Profitant de la visite d'Etat de Vladimir Poutine en Corée du Nord, Kim Jong-un et le président russe ont affiché ce mercredi leur intention de renforcer leurs liens, notamment au travers d'un accord d'assistance mutuelle en cas «d'agression».
En visite d'Etat en Corée du Nord, Vladimir Poutine a été accueilli avec les honneurs par Kim Jong-un. Les deux hommes se sont plus que jamais affichés comme des alliés, saluant l'avènement d'une «nouvelle ère» dans leurs relations et signant un accord de partenariat présenté comme un pacte d'assistance mutuelle en cas «d'agression».
Vladimir Poutine a présenté ce nouveau traité comme «un document véritablement révolutionnaire», censé permettre à Pyongyang, en conflit avec ses voisins sud-coréen, japonais et américains, de «prendre des mesures pour assurer sa sécurité et défendre sa souveraineté».
Le chef du Kremlin a assuré que la Russie était «prête à poursuivre ses efforts diplomatiques pour éliminer la menace d'un conflit armé dans la péninsule coréenne», n'excluant pas «pour elle-même une coopération militaro-technique» avec la Corée du Nord.
Le président russe Vladimir Poutine a été accueilli avec une cérémonie militaire et un tapis rouge à Pyongyang par Kim Jong Un, lors d'une visite d'Etat au cours de laquelle les deux dirigeants se sont promis de renforcer leur liens #AFPVertical pic.twitter.com/kq99mMwXBO
— Agence France-Presse (@afpfr) June 19, 2024
S'il paraît évident que cet accord vise les Occidentaux, qui voient le rapprochement entre les deux pays d'un mauvais oeil, Kim Jong-un a toutefois insisté sur le fait qu'il «n'est rien de moins qu'un document vraiment constructif, tourné vers l'avenir, et exclusivement pacifique et défensif».
Les Etats-Unis ainsi que leurs alliés accusent la Corée du Nord de fournir des munitions et des missiles à la Russie pour sa guerre en Ukraine et craignent d'autres livraisons. D'après Washington et Séoul, la Russie aurait, en échange de cet armement, founi à la Corée du Nord son expertise pour son programme de satellites et envoyé de l'aide pour faire face aux pénuries alimentaires du pays.
Ce mercredi, Kim Jong-un a accueilli Vladimir Poutine par une accolade à son arrivée à l'aéroport. Une cérémonie militaire avec fanfare, tapis rouge et danses synchronisées a été organisée sur la place Kim II Sung en l'honneur du président russe, qui a remercié son hôte pour «son soutien systématique et permanent de la politique russe, y compris sur le dossier ukrainien».
Le «meilleur ami du peuple coréen»
Le dirigeant nord-coréen s'est félicité de cette proximité avec la Russie, décrivant son homologue russe comme le «meilleur ami du peuple coréen» et assurant que les deux pays «entrent dans une nouvelle ère de nouvelle et grande prospérité qu'il est impossible de comparer même à celle de la période des relations soviéto-coréennes du siècle dernier».
Avec cette visite d'Etat, Vladimir Poutine se rend à Pyongyang pour la première fois depuis 24 ans, mais il s'agit de sa deuxième rencontre avec Kim Jong-un en moins d'un an. En septembre, ce dernier s'était en effet rendu dans l'Extrême-orient russe pour un sommet avec le chef du Kremlin axé sur l'espace.
Moscou et Pyongyang sont alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953) mais un réel rapprochement s'est opéré récemment, dans le cadre de l'opération russe lancée en Ukraine en 2022.
Les deux pays, tous deux sous le coup de sanctions internationales, se soutiennent également à ce niveau. En mars dernier, la Russie a notamment utilisé son veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour forcer la dissolution du système de surveillance imposé à Pyongyang et son programme nucléaire dans le cadre de sanctions infligées en 2006 qu'elle avait elle-même votées.
Ce mercredi le président russe a réaffirmé sa position à ce sujet, appelant à une révision du «régime de restrictions d'une durée indéfinie adopté par le Conseil de sécurité des Nations unies à l'égard de la République populaire démocratique de Corée» inspiré selon lui «par les États-Unis et leurs alliés».