Pékin a mené, pour le deuxième jour d’affilée, des exercices militaires près de l’île de Taïwan pour vérifier sa «capacité de prendre le pouvoir et de [mener des] frappes conjointes, ainsi que de prendre le contrôle de territoires-clés». En cas de conflit, quelles seraient les forces en présence ?
La montée des tensions en mer de Chine, autour de Taïwan, déclenchée par le discours d'investiture de son nouveau président Lai Ching-te, laisse planer le doute quant à un futur conflit. Il avait appelé Pékin, désireux de réunifier l'île au continent, à «cesser ses intimidations politiques et militaires».
Cette démonstration de force – les précédents exercices militaires chinois d’ampleur avaient eu lieu en août 2023 après une visite aux Etats-Unis de Lai Ching-te, alors vice-président de Taïwan – rappelle la puissance de l'armée chinoise face à celle de Taïwan, dotée d'équipements modernes et soutenue par les Etats-Unis.
Tout aussi sophistiquée, l'armée chinoise (Armée populaire de libération, APL) est la plus importante du monde, avec 2 millions de soldats, contre 170.000 pour les forces taïwanaises. 210 milliards d'euros par an sont investis dans le secteur de la défense côté chinois – deuxième budget au monde derrière les 750 milliards d'euros consacrés par les Etats-Unis.
Taïwan possède une centaine de chasseurs F-16 américains
Malgré une économie dynamique – dopée par le secteur des technologies de pointe, dont les semi-conducteurs –, Taïwan dépense 15 milliards d'euros dans le secteur de la défense. Côté armée de terre, la Chine et ses 5.250 tanks ne peut être égalée par Taïwan, doté de quelque 1.100 chars.
En revanche, l'île, bien équipée, dispose de 741 avions militaires (288 avions de chasse), contre 3.285 (dont 1.200 dédiés au combat) pour la Chine. Bien aidé par les Occidentaux, Taïwan possède une centaine de chasseurs F-16 américains et une cinquantaine de Mirage 2000 français selon Radio Taiwan International.
Depuis le début du XXIe siècle, l'industrie aéronautique chinoise vise à développer un avion de combat furtif, dit de «cinquième génération» (le Chengdu J-20), sur le modèle des Etats-Unis et de la Russie. Les Shenyang J-16 restant les avions de chasse privilégiés par Pékin pour tester la défense antiaérienne de Taïwan, avancent les experts.
La marine chinoise, atout numéro un
Côté mer, la Chine dispose d’un avantage considérable : sa marine s’est développée de façon exponentielle, comprenant l'enjeu d'un contrôle de la mer de Chine. D'après un rapport du Pentagone daté de 2022, la Chine posséderait la première marine au monde en nombre de bâtiments avec 340 navires de guerre. Taïwan et ses 26 navires souffrent de la comparaison, ce qui n'est pas sans inquiéter l'US Navy, longtemps sans rivale dans cette région de l’Asie.
Doté de sous-marins d'attaque nucléaires, de destroyers et de corvettes, Pékin envisage également la construction d'un quatrième porte-avions, en plus du Liaoning, du Fujian et du Shandong – premier porte-aéronefs intégralement construit en Chine. Encore une fois, la marine taïwanaise repose sur l'aide américaine : 4 destroyers de la classe Kidd, construits dans les années 1980 et achetés aux États-Unis.
Bien que ce duel s'apparente à un combat entre David et Goliath, Taïwan, à l'image de son nouveau président, entend se défendre contre la réunification, à n'importe quel prix. L’armée taïwanaise, qui repose sur une importante réserve d'hommes (1,5 millions de combattants), se prépare depuis des années à mener une guérilla contre cet encombrant voisin. De plus, l'archipel peut compter sur le soutien de ses alliés américains et régionaux (Japon, Corée du Sud...), tout aussi inquiets des ambitions chinoises.