Au Soudan, les généraux Al-Burhane et «Hemetti» se mènent une guerre sanglante, qui a tué plus de 450 personnes en onze jours, selon l'ONU. Luttant pour le pouvoir, les deux militaires ont auparavant travaillé ensemble pour l'ancien dictateur Omar el-Béchir.
al-Burhane, chef militaire et dirigeant de facto du soudan
Chef de la junte militaire au pouvoir au Soudan, Abdel Fattah al-Burhane (62 ans) est le dirigeant de facto du pays.
Auparavant, il a été le commandant de l'armée de terre du président islamiste Omar el-Béchir (1989-2019), visé par deux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale pour «génocide», «crimes contre l'humanité» et «crimes de guerre» pour des exactions commises lors de la guerre du Darfour. Ce conflit, qui a éclaté en 2003, a opposé le régime de Khartoum à des membres de minorités ethniques non-arabes, faisant quelque 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés.
Le général al-Burhane a pris la tête du Soudan en 2021 lors d'un putsch qui a renversé les autorités civiles du gouvernement de transition, mis en place en 2019 pour organiser la succession d'Omar el-Béchir, destitué par l'armée après une révolte populaire. Al-Burhane était à l'époque assisté de son numéro 2 et désormais ennemi, le général «Hemetti».
«Hemetti», général rebelle et opportuniste
Originaire du Darfour, Mohamed Hamdan Daglo dit «Hemetti» (48 ans) a, comme al-Burhane, combattu pour le président Omar el-Béchir pendant la guerre. Plus tard en 2013, il a fondé les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire qui réunit des milliers d'anciens «janjawids», ces miliciens arabes recrutés par el-Béchir pour mener une politique de la terre brûlée au Darfour.
En octobre 2021, «Hemetti» a fait front commun avec le général al-Burhane pour évincer les civils du pouvoir. Mais cette union de circonstance n'a pas duré, «Hemetti» dénonçant à plusieurs reprises l'«échec» d'un putsch qui a réinstauré selon lui «l'ancien régime».
Plus récemment, c'est la question de l'intégration des FSR au sein de l'armée régulière, prévue par l'accord politique qui doit permettre le retour au pouvoir des civils, qui a mis le feu aux poudres. «Hemetti» s'oppose en effet aux conditions d'intégration de ses forces fixées par al-Burhane, prônant une réorganisation de l'Etat-major pour s'assurer d'y avoir une place. Il dénonce également la présence au sein de l'armée de nombreux éléments islamistes, héritiers du système el-Béchir.
Alors que ses troupes avaient réprimé les manifestations anti-Béchir de 2019, Mohamed Hamdan Daglo n'hésite pas aujourd'hui à reprendre le slogan des civils, déclarant lutter «pour la liberté, la justice et la démocratie». Al-Burhane, lui, voit dans les FSR des «rebelles soutenus par l'étranger», «Hemetti» cultivant notamment une proximité avec la Russie et le groupe Wagner, qui exploite l'or soudanais.