Le 6 février 2023, un séisme de magnitude 7,7 sur l’échelle de Richter a frappé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. Un an après, les chantiers sont encore nombreux et les cicatrices toujours profondes.
Il y a un an, jour pour jour, la région de Kahramanmaras, située à la frontière de la Turquie et de la Syrie, subissait la plus grande catastrophe naturelle de son histoire. Selon les décomptes officiels, 53.537 personnes ont trouvé la mort suite aux tremblements de terre du 6 février 2023.
Un an plus tard, les travaux de déblaiement continuent pour reconstruire un paysage dévasté, meurtri et vide de ses habitants ayant fui pour se placer en sécurité.
Selon les autorités, près de 30 % de la population des onze régions sinistrées a été contrainte au déplacement. Plus de 680.000 logements, bureaux, minarets et autres constructions ont été ravagés. Environ un million de personnes vivent encore dans des abris.
Une chasse aux sorcières
Au lendemain de la catastrophe, la colère populaire s’était déchaînée contre les promoteurs immobiliers, accusés de laxisme. Une chasse aux sorcières avait été enclenchée par le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le 12 mai 2023, deux jours avant le premier tour de l’élection présidentielle à laquelle il se portait candidat, le chef de l’Etat s’engageait, lors d’un débat télévisé, à «démarrer le processus de construction de 142.000 résidences et maisons de village, espérant pouvoir en terminer 319.000 d’ici à un an».
Selon la Fondation pour la recherche sur les politiques économiques, le séisme représente une perte de produit intérieur brut de 10 % sur trois ans. Frappé par une inflation forte et des taux d’intérêts élevés, l’Etat turc avait débloqué des milliards d’euros - environ 900 millions d’euros de subventions alloués par l’Union européenne (UE), auxquels s’ajoutent 400 millions d’euros de prêts. Malgré les annonces, les promesses sont loin d’être tenues.
en syrie, bombardements des forces pro-régime
De l’autre côté de la frontière, dans le nord-ouest de la Syrie sous contrôle rebelle et fragilisée par des années de guerre, la situation est tout aussi alarmante. 4.500 personnes ont été tuées et plus de 10.000 autres blessées, selon un décompte des Nations unies.
L’instabilité politique de la Syrie avait poussé Mohamed ben Zayed, président des Emirats arabes unis, à agir envers la «République arabe syrienne sœur» en apportant une aide de 100 millions de dollars, à partager avec la «République turque amie».
Mais, depuis octobre 2023, la région d’Alep est à nouveau visée par des bombardements de la part des forces pro-régime. La distribution de colis du Programme alimentaire mondial, organisme d'aide de l'ONU, a pris fin malgré une situation de sécurité alimentaire et de nombreux habitants n’ont pas été relogés.
Recep Tayyip Erdogan appelle à lui faire «confiance»
A la veille de ce triste anniversaire, Recep Tayyip Erdogan s’est rendu à Antioche, ville millénaire touchée de plein fouet par le séisme. Le président turc, pris dans la tourmente à l’approche des élections municipales prévues le 31 mars, a élevé la voix : la situation ne reviendra pas à la normale si les autorités locales ne travaillent pas de concert avec le chef du parti AKP, réélu pour un troisième mandat présidentiel.
Soutenu par le pouvoir, le gouverneur de Gaziantep, Kemal Ceber, a promis la réalisation de 350.000 nouveaux logements au 6 février 2025. Pour répondre à l'impatience, Recep Tayyip Erdogan a promis de livrer «15.000 à 20.000 logements par mois» et «appelé à lui faire confiance». Une chappe de plomb plane toujours en Turquie.