Le parti de droite du Premier ministre sortant est arrivé en tête des élections ce dimanche 21 mai en Grèce. Mais faute de majorité absolue, Kyriakos Mitsotakis appelle à de nouvelles élections en juin.
Les conservateurs de la Nouvelle-Démocratie (ND), parti au pouvoir depuis quatre ans en Grèce, sont arrivés en tête des élections législatives ce dimanche avec 40,8% des suffrages.
Nouvelle-Démocratie devance très nettement la gauche de l'ancien chef de gouvernement Alexis Tsipras qui n'a recueilli que 20% des voix, devant le parti socialiste Pasok-Kinal qui a enregistré un score de 11,6%.
Toutefois, le Premier ministre sortant Kyriakos Mitsotakis rate de peu la majorité absolue. Son camp obtient 146 sièges de députés, or il lui en fallait cinq de plus pour pouvoir former un gouvernement seul.
pas de coalition possible
Dans un pays où la culture politique du compromis est moins forte que dans d'autres régimes parlementaires, Kyriakos Mitsotakis refuse de former un gouvernement de coalition.
Ce lundi, il a appelé à de nouvelles élections, «peut-être le 25 juin», pour tenter de s'assurer d'une majorité absolue.
Ce nouveau scrutin sera organisé en application d'une réforme de la loi électorale votée par le gouvernement sortant, dite de «proportionnelle renforcée», qui octroie un bonus allant jusqu'à 50 sièges au premier parti.
chômage en baisse
Durant sa campagne électorale, Kyriakos Mitsotakis, diplômé de Harvard et fils d'un ancien Premier ministre, n'a cessé de brandir son bilan économique. Dimanche après avoir voté à Athènes, il a assuré vouloir faire de la Grèce «un pays plus fort avec un rôle important en Europe».
Chômage en baisse, croissance de près de 6% l'an dernier, retour des investissements et envolée du tourisme, l'économie a repris des couleurs après les années de crise aiguë et de plans de sauvetage européens.
Son adversaire, qui incarna en 2015 les espoirs de la gauche radicale en Europe, avait voulu voir dans ces élections «un jour d'espoir» pour «tourner la page de quatre années difficiles» avec un gouvernement «arrogant et qui ne s'intéresse pas aux plus nombreux».
difficultés économiques
La baisse du pouvoir d'achat et les difficultés à boucler les fins de mois restent les principales préoccupations d'une population qui a consenti de douloureux sacrifices ces dix dernières années. De nombreux Grecs doivent se contenter de bas salaires et ont perdu confiance dans des services publics réduits à peau de chagrin après des cures d'amaigrissement drastiques.
Le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170% de son PIB et l'inflation a frôlé l'an dernier les 10% aggravant encore les difficultés de la population.
Fin février, la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts a réveillé la colère qui ronge la Grèce depuis la crise et déclenché des manifestations contre le gouvernement accusé d'incurie.
le premier ministre accusé de dérive autoritaire
Les contempteurs de Kyriakos Mitsotakis lui reprochent une dérive autoritaire depuis son arrivée au pouvoir. Son mandat a été émaillé de scandales, notamment des affaires d'écoutes illégales et de violences policières.
En mars, le Parlement européen a dénoncé des «menaces sérieuses à l'Etat de droit et aux droits fondamentaux» en Grèce, selon l'eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld.
La Grèce, lanterne rouge de l'UE en matière de liberté de la presse dans le classement annuel de Reporters sans frontières, est aussi régulièrement accusée de refouler des migrants vers la Turquie. Les autorités ont été mises en cause cette semaine après la publication par le New York Times d'une vidéo attestant du refoulement de migrants dans les eaux territoriales turques.