Emmanuel Macron a décoré ce mardi de la Légion d'honneur le cacique Raoni Metuktire, icône planétaire de la défense de l'Amazonie et de la culture des peuples premiers, lors d'une cérémonie nocturne en pleine forêt au Brésil.
Une cérémonie hors du commun. Dans la nuit de mardi, Emmanuel Macron a remis la Légion d'honneur au cacique Raoni Metuktire, chef icône des peuples premiers d’Amazonie.
L'atmosphère était loin du protocole des cérémonies de décoration au palais présidentiel de l'Élysée à Paris. L'ambiance est enjouée sur l'île de Combu, près de Belém, ville du nord du Brésil où le chef d'État français a débuté une visite au Brésil, en compagnie de son homologue Luiz Inacio Lula da Silva.
Avec sa coiffe de plumes multicolores et son plateau labial, Raoni, âgé de plus de 90 ans aujourd'hui, est toujours aussi imposant. «Jamais vous ne vous êtes arrêté, jamais vous ne vous arrêtez», a lancé le président français dans son hommage au cacique.
Alternant le «vous» et le «tu», il a ajouté : «Oui Raoni, tu as porté ce combat peut-être encore plus loin que d'autres (...). Très modestement je voulais dire que nous continuerons à le mener à tes côtés».
«Je considère Lula comme mon frère, Macron comme mon fils», a confié Raoni, qui, «très inquiet que l'homme blanc continue à détruire la nature», les a exhortés à rendre «plus de terres indigènes » aux peuples autochtones.
Une relation tendue avec Jair Bolsonaro
Au point mort sous le mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), le crucial processus d'homologation de territoires réservés aux indigènes a repris sous Lula. Mais ils restent menacés par la déforestation, l'avancée de l'exploitation agricole et minière et les trafics.
Raoni en a également appelé à l'appui des deux présidents «pour avoir le prix Nobel de la paix». Il est régulièrement cité comme un possible lauréat de la prestigieuse récompense. Un soutien que lui donnera Lula, «je peux te dire, camarade Raoni, qu'il n'y a personne sur la planète Terre qui mérite de gagner le prix Nobel de la paix plus que toi».
Le chef du peuple kayapo avait été aux côtés de Lula pour sa cérémonie d'investiture à son retour au pouvoir l'an dernier.
En 1989, avec l'aide du chanteur britannique Sting, Raoni a quitté le Brésil pour la première fois et lancé un appel à l'aide dans 17 pays. Il n'a cessé depuis lors de défendre, auprès des puissants, la survie des peuples indigènes menacés par la déforestation.
Accusé par Jair Bolsonaro d'être à la solde de puissances étrangères, le cacique l'avait à son tour dénoncé auprès de la Cour pénale internationale pour «crimes contre l'humanité», lui reprochant de «persécuter» les peuples autochtones en détruisant leur habitat et en bafouant leurs droits fondamentaux.