Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par une guerre civile qui oppose les paramilitaires des Forces de soutien rapide à l’armée. Parmi les victimes collatérales de ce conflit, les femmes, violées par les combattants paramilitaires. Certaines choisissent de mettre fin à leurs jours pour éviter les agressions sexuelles.
La mort plutôt que les agressions sexuelles forcées. Depuis plus d’un an, la guerre civile qui voit s’affronter les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) et l’armée a fait des dizaines de milliers de morts. Dans le cadre de l’une des «pires crises humanitaires au monde» dénoncée par les Nation unies, plusieurs femmes envisagent de se suicider car elles «craignent d’être agressées sexuellement», selon un groupe de défense des droits de l’Homme consulté par BBC Afrique.
Alors que les combattants des RSF, dirigés par le général Mohamed Ramdane Daglo, continuent de progresser dans le centre du Soudan, un groupe de défense des droits de l’Homme a affirmé à nos confrères africains être en contact avec six femmes qui envisagent de se suicider car elles craignent d’être agressées sexuellement.
«Les RSF ont lancé une campagne de représailles dans les zones contrôlées par Abu Nayka (le commandant en chef des RSF, ndlr). Ils ont pillé, tué des civils qui résistaient et violé des femmes et des fillettes», a déploré à la BBC Hala al-Karib, responsable de l’Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l’Afrique (SIHA).
L’organisation, créée par des femmes activistes du Somaliland, d’Éthiopie et du Soudan, documente les violences basées sur le genre au Soudan pendant la guerre. La semaine passée, trois femmes se sont suicidées dans l’État de Gezira, selon Hala al-Karib, qui a expliqué l’une des femmes qui avaient mis fin à leurs jours était passée à l’acte après avoir été violée par des soldats des RSF devant son père et son frère. Ces deux derniers ont été tués après l’agression sexuelle.
Les Forces de soutien rapide nient les accusations de viols
Mardi 29 octobre, un rapport de 80 pages de l’ONU recensait au moins 400 survivants de violences sexuelles liées au conflit entre avril 2023 et juillet 2024, précisant que le chiffre réel était probablement beaucoup plus élevé. Les victimes dénombrées au sein de ce rapport sont âgées de 8 à 75 ans, un grand nombre d’entre elles ayant besoin de soins médicaux, mais la plupart des hôpitaux et des cliniques ont été détruits lors des combats.
Une militante de l’État de Gezira, qui a demandé à rester anonyme auprès de nos confrères car elle craignait pour sa vie, a affirmé avoir reçu des messages d’une femme qui expliquait que sa sœur s’était suicidée après avoir été violée par des miliciens RSF, qui ont également tué cinq de ses frères et certains de ses oncles à Al Serina.
Sur les réseaux sociaux, la rumeur d’un suicide collectif de 134 femmes pour éviter d’être violées par les miliciens des RSF, après qu’ils aient tué plus de 500 hommes du village d’Al-Sarieha mercredi 30 octobre, alarme les internautes. Un récit encore «impossible à vérifier», selon la militante anonyme, compte tenu des «problèmes de communication».
De leur côté, les Forces de soutien rapide ont affirmé à la BBC, par le biais de leur porte-parole Nizar Sayed Ahmed, que les accusations de violences sexuelles à l’encontre de ses milices «sont fausses et ne reposent sur aucune preuve», appelant l’ONU à «envoyer une équipe d’enquête au Soudan».
La directrice générale du Programme alimentaire des Nations unies, Cindy McCain, qui se trouve dans le centre d’aide de Port Soudan, a indiqué que la lutte pour le pouvoir entre l’armée et les RSF pourrait être «la plus grande crise humanitaire jamais vue au monde si un cessez-le-feu n’est pas conclu».