Le «thermomètre mouillé», cet indicateur indispensable lors des vagues de chaleur, permet d’établir la quantité maximale de chaleur et d’humidité que le corps humain peut supporter.
A quel point le corps humain peut-il lutter contre la chaleur ? C’est ce que permet d’établir le «thermomètre mouillé» ou «température humide», un indicateur attestant de la limite à la quantité de chaleur et d’humidité que le corps humain peut supporter.
Désormais principalement calculé via les données de chaleur et d'humidité, l'effet de «thermomètre mouillé» était initialement mesuré en plaçant un chiffon humide sur un thermomètre et en l'exposant à l'air. Cela a servi à mesurer la vitesse à laquelle l'eau s'évaporait du tissu, comme la transpiration de la peau. La limite théorique de survie humaine de 35° au «thermomètre mouillé» représente 35°C avec une humidité de 100% - ou 46°C avec 50% d'humidité.
Cela permet ainsi d’établir qu’une personne même jeune et en bonne santé, peut mourir après six heures à 35 degrés en température au «thermomètre mouillé» («Wet Bulb Globe Temperature», TW), selon des recherches. Dans cette situation, l'humidité contenue dans l'air chaud empêche l'évaporation de la transpiration - principal outil du corps pour abaisser sa température -, pouvant entraîner un coup de chaleur, une défaillance d'organes, voire la mort.
Une limite atteinte une douzaine de fois dans le monde
Une température de 35 degrés au «thermomètre mouillé» a déjà été atteinte une douzaine de fois dans le monde jusqu'ici, principalement en Asie du Sud et dans le golfe Persique, d’après Colin Raymond, chercheur de la Nasa. Ces épisodes n'ayant jusqu'ici jamais dépassé deux heures, aucun «événement de mortalité massive» n'y a été lié, a noté cet expert, principal auteur d'une étude parue en 2020. Néanmoins, avec les températures qui continuent d’augmenter (juillet 2023 ayant été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre), les épisodes de TW vont se multiplier, selon les scientifiques.
La fréquence des pics de chaleur humide a plus que doublé dans le monde depuis 1979 et les températures «dépasseront régulièrement 35°TW» dans différentes parties du globe si le réchauffement mondial atteint +2,5°C, selon les travaux de Colin Raymond. A noter que l'Asie du Sud et du Sud-Est, le golfe Persique, le golfe du Mexique et certaines parties du continent africain sont les régions les plus exposées.
Si les limites d’endurance en termes de températures dépendent de chacun, les recherches de Colin Raymond ont également montré qu’avec le phénomène climatique El Niño, ce dernier a accru l'effet «thermomètre mouillé» par le passé. De retour depuis peu, ce grave épisode météorologique, cyclique, fera sentir ses pleins effets vers la fin de cette année et perdurera l'année suivante.
D’autant plus que les pics du TW sont aussi étroitement liés aux températures océaniques de surface, a précisé le chercheur. Or les océans ont battu la semaine dernière un nouveau record mondial de température, supérieur au précédent de 2016, selon l'observatoire climatique de l'Union européenne, Copernicus.