Les autorités brésiliennes ont arrêté samedi Anderson Torres, l'ex-ministre ministre de la Justice de Jair Bolsonaro. L'ancien président d'extrême droite fait lui même l'objet d'une enquête sur son rôle dans le saccage des institutions nationales le 8 janvier à Brasilia.
L'enquête se poursuit après l'assaut des institutions brésiliennes par des partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro, le 8 janvier à Brasilia. Ce samedi 14 janvier, le secrétaire à la Sécurité du District fédéral de Brasilia, Anderson Torres, a été arrêté à son arrivée à l'aéroport de Brasilia. Il «a été placé en détention, et restera à la disposition de la justice», a précisé la police fédérale.
Ex-ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, Anderson Torres était en voyage aux Etats-Unis au moment des violences. Mais soupçonné de connivence avec les émeutiers, il avait fait l'objet d'un mandat d'arrêt.
Son secrétaire exécutif Fernando de Sousa Oliveira, qui le remplaçait en son absence, est aussi visé par l'enquête. Selon un enregistrement obtenu par la presse brésilienne, il aurait qualifié la manifestation des pro-Bolsonaro de «pacifique» quelques minutes avant l'invasion du Congrès, du palais présidentiel et du Tribunal suprême fédéral (TSF).
une arme «anticonstitutionnelle» pour annuler la victoire de lula ?
Anderson Torres est également inquiété par la découverte à son domicile d'un document de trois pages lié à l'élection présidentielle des 2 et 30 octobre. Celui-ci prévoyait que le gouvernement fédéral prenne le contrôle du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui veille à la bonne marche du scrutin, «pour assurer la préservation et le rétablissement de la transparence, et approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022». Une mesure jugée anticonstitutionnelle par de nombreux juristes et qui aurait pu aboutir à l'annulation de l'élection de Lula.
Le décret présidentiel - qui n'a jamais vu le jour - prévoyait la création d'une «commission de régulation électorale» pour remplacer le TSE, avec à sa tête une majorité de membres issus du ministère de la Défense (8 sur 17). Le document n'est pas daté, mais le nom de Jair Bolsonaro se trouve à la fin, sur un espace prévu pour sa signature.
Anderson Torres a déclaré jeudi soir sur Twitter que ce brouillon se trouvait «probablement dans une pile de documents censée être détruite en temps voulu», et a affirmé que sa divulgation était hors contexte.
«L'emprisonnement d'Anderson Torres nous rapproche de l'identification du réseau qui a rendu cette attaque terroriste possible», a déclaré de son côté le ministre de la Justice Flavio Dino.
une vidéo partagée par Bolsonaro dans le viseur des enquêteurs
L'arrestation d'Anderson Torres intervient au lendemain de l'annonce par le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes de l'inclusion, comme le demandait le parquet général, de Jair Bolsonaro dans son enquête sur les éventuels instigateurs de ces violences.
L'ancien chef d'Etat «a effectué une incitation publique à l'exécution d'un crime» en diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo «mettant en cause la régularité de l'élection présidentielle de 2022», avait expliqué le parquet dans un communiqué. Cette vidéo a été publiée deux jours après l'invasion du siège de la présidence, du Congrès et de la Cour suprême par des milliers de bolsonaristes, puis effacée, a rappelé le parquet. Elle pourrait selon lui apporter «un lien de preuve» justifiant «une enquête globale sur les actes effectués avant et après le 8 janvier 2023» par l'ancien dirigeant populiste.
Jair Bolsonaro «n'a jamais eu le moindre lien ou participation avec ces mouvements», ont affirmé ses avocats dans un communiqué transmis à l'AFP, en attribuant les violences de Brasilia à des éléments «infiltrés».
Jair Bolsonaro, qui se trouve aux Etats-Unis depuis fin décembre, avait aussi été épinglé vendredi pour des dépenses faramineuses effectuées avec la carte bancaire présidentielle durant son mandat.