d'Etat vietnamien, l'ambassadeur russe à Hanoï a indiqué que la visite de Vladimir Poutine doit permettre d'améliorer la coopération dans les domaines de l'investissement, des technologies, de l'énergie ou de la sécurité. D'après les analystes, les questions de défense devraient particulièrement animer les discussions entre les deux dirigeants.

Interrogé par l'AFP, Carl Thayer, professeur émérite à l'université australienne de Nouvelle-Galle du Sud, explique en effet que les deux pays ont un «intérêt mutuel à reprendre les ventes d'arme» qui ont ralenti ces dernières années. Selon les chiffres de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les importations d'armes en provenance de Russie au Vietnam ont atteint 7,6 milliards de dollars entre 1995 et 2023, soit plus de 80% du total de l'armement acheté par le pays à l'étranger.

Hanoï représente un marché à fort potentiel pour Moscou et le volume des échanges entre les deux pays, à hauteur de 3,5 milliards de dollars en 2022, reste bien inférieur aux niveaux constatés entre le Vietnam et la Chine (175 milliards de dollars) ou les Etats-Unis (123 milliards de dollars).

Ne pas froisser les alliés occidentaux

Le dossier est toutefois délicat en raison des sanctions internationales qui pèsent sur Moscou. Le Vietnam, qui soigne également ses relations aves ses partenaires occidentaux, prend un risque en opérant un rapprochement avec Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI). Hanoï veut notamment éviter toute sanction de la part des Etats-Unis, qui voient ce pays d'Asie du Sud-Est comme un allié stratégique pour la production manufacturière ou de semi-conducteurs.

Pratiquant la «diplomatie du bambou», le Vietnam tente de conserver ses partenariats stratégiques sans s'associer trop étroitement à une grande puissance. Dans un contexte de tensions en mer de Chine méridionale, où les visées expansionnistes de Pékin l'inquiète, le pays tente de maintenir une distance égale entre les rivaux américain et chinois, tout en conservant l'appui militaire que lui apporte la Russie.

Ce jeu d'équilibriste risque d'être de plus en plus difficile à tenir, notamment à cause de la guerre en Ukraine qui divise les grandes puissances. Les 15 et 16 juin dernier, le Vietnam n'a en effet pas participé au premier sommet pour la paix en Ukraine, organisé en Suisse. Si Vladimir Poutine a salué ce mercredi l'approche «équilibrée» du pays sur la question ukrainienne, les Etats-Unis, très impliqués dans le soutien à Kiev, risquent en revanche de ne pas partager ce point de vue.

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