Après sa rencontre avec les diplomates français, la tournée politique internationale du président brésilien Lula se poursuit. Il s’est envolé jeudi pour les États-Unis et sera reçu par Joe Biden à la Maison Blanche ce vendredi.
Argentine, Allemagne, France… Le nouveau président brésilien Lula a déjà rencontré les représentants de nombreux pays depuis son investiture en janvier dernier. Une tournée diplomatique qui vise à redonner au Brésil ses lettres de noblesse sur la scène internationale, après le mandat de son prédécesseur Jair Bolsonaro, pendant lequel le dialogue avec les nations étrangères avait été plus limité.
Après avoir reçu la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna cette semaine, Lula s’est envolé ce jeudi direction les États-Unis. Il est accompagné de ses ministres des Relations extérieures, des Finances, de l’Environnement et de l’Égalité raciale.
«La visite du président Lula aux États-Unis, au tout début de son mandat et à l'invitation du président Biden, marque la reprise des relations entre les deux pays qui, en 2024, fêteront 200 ans de diplomatie», s'est réjouie la présidence brésilienne dans un communiqué.
Les changements climatiques à l'agenda
Lula sera reçu à la Maison Blanche en fin de journée ce vendredi, où il échangera avec Joe Biden, notamment sur la question environnementale et climatique, mais également énergétique et économique, les États-Unis étant le deuxième partenaire commercial du Brésil et le principal pays de destination des exportations de produits industriels brésiliens.
Les deux chefs d’État devraient également revenir sur les attaques contre la démocratie dont ils ont chacun été les victimes, le 6 janvier 2021 pour Joe Biden l’invasion du Congrès américain par des partisans de Donald Trump, et le 8 janvier 2023 pour Lula avec l’attaque des bolsonaristes contre le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême brésilienne.
«Une attention particulière sera également accordée à la promotion de l'agenda des droits de l'homme, notamment dans des domaines tels que la lutte contre la faim et la pauvreté au niveau mondial, les droits des peuples indigènes et la lutte contre le racisme, ainsi que l'intégration des deux millions de Brésiliens qui vivent aux États-Unis, notre plus grande communauté à l'étranger», a précisé le Palais du Planalto.
Ce déplacement aux États-Unis sera également l’occasion pour Lula et sa délégation de rencontrer le sénateur Bernie Sanders, qui avait été l’un des architectes d’une résolution adoptée par le Congrès américain visant à reconnaître immédiatement le résultat des urnes lors de l’élection présidentielle au Brésil en octobre dernier, alors que certains observateurs craignaient une tentative de coup d’État du président sortant Jair Bolsonaro.
Lula rencontrera également les membres démocrates de la Chambre des Représentants, et doit s’entretenir avec les représentants de la Fédération américaine du Travail, le principal regroupement syndical des États-Unis, Lula ayant lui-même commencé sa carrière politique en tant que membre du syndicat des métallurgistes au Brésil dans les années 1960.
la diplomatie au premier plan
Cette visite s’inscrit dans la volonté de Lula de nouer de bonnes relations avec les États-Unis, comme il avait pu en avoir lors de ses deux premiers mandats avec Georges W. Bush et Barack Obama, bien qu’il puisse y avoir de vrais désaccords politiques entre le leader de la gauche brésilienne et ses homologues américains.
La participation indirecte des pays Occidentaux dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie pourrait par exemple être un sujet de discorde entre Joe Biden et Lula. Ce dernier avait créé la polémique en affirmant que Volodymyr Zelensky était «aussi responsable» que Vladimir Poutine dans cette guerre, et en estimant que le président ukrainien aurait dû davantage chercher à dialoguer avec Vladimir Poutine plutôt qu’à s’exprimer devant les parlements des pays occidentaux.
Le retour de la diplomatie au cœur de la stratégie politique brésilienne marque une rupture avec l’ancien président Jair Bolsonaro, qui, malgré son entente et son admiration affichée pour Donald Trump lorsqu’il était encore à la Maison Blanche, n’a pas brillé par la qualité de sa gestion des relations internationales. Lui et certains membres de son gouvernement n’avaient pas manqué d’insulter copieusement Emmanuel Macron et son épouse au cours de son mandat en 2019 lors des terribles incendies en Amazonie que le président français avait déplorés.
Ces multiples rencontres internationales en tout début de mandat marquent le ton des prochaines années du président Lula, qui a déjà proposé d’organiser la COP30 en 2025, et qui souhaite également organiser un sommet sur l’Amazonie au printemps, auquel Emmanuel Macron pourrait participer.