La police fédérale brésilienne a lancé plusieurs perquisitions ce lundi, dans le cadre d’une vaste enquête sur l’utilisation illégale de l’Agence brésilienne de renseignements par des proches de Jair Bolsonaro dans le but d’espionner des opposants politiques. L’un des fils de l’ancien président est notamment ciblé.
Si Jair Bolsonaro a quitté le pouvoir il y a un an, la police et la justice n’en ont pas fini avec lui. Ce lundi, des multiples perquisitions ont été menées, y compris dans une des résidences de son fils, Carlos Bolsonaro, à Rio de Janeiro, ainsi qu’à son bureau au conseil municipal de la ville. Neuf adresses ont été perquisitionnées, et des ordinateurs, téléphones portables et des disques durs ont notamment été saisis chez plusieurs suspects.
Ces perquisitions ont été menées dans le cadre d’une enquête de la police fédérale, lancée jeudi dernier et baptisée «Opération surveillance rapprochée», le clan Bolsonaro étant suspecté d’avoir utilisé illégalement l’Agence brésilienne de renseignement (Abin) lorsqu’il était encore président pour espionner ses opposants politiques. Cette nouvelle étape de l'enquête visait notamment le «noyau politique» de ce que la police fédérale considère comme une «organisation criminelle» au sein même de l'Abin.
La police soupçonne des membres de l'agence de renseignement d’avoir surveillé illégalement des autorités publiques et des opposants politiques grâce à des outils de géolocalisation ou de la surveillance d’appareils mobiles, notamment grâce à un logiciel espion israélien, FirstMile, et ce sans aucune autorisation de la justice, pour le compte de l'ancien président d'extrême droite.
Le président lula ciblé
Les enquêteurs cherchent donc à déterminer tous les bénéficiaires et toutes les cibles des informations de l’agence de renseignement. Le député Alexandre Ramagem, qui dirigeait l’Abin sous le mandat présidentiel de Jair Bolsonaro, semble dans le viseur de la police. Il a également été concerné par une perquisition jeudi dernier.
Deux juges de la Cour suprême, ainsi que l’actuel président Luiz Inácio Lula da Silva, des députés et des gouverneurs de gauche auraient été espionnés par le clan de Bolsonaro.
«Les personnes faisant l'objet de l'enquête peuvent être tenues pour responsables, dans la mesure de leur responsabilité, des délits de piratage du dispositif informatique d'autrui, d'organisation criminelle et d'interception de communications téléphoniques, informatiques ou télématiques sans autorisation judiciaire ou à des fins non autorisées par la loi», a indiqué la police fédérale dans un communiqué.
Depuis son départ du palais présidentiel, Jair Bolsonaro est cerné par les affaires judiciaires. Il a notamment été condamné à huit ans d'inéligibilité l'an dernier pour diffusion de fausses informations sur le système électoral, et est également ciblé par des enquêtes pour corruption.