L’offensive du Hamas contre Israël a provoqué l’émoi dans le monde entier. Alors qu’une majorité de pays s'est unie pour condamner fermement ces attaques, d’autres ont nuancé leurs déclarations. Certains sont même allés jusqu’à engager la responsabilité d’Israël.
Des condamnations inégales. Trois jours après l'offensive meurtrière perpétrée à l’encontre de l’État d’Israël par le Hamas, nombre de pays apparaissent divisés face à la condamnation de ces actes terroristes. En Afrique, au Moyen-Orient, et même en Amérique du Sud, certains pays se sont contentés d’appeler au cessez-le-feu, quand d’autres ont catégoriquement refusé de condamner les attaques.
Des alliés historiques au Moyen-Orient
Alliés historiques du peuple palestinien, plusieurs régimes islamiques du Moyen-Orient ont sciemment refusé de condamner la barbarie perpétrée par la branche armée du Hamas, invoquant la bannière de «la résistance» à l’«oppresseur colonialiste hébreu». Le régime iranien, soutien financier, matériel et politique du Hamas, en est le premier exemple. S’il est suspecté d’avoir joué un rôle dans ces attaques afin de mettre à mal le processus de normalisation israélo-arabe qui aurait isolé le pays et affaibli sa domination territoriale, l’Iran s’est surtout distingué par un soutien sans équivoque à l’organisation terroriste.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei a notamment expliqué que l’Iran défendait la Palestine et ses «luttes», rappelant que son pays «embrasse le front et les bras des initiateurs (de cette attaque) et les courageux jeunes Palestiniens», et ajoutant que «ceux qui disent que l'œuvre de Palestiniens a été déclenchée par des non-Palestiniens ne connaissent pas la nation palestinienne et font une erreur».
De manière presque aussi explicite, plusieurs pays de la région, à l’image de la Syrie, de l’Irak, du Liban, de l’Afghanistan, mais aussi de puissances sunnites du Moyen-Orient comme le Qatar, Oman ou le Koweït, ont également affiché leur soutien en exprimant leur «solidarité totale et inconditionnelle» avec le peuple palestinien.
Des soutiens en Afrique
En Afrique, le continent est divisé. Reconnu par quarante-six États africains sur cinquante-quatre, Israël n’a jamais compté autant d’alliés sur le continent. Ses diplomates ont multiplié les tournées, tissant des liens importants jusqu’au Soudan. Et pourtant, l’Union africaine (UA), par la voix du président de sa Commission, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a appelé, samedi 7 octobre, à enrayer l’escalade entre le Hamas et Israël, sans évoquer une condamnation ferme ou des actes terroristes. Une position suivie par plusieurs membres de l'Organisation de la conférence islamique, à l'image du Sénégal qui préside actuellement le comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.
L’Afrique du Sud s’est également distinguée par sa position sans ambiguïté en faveur du peuple palestinien. Si son président, Cyril Ramaphosa, ne s’est pas exprimé publiquement, le parti au pouvoir (ANC) a estimé que «les Sud-Africains se considèrent comme des compagnons d’armes des Arabes palestiniens dans leur lutte». Il a également dénoncé la responsabilité d’Israël dans les attaques : «Cette nouvelle conflagration est la conséquence d’une occupation et d’une colonisation illégale continue de la Palestine». L’African National Congress voit dans le raid du mouvement islamiste «une décision attendue des Palestiniens qui répondent à la brutalité du régime d’apartheid et colonisateur d’Israël».
Le cas épineux du Maghreb
Au Maghreb, le soutien au peuple palestinien, et indirectement aux attaques du Hamas, ne s'est pas fait attendre. La Tunisie a ainsi exprimé un «soutien total et inconditionnel au peuple palestinien» et son président Kaïs Saïed, régulièrement épinglé pour des dérapages antisémites, a rappelé que la bande de Gaza est «une terre palestinienne qui est sous occupation sioniste depuis des décennies, et que le peuple palestinien a le droit de récupérer toute la terre de Palestine».
Le ministère de l’Education a même donné l'ordre à toutes les écoles de hisser le drapeau palestinien à côté du drapeau national et de faire chanter l’hymne de la Palestine par les élèves ainsi que leurs professeurs chaque matin en signe de soutien. Plusieurs manifestations ont également été organisées à Tunis, samedi et dimanche, en soutien aux Palestiniens.
Du côté de l’Algérie, le président Ibrahim Boughali et quelques députés sont apparus avec des écharpes sur lesquelles était inscrit «Jérusalem est à nous» en soutien à la Palestine. «L’Algérie suit avec une profonde inquiétude l’escalade des agressions sionistes barbares contre la bande de Gaza, qui ont coûté la vie à des dizaines d’innocents enfants du peuple palestinien, tombés en martyrs face à l’entêtement de l’occupation sioniste dans sa politique d’oppression et de persécution imposée au vaillant peuple palestinien», a déclaré le ministère des affaires étrangères dans un communiqué.
Alger a ainsi appelé les instances internationales à intervenir «pour protéger le peuple palestinien contre la brutalité et la criminalité, qui sont devenues la marque de fabrique de l’occupation sioniste des territoires palestiniens», estimant que «mettre fin aux affres et aux tragédies découlant de ce conflit passe, sans nul doute, par le respect des droits nationaux légitimes du peuple palestinien et l’établissement de son État indépendant sur les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale».
Le Maroc est le pays du Maghreb qui entretient les rapports les plus étroits avec Tel-Aviv. Le pays a normalisé ses relations diplomatiques avec l’État hébreu en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham. Une proximité qui place aujourd’hui le royaume dans une position délicate, poussant ses dirigeants à ne pas prendre parti.
Dans le reste du monde, plusieurs pays, en Amérique centrale, du Sud, et en Asie, ont également affiché «un soutien inconditionnel au peuple palestinien». C’est notamment le cas du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba, ou encore de la Malaisie.