Emmanuel Macron rencontre ce jeudi 2 février le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en visite en France pour la première fois depuis son retour au pouvoir. Le regain de violences israélo-palestiniennes, mais aussi le nucléaire iranien, devraient faire partie des discussions.
Une visite sur fond de graves tensions. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se rend ce jeudi à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron, alors que la zone israélo-palestinienne est frappée par une flambée de violences.
Benjamin Netanyahou, qui a précédemment été Premier ministre de 2009 à 2021, est revenu au pouvoir le mois dernier à la tête d'une coalition comprenant des partis de droite, d'extrême droite et juifs ultra-orthodoxes. Il fera en France sa première visite depuis son retour aux affaires israéliennes.
L'annonce de cette visite prévue jusqu'au 4 février intervient alors que des violences israélo-palestiniennes se sont accrues ces derniers jours. Au lendemain d'un raid anti-terroriste israélien en Cisjordanie - le plus meurtrier depuis des années - suivi de tirs de roquettes de Gaza vers Israël et de frappes aériennes israéliennes de représailles, un Palestinien a tué sept personnes à Jérusalem-Est, vendredi 27 janvier.
une spirale de violences
Samedi, un autre a blessé deux Israéliens et dimanche, des gardes israéliens ont tué un Palestinien en Cisjordanie. Lundi, les forces israéliennes ont tué un Palestinien à Hébron, dans le sud de ce territoire, selon les autorités palestiniennes. L'armée a dit avoir tiré sur un conducteur qui prenait la fuite lors d'un contrôle.
Les violences font craindre une nouvelle escalade et les appels à la retenue se sont multipliés dans le monde. Le président français Emmanuel Macron a exhorté dimanche Israéliens et Palestiniens à «éviter des mesures susceptibles d'alimenter l'engrenage de la violence». Un message également relayé par le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, arrivé à Jérusalem lundi et à Ramallah (Cisjordanie) mardi pour travailler à une désescalade.
menace iranienne
La recrudescence de violences dans la région israélo-palestinienne n'est pas nouvelle et dure depuis près d'un an. Selon une banque de données compilées par l'AFP, le conflit israélo-palestinien a fait 235 morts en 2022, à plus de 80 % palestiniens. On compte parmi ces victimes la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, dont la mort lors d'un raid israélien avait provoqué une polémique internationale.
En 2023, le bilan s'établit déjà à 39 morts : 32 Palestiniens (incluant des auteurs d'attaques, des combattants et des civils) et les sept victimes de l'attentat près de la synagogue à Jérusalem-Est.
Outre la question israélo-palestinienne, l'Iran, rival historique d'Israël, devrait faire l'objet d'intenses discussions entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou. Alors que les négociations pour un retour du régime iranien dans l’accord sur le nucléaire (JCPOA) sont au point mort, Téhéran poursuit son programme nucléaire et inquiète Jérusalem. Paris dénonce de son côté une «une politique d'otages d'Etat», alors qu'au moins sept Français sont détenus en Iran pour atteinte à la sécurité nationale ou encore espionnage.
Benjamin Netanyahou contesté
Benjamin Netanyahou, favorable à une politique de fermeté vis-à-vis de la Palestine, est confronté à une fronde d'une partie de la classe politique et de la population qui lui reprochent notamment ses multiples affaires de corruption, actuellement en jugement. En Israël, le Premier ministre ne dispose d'aucune immunité judiciaire mais n'a pas à démissionner ni à se retirer pendant la durée de son procès.
Benjamin Netanyahou a connu un revers politico-judiciaire le 22 janvier, lorsqu'il a démis de ses fonctions son ministre de la Santé et de l'Intérieur Arié Dery, également numéro deux du gouvernement et chef du parti ultra-orthodoxe Shass. La Cour suprême d'Israël a en effet invalidé sa nomination en rappelant que Arié Dery avait annoncé début 2022 son retrait de la vie politique pour éviter une peine de prison après sa condamnation pour fraude fiscale. Cette mise en retrait était une condition fixée par la justice pour lui éviter la prison.
Les députés avaient pourtant voté un texte, baptisé «loi Dery» par la presse, autorisant une personne reconnue coupable d'un crime, mais pas condamnée à la prison ferme, à siéger au gouvernement. C'était sans compter sur la Cour suprême qui a critiqué cette loi et estimé que la nomination du ministre était «en grave contradiction avec les principes fondamentaux de l'Etat de droit».
Mi-janvier, quelque 100.000 Israéliens ont manifesté à Tel-Aviv contre le «gouvernement de la honte» de Benjamin Netanyahou, dont ils craignent la dérive antidémocratique. Il s'agit de la manifestation la plus importante depuis la prestation de serment le 29 décembre du gouvernement.