Le président de la République Emmanuel Macron s'est envolé mardi 29 novembre pour les Etats-Unis à l'occasion d'une visite d'Etat qui démarre ce mercredi pour durer jusqu’à vendredi. Inflation, nucléaire, Ukraine, espace ou encore culture, de nombreux enjeux seront au coeur des échanges avec son homologue, le président américain Joe Biden.
Une deuxième visite historique pour Emmanuel Macron aux Etats-Unis. Parti ce mardi de Paris à destination de Washington, le président de la République Emmanuel Macron entame une visite d'Etat en terres américaines qui se tient jusqu'à vendredi.
Suivant le programme communiqué, après un accueil officiel sur la base militaire d'Andrews, située à une quinzaine de kilomètres de la capitale américaine, suivie d'une soirée privée, les choses sérieuses doivent commencer ce mercredi pour le chef de l'Etat, notamment avec une cérémonie prévue au cimetière militaire d'Arlington.
Puis, demain jeudi, tous les regards seront tournés du côté de la Maison Blanche, puisque la présidence américaine y organise un somptueux dîner d'Etat. C’est la deuxième fois qu’Emmanuel Macron y est invité depuis le début de son premier mandat, la première fois ayant eu lieu en avril 2018, avec Donald Trump comme président américain à l’époque.
C’est aussi le premier président français de l’histoire recevant cet «honneur», témoignage d’une grande proximité entre les deux leaders occidentaux. Un séjour qui s'accompagne automatiquement de plusieurs enjeux de part et d'autre.
Synchroniser les agendas
Le premier et principal enjeu de cette visite d'Etat va consister pour Emmanuel Macron à consolider le «partnership» (partenariat : ndlr) entre les Américains et les Européens. S'il est accompagné d’une délégation française comprenant plusieurs ministres et industriels, le président de la République doit en effet aussi représenter les intérêts européens.
Emmanuel Macron et Joe Biden se sont souvent rejoints sur de nombreux points, mais la crise de l’inflation, qui s’abat depuis plusieurs mois sur les économies occidentales, a quelque peu «désynchronisé» les agendas français - et européens - de celui des Américains.
Ceci concrètement en raison de «l'Inflation Reduction Act» (IRA) américain. Voté en août dernier, ce texte, censé aider à lutter contre le changement climatique tout en recentrant l’économie des Etats-Unis sur un logiciel plus vert, reste décrié par l'Union européenne qui y voit une violation des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Pour cause, la France reproche à cette loi de provoquer une distorsion de concurrence avec son crédit d'impôt pour l'achat, par exemple, d'une voiture électrique construite dans une usine américaine avec une batterie fabriquée localement.
Cette «discrimination des importations», en particulier des produits européens dit-on dans l'entourage de l'Elysée, pourrait provoquer une désertion des industriels en Europe, attirés par l’offre alléchante de la première puissance mondiale.
Si les Etats-Unis semblent très réticents à l’idée de changer quoi que ce soit, des exemptions et autres mesures seront abordées, grâce au «Buy European Act» présenté comme un équivalent européen.
Aide à l'Ukraine
Alors que la moitié des habitants de Kiev étaient toujours privés d’électricité la semaine dernière, suite aux nombreuses frappes russes dans tout le pays, Emmanuel Macron et Joe Biden devraient aussi se mettre d’accord sur l’organisation des aides militaires en Ukraine.
Si Washington a déjà annoncé une aide supplémentaire de 400 millions de dollars le 23 novembre dernier, comprenant des armes, des munitions et de l’équipement de défense antiaérienne ainsi que des générateurs afin que les habitants puissent lutter pendant l’hiver face aux températures négatives et aux coupures d’électricité, Kiev ne cesse de presser les Occidentaux d'accroître leurs efforts.
Cela quand bien même, le Parlement européen a, de son côté, approuvé dans le même temps une aide financière d’un montant de 13 milliards d’euros pour 2023. Cependant la Hongrie, en conflit avec Bruxelles, a bloqué cette décision, préférant verser une aide nationale de 187 millions d’euros.
A noter que, bien que sorti de l'UE, le Royaume-Uni se distingue sur ce dossier, jouant sa propre partition, et a annoncé la livraison de 24 ambulances supplémentaires et une rallonge de trois millions de livres (un peu moins de 3,5 millions d'euros) pour aider à la reconstruction d’infrastructures.
Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), les besoins de l’Ukraine nécessitaient entre trois et quatre milliards d’euros par mois en 2023.
Le nucléaire et l'Iran
Accompagné du nouveau PDG d’EDF Luc Rémont, Emmanuel Macron compte aussi, au cours de ce séjour, se concentrer sur le nucléaire et les énergies propres. Alors que la COP27 s’est achevée le 18 novembre dernier, il faut désormais mettre la machine en marche.
Et pour cela, les Etats-Unis pourraient être une bonne aide avec leurs 92 réacteurs électronucléaires répartis sur 54 centrales. Le pays est le plus grand producteur d’électricité nucléaire au monde, qu’ils utilisent depuis près de quatre-vingts ans. Il s’agira donc de se coordonner sur un «pas d’avance» à prendre entre les deux puissances sur les énergies renouvelables de manière générale.
Discuter du nucléaire signifie également aborder la situation de l’Iran. En effet l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a récemment affirmé que le pays était en train de produire de l’uranium enrichi à 60 %, se rapprochant dangereusement de la production d’une bombe atomique.
Cela fait acte de violation de l’accord entre Téhéran et les grandes puissances nucléaires, visant à empêcher l’Iran de se doter de larme atomique. Un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a d'ailleurs exprimé récemment la «profonde préoccupation» des Etats-Unis face «à la progression du programme nucléaire» iranien. Et dans une déclaration commune, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont condamné l'extension qui «vide» l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 «de son contenu».
renforcer la coopération dans l'espace
Les spationautes Thomas Pesquet et Sophie Adenot, récemment promue, ainsi que l’astrophysicienne Fatoumata Kébé seront également de la partie. Membres de l’Agence spatiale européenne (ESA), les deux premiers incarnent aujourd’hui la présence française dans l’espace et l'expertise du trio sur ce volet sera bien sûr très précieuse.
Sous l'égide de la NASA, les agences spatiales européennes et américaines ont signé un protocole d’accord sur la mission Lunar Pathfinder, le futur premier satellite de télécommunications autour de la Lune construit par le Britannique SSTL.
L’ESA est avant tout impliquée dans le programme américain Artemis destiné à renvoyer des astronautes sur la Lune autour de 2025, et à construire une mini-station en orbite lunaire, le Lunar Gateway. Emmanuel Macron aura l'occasion d'aborder ces sujets avec la vice-présidente américaine Kamala Harris, abordant aussi de futurs projets d'exploration.
la francophonie et le sport pas oubliés
Après Charles de Gaulle et Valéry Giscard d’Estaing, Emmanuel Macron sera le troisième président de la République à se rendre à La Nouvelle-Orléans. Attendu sur place vendredi 2 décembre, cette escale et dernière étape du séjour présidentiel vient ainsi ajouter une dimension culturelle au voyage, avec la francophonie en toile de fond.
A cette occasion, aux côtés de nombreux visages emblématiques de la culture francophone, sera en effet célébré «l’esprit français». Dans la volonté de faire rayonner la France, le président de la République devrait officialiser le lancement d'un «Fonds Langue française», consistant à diffuser et promouvoir l’enseignement de la langue française dans la région.
Le sport sera aussi à l’ordre du jour, à travers les JO de Paris 2024, en compagnie du gouverneur de la Louisiane du parti démocrate, John Bel Edwards, avec lequel sera également débattue la question du dérèglement climatique. Un sujet rejeté par une grande majorité des habitants du coin malgré les nombreuses catastrophes naturelles dont ils font face chaque année.