En direct
A suivre

Guerre au Ukraine : comment le Soudan est devenu l’une des bases arrières de la Russie

En février dernier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait ainsi ratifié l’accord en vue de la construction d'une base militaire russe lors d’une visite à Khartoum. [Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP]

Depuis le début de la guerre en Ukraine et les sanctions à l’encontre de Moscou, la Russie cherche de nouveaux alliés et profite de son influence croissante dans certains pays africains tels que le Soudan pour s’implanter durablement.

Une conjonction de circonstances. Le Soudan est en proie, depuis plus d’un an, à une guerre au sein de son armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane face aux Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo. Mais l’influence du groupe paramilitaire russe Wagner depuis 2017 dans le pays ne fait que s’accroître.

Depuis le coup d’Etat du 25 octobre 2021 conduit par le général Abdel Fattah al-Burhan, le Soudan a largement été boycotté par la communauté internationale. Une aubaine pour la Russie qui se retrouve dans la même situation, à la recherche de partenaires pour ses activités économiques.

L'union fait la force

Dans ce contexte, la Russie et le Soudan semblaient en bonne voie pour ressusciter un projet de base militaire offrant à l'armée russe un accès stratégique à la mer Rouge, la première pour Moscou sur le continent depuis la chute de l'URSS. Le 23 février 2022, à la veille du déclenchement par Vladimir Poutine de l’offensive en Ukraine, une délégation soudanaise emmenée par le numéro deux du régime, le général Mohammed Hamdane Daglo, dit Hemedti, avait été reçue à Moscou.

L’occasion de rencontrer de nombreux officiels et ainsi planifier plusieurs projets économiques et stratégiques avec les FSR, notamment l’entraînement de haut niveau des soldats rebelles et la vente d’armes en échange du contrôle de plusieurs mines d’or au Darfour pour financer la guerre en Ukraine, comme le révélait une enquête de CNN.

Autre ressource particulièrement recherchée par la Russie, en particulier depuis l’instauration de sanctions à l’encontre du pays : le pétrole. En 2018, Moscou a signé avec le Soudan un accord pour la construction d’une raffinerie de pétrole par une compagnie russe à Port-Soudan, toujours sur la mer Rouge. L’installation, dont la capacité prévue est de 200.000 barils par jour, vise à sécuriser les activités d’extradition de la Russie dans cette région. En février dernier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait ainsi ratifié l’accord en vue de la construction de cette base lors d’une visite à Khartoum.

Un face-à-face indirect entre Kiev et Moscou

En parallèle, l’Ukraine a décidé d’intervenir dans le pays en août 2023 peu après le coup d'Etat au Soudan, en envoyant des commandos pour repousser les forces armées rebelles hors de la capitale Khartoum et ainsi perturber les opérations militaires et économiques de la Russie à l’étranger, tout en rendant la guerre encore plus coûteuse pour Moscou. D’après le Wall Street Journal, Kiev espère se positionner en rempart contre les incursions russes, d’autant plus dans des régions où l’Occident peine à s’impliquer.

«Il est impossible de vaincre la Russie simplement en combattant sur un petit bout de territoire, comme la première ligne en Ukraine», déclarait un officier ukrainien interrogé par le Wall Street Journal. «Nous sommes dans une guerre à part entière avec la Russie. Ils ont des unités dans différentes parties du monde et nous essayons parfois de les attaquer», avait précisé de son côté le lieutenant-général Kyrylo Boudanov, directeur du renseignement militaire ukrainien.

L'armée ukrainienne aurait elle aussi formé des soldats de l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, notamment quant à l'utilisation de drones et d'autres nouvelles technologies contre les FSR et Wagner, expliquant ainsi une guerre encore plus violente entre les deux camps, qui a fait des dizaines de milliers de morts. Rien qu'à el-Geneina, capitale du Darfour-Ouest, 10.000 à 15.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en avril 2023, selon l'ONU.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités