Ce vendredi, la communauté LGBT péruvienne a appelé à une manifestation à Lima, après la publication d’un décret sur l’accès aux traitements de santé mentale, classant notamment les personnes transgenres dans cette catégorie.
La communauté LGBT ne décolère pas au Pérou. Le 10 mai dernier, le ministère de la Santé du pays a publié un décret mettant à jour la liste des prestations minimales auxquelles un assuré a droit. Une décision qui a provoqué l’ire des minorités de genre de la nation sud-américaine qui a appelé ce vendredi à une manifestation dans la capitale du pays, Lima. Une date chargée de symbole : elle coïncide avec la Journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie.
En fait, depuis 2021, cette liste intègre les maladies mentales. Mais, en voulant étendre sa liste aux traitements liés à l'identité de genre, incluant les thérapies de réaffirmation ou les opérations de réassignation sexuelle, le gouvernement a utilisé une classification obsolète de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), décrivant la transsexualité comme un «trouble mental». L'OMS avait retiré cette terminologie de son manuel révisé des diagnostics en 2022.
Le gouvernement se défend de toute stigmatisation des personnes lgbt
Les groupes de défense LGBT exigent l'abrogation de ce décret qui, selon eux, encourage la discrimination et la violence à l'encontre de leurs membres. C’est devant le ministère de la Santé que les manifestants ont prévu de se rassembler dans l'après-midi.
Dans un communiqué publié à la suite du décret, le ministère de la Santé avait précisé qu'il ne considérait pas la «diversité des genres et des sexualités» comme des maladies. «Nous exprimons notre respect pour les identités de genre, ainsi que notre rejet de la stigmatisation de la diversité sexuelle», avait-il ajouté.
Au-delà de cette clarification, les organisations de défense des droits de l'Homme et de la diversité sexuelle exigent l'abrogation du décret. «Nous demandons l'abrogation de ce décret transphobe et violent, qui va à l'encontre de nos identités de personnes trans au Pérou», avait notamment déclaré Gianna Camacho, porte-parole de la Coordination nationale LGTBIQ+. «Nous ne sommes pas des malades mentaux et nous ne souffrons d'aucun trouble mental», avait-elle poursuivi.
Dans un article publié sur le site de la Coordination, l'ONG Human Rights Watch (HRW) attire l'attention sur les effets de «ce décret biaisé et non scientifique». «La pathologisation officielle des personnes LGBT (...) peut sérieusement compromettre les efforts visant à améliorer la protection des droits fondés sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre», a prévenu l'organisation. Reste à savoir si le gouvernement péruvien portera une oreille attentive à ces revendications pour, éventuellement, faire machine arrière.