Le Saint-Siège a annoncé l'ouverture d'une enquête sur la mystérieuse disparition d'une adolescente au Vatican en 1983, a-t-on appris ce mardi.
Qu'est-il arrivé à la jeune Emanuela Orlandi en 1983? Un des «cold case» les plus célèbres du Vatican vient d'être relancé. En effet, la disparition de la jeune fille à l'âge de 15 ans est une affaire qui n'a jamais été élucidée par les autorités.
L'Italienne, dont le père travaillait pour le Vatican, a disparu après un cours de musique dans le centre de Rome, le 22 juin 1983. Depuis, de nombreuses thèses ont été avancées mais le mystère demeure. Les Italiens suivent de près cette histoire tragique où se mêlent la mafia, les services secrets, les hautes autorités vaticanes mais aussi la franc-maçonnerie.
ouverture d'une tombe en 2012
Une ancienne maîtresse d'Enrico de Pedis - le célèbre chef du groupe mafieux «la banda della Magliana» également soupçonné d'appartenir à un groupe de franc-maçons - a affirmé que ce dernier avait enlevé la jeune fille et coulé son corps dans du béton.
La justice italienne est allée jusqu'à faire ouvrir en 2012 la tombe du parrain mais les analyses ADN n'ont rien démontré.
revelations dans un documentaire
Cette affaire aux multiples rebondissements a fait l'objet d'une série documentaire diffusée fin 2022 sur Netflix, dans laquelle le frère d'Emanuela, Pietro, affirme que le pape François lui aurait avoué : «Elle est au ciel», laissant entendre - selon la famille - que le Vatican sait ce qu'est devenue la jeune fille.
Le documentaire, dans lequel des témoignages confirment la thèse de l'enlèvement, donne aussi la parole à une amie de l'adolescente affirmant qu'Emanuela lui aurait confié avoir été «importunée» par les avances sexuelles d'un proche du pape Jean Paul II dans les jardins du Vatican, quelques jours avant sa disparition.
la famille demande la justice
En 2019, à la demande des membres de la famille suite à un message énigmatique reçu par leur avocate, le Vatican avait autorisé l'ouverture des tombes de deux princesses mortes au XIXe siècle dans le cimetière teutonique ; mais celles-ci ne contenaient pas d'ossements. Des experts avaient également examiné les restes retrouvés dans deux ossuaires du Saint-Siège, mais sans succès.
L'avocate de la famille, Laura Sgro, souhaite désormais connaître les intentions de la justice vaticane.
«Je demande depuis des années que certaines personnalités appartenant au sommet du Vatican soient entendues (...), malheureusement certaines sont décédées entre-temps», a t-elle déploré.
Malgré l'ancienneté du dossier, la famille d'Emanuela continue de réclamer justice.