Interrogé au sujet des personnes homosexuelles lors d'une conférence publique qui s'est tenue ce vendredi, le président burundais Evariste Ndayishimiye a multiplié les violentes attaques à leur encontre, invitant même à «lapider» celles et ceux qui s'adonnent à cette «pratique abominable».
Le mariage homosexuel «pratique abominable», des couples gay à «lapider» car ils ont «choisi le diable» et attirent la «malédiction» divine... Les propos du président burundais Evariste Ndayishimiye choquent. Le chef d'Etat a réponduait à des interrogations de la presse et de la population ce vendredi 29 décembre et s'est livré à une virulente diatribe contre l'homosexualité, lors d'une conférence publique dans la province de Cankuzo, retransmise à la radio et à télévision.
Le chef d’Etat chrétien, interrogé sur l’homosexualité, a tout d’abord déclaré : «Vous m'avez posé une question sur cette pratique abominable qui fait qu'un homme se marie avec un autre homme et une femme avec une autre femme», avant d'évoquer la Bible.
«Je vous dis la vérité, si vous voulez attirer la malédiction sur un pays, il faut laisser les gens de même sexe se marier”, a lancé le président conservateur de ce pays de l’Afrique des Grands Lacs. «Vous vous souvenez de ce qui est arrivé à Sodome et Gomorrhe ?”, a-t-il-lancé. «Dieu en est arrivé alors à dire : "Je regrette d'avoir créé l'homme"», a-t-il répondu à sa propre question.
Des propos d’une extrême violence
«Personnellement, je pense que si on voit ce genre d'individus au Burundi, on devrait les mettre dans un stade et les lapider avec des pierres. Et ce ne serait pas un péché pour ceux qui le feront !», a estimé Evariste Ndayishimiye, qui avait déjà appelé cette année à «bannir» les homosexuels et à les «traiter en parias».
Il s'en est également pris aux pays occidentaux, qui affichent régulièrement leur opposition aux violations des droits de la communauté LGBTQ+. En Ouganda, autre pays d'Afrique de l'Est, une loi votée en mai par le parlement réprimant sévèrement les pratiques homosexuelles et la «promotion de l'homosexualité» a notamment suscité de vives condamnations occidentales et, des sanctions prononcées par les Etats-Unis.
«Vous avez dit que les pays occidentaux tentent de forcer les petits pays pour qu'ils adoptent cette pratique, et qu'ils ne recevront aucune aide s'ils ne s’y conforment pas. Qu'ils gardent leur aide, qu'ils la gardent !», a par la suite tranché le chef d’Etat. «Celui qui a choisi le diable, qu'il aille vivre dans ces pays. D'ailleurs, je crois que ceux qui s'exilent dans ces pays y vont pour adopter ces pratiques (...) Qu’ils ne reviennent plus !», a-t-il également assené.
Le poids de pratiques religieuses conservatrices
En Afrique de l'Est comme dans de nombreux pays du continent, les personnes LGBTQ+ subissent stigmatisation et discriminations dans des sociétés empreintes par des pratiques religieuses très conservatrices issues des religions chrétiennes et musulmanes.
Le Code pénal burundais réprime ainsi les relations homosexuelles, passibles d'amendes et de peines allant de trois mois à deux ans de prison.
En mars dernier, 24 personnes y avaient été accusées de «pratiques homosexuelles ou incitation aux pratiques homosexuelles» et écrouées. Sept d'entre elles ont par ailleurs été condamnées ; cinq à deux ans de prison ferme, et deux autres à un an de prison.