L’ancien Premier ministre britannique David Cameron est de retour aux affaires et occupe désormais le poste de ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement de son pays. Un fait assez rare pour être notable.
David Cameron, 57 ans, opère un retour aussi tonitruant que surprenant, au sein du gouvernement de Rishi Sunak. C’est la première fois en 50 ans qu’un ancien Premier ministre revient au gouvernement. Sachant qu’il n’est plus député, David Cameron a dû être anobli pour pouvoir siéger au sein du gouvernement. Désormais, il possède le titre de Lord Cameron et siège de droit à la Chambre des Lords. Sa nomination surprise intervient après le limogeage de la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, à cause de ses propos virulents à l’égard des manifestants propalestiniens.
CAMERON : L’HOMME DU RÉFÉRENDUM SUR LE BREXIT
Élu chef du gouvernement en 2010, à 43 ans seulement, au sein d’une coalition avec les Libéraux démocrates, Lord Cameron était parvenu à remporter une majorité absolue à son parti aux élections législatives de 2015. Parmi ses propositions phares figurait l’organisation d’un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne : le Brexit.
Partisan du «non» au référendum, David Cameron a été mis en échec en juin 2016, en ne récoltant que 48% des voix contre 52% pour le «oui». Une défaite qui a provoqué sa démission quasi-instantanée et son remplacement par Theresa May au début de l’été 2016, ouvrant ainsi une longue phase d’instabilité au sein du Parti conservateur.
À l’écart de la politique depuis son départ de Downing Street, Lord Cameron s’était depuis impliqué dans le lobbying, au profit de la société financière Greensill. Une activité qui lui a rapporté plus de 9 millions d’euros. Mais la faillite de la société en mars 2021 a provoqué un désastre financier ainsi qu'un scandale dans les milieux bancaires et sur les marchés financiers.
Un parcours sans fautes ou presque
David Cameron est originaire d’un milieu de classe moyenne, bien qu’il possède des ascendances aristocratiques. Éduqué dans la prestigieuse institution masculine d’Eton College, fréquenté par son principal rival Boris Johnson, le jeune Cameron a poursuivi ses études d’histoire à Oxford : un parcours pour le moins classique.
À la fin de son cursus universitaire, en 1988, David Cameron s'était lancé dans la politique, au sein du Parti Tory, où il travaillait au sein du Conservative Research Department (CRD), avant de devenir conseiller pour le Chancelier de l’échiquier, l'équivalent du ministre de l’Économie français, puis pour le ministre de la Défense, au sein du gouvernement de John Major, jusqu’en 1994. Aux législatives de 1997, David Cameron avait mené sa première campagne dans le comté de Strafford, au centre de l’Angleterre. Défait par le candidat travailliste, ce dernier fut finalement élu député de l’opposition en 2001. Soutenu par Boris Johnson, il a pris la tête de son parti dès 2005, à seulement 39 ans.
Coup de poker
Aujourd'hui, le Premier ministre Rishi Sunak, plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Grande-Bretagne (élu à 42 ans), opère un recentrage assumé et osé de son gouvernement, après le limogeage de sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, une «brexiteer» convaincue. David Cameron, relativement consensuel au sein de l’électorat conservateur, moins chez une partie des députés du parti, a pour lourde charge d’assister le Premier ministre dans son travail de réunification du parti, à un an des prochaines élections législatives.
Plongés dans de profondes divisions depuis le référendum sur le Brexit en 2016, usés par la succession des premiers ministres, cinq en seulement huit ans, les Tories ont de quoi s’inquiéter pour les prochaines élections. Pour l’instant, le parti travailliste, conduit Keir Starmer, est crédité de 47% des intentions de vote selon le dernier sondage YouGov, contre 23% seulement pour le parti conservateur.