Terry Gou, milliardaire et fondateur de Foxconn, a annoncé ce lundi 28 août sa candidature officielle à l’élection présidentielle de Taïwan en 2024 en tant qu’indépendant, promettant notamment d’apporter la paix avec la Chine.
Il ne laisserait jamais Taïwan «devenir la prochaine Ukraine». A moins d’un an des présidentielles à Taïwan, le milliardaire Terry Gou a annoncé ce lundi sa candidature en tant qu’indépendant. Le fondateur de Foxconn souhaite notamment apporter la paix avec la Chine.
«J'ai décidé de participer à l'élection présidentielle de 2024 et de présenter ma candidature», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. L'élection présidentielle à Taïwan se déroulera en janvier 2024. L'actuelle présidente Tsai Ing-wen termine son deuxième et dernier mandat.
«J'implore le peuple de Taïwan de m'accorder quatre ans», a ajouté cet homme d'affaires qui affiche depuis longtemps ses ambitions présidentielles. Il a toutefois échoué à obtenir l'investiture du Kuomintang (KMT), principal parti d'opposition de Taïwan. Le KMT lui a préféré un ancien chef de la police, Hou Yu-ih, aujourd'hui maire de la ville de New Taipei.
Selon les analystes les chances de succès de Terry Gou sont faibles face aux autres candidats de l'opposition qui vont affronter le vice-président Lai Ching-te, membre du Parti démocratique progressiste de la présidente actuelle et qui est actuellement en tête des sondages. Terry Gou s'est présenté devant la presse comme un responsable qui pourrait promouvoir la paix entre Taïwan et la Chine.
Le magnat des affaires
Né en 1950 de parents chinois, ces derniers ont fui le maoïsme de Mao Zedong pour venir s’installer à Taïwan. Terry Gou a, à la suite de ses études, travaillé jusqu’à 24 ans comme ouvrier dans une usine de caoutchouc.
En autodidacte, il a fondé l’usine de plasturgie Foxconn en 1974 avec seulement dix employés et l’équivalent d’environ 7.500 euros de capital de départ, prêtés par sa mère. Aujourd’hui, son entreprise est le plus important sous-traitant au monde en matériel informatique pour les principales marques commerciales internationales, telles qu'Apple.
Après avoir largement réussi dans les affaires et s’être installé durablement dans l’économie taïwanaise et celle de la Chine populaire à partir des années 1980, il a décidé en 2019 de candidater à l’investiture du Kuomintang (le plus ancien parti politique de la Chine contemporaine), pour l’élection présidentielle de 2020. Sa fortune était alors estimée à 6,7 milliards d’euros, faisant de lui la personne la plus riche de tout Taïwan.
Vaincu à la primaire du KMT, il a quitté plusieurs mois après le parti, abandonnant toute candidature. Mais le milliardaire est désormais de retour pour l’élection de 2024, affirmant toujours son souhait de garder de bonne relation entre Taïwan et la Chine.
290.000 signatures encore nécessaires
Néanmoins, au fil des années, les relations entre Pékin et Taipei se sont envenimées, en particulier depuis 2016 avec l'arrivée au pouvoir de la présidente Tsai Ing-wen, qui refuse toute prétention chinoise sur Taïwan, refuge des nationalistes chinois à la fin de la guerre civile en Chine, remportée par les communistes en 1949.
La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces dont elle veut le retour dans son giron, au besoin par la force, même si elle dit privilégier une voie pacifique. «Je promets d'apporter la paix dans le détroit de Taïwan pour les cinquante prochaines années et d'instaurer les plus profonds fondements de confiance mutuelle entre les deux parties», a déclaré Terry Gou lors de sa conférence de presse.
Du côté de KMT, le parti voit d’un mauvais œil sa candidature, dont un des leaders a même estimé que l’arrivée de Terry Gou pourrait, dans la course à la présidence, créer le chaos dans l'opposition. L’homme d’affaires reste toutefois motivé, promettant qu'il «ne laisserait jamais Taïwan devenir la prochaine Ukraine» en référence à son invasion par la Russie.
Il faudra toutefois au patron de Foxconn, encore recueillir 290.000 signatures pour être éligible. Terry Gou a organisé ces derniers mois plusieurs événements aux allures de campagne électorale à Taïwan.