Une journaliste américaine, E. Jean Carroll, qui accuse Donald Trump de l'avoir violée dans les années 1990, a relancé jeudi 24 novembre 2022, son action en justice civile contre l'ancien président des États-Unis. Et ce, grâce à une nouvelle loi à New York qui protège les victimes d'agressions sexuelles.
C’est une double affaire judiciaire de viol et de diffamation présumés qui oppose devant la justice fédérale civile de Manhattan depuis 2019, Madame Carroll 78 ans, à Monsieur Trump, 76 ans. Tous deux ont produit en octobre leurs dépositions sous serment devant un juge new-yorkais. Grâce à une nouvelle loi qui protège les victimes d’agressions sexuelles, E. Jean Carroll a relancé son action en justice contre l'ancien président des Etats-Unis qu’elle accuse de viol.
Dans la procédure en diffamation, E. Jean Carroll, autrice et ancienne chroniqueuse du magazine Elle, avait attaqué Donald Trump au civil en novembre 2019. Elle l'accusait de l'avoir diffamée pour avoir qualifié de «mensonge complet» en juin 2019, ses allégations de viol dans une cabine d'essayage d'un grand magasin new-yorkais en 1995 ou 1996.
Le président républicain alors en exercice (2017-2021), avait répondu ne l'avoir jamais rencontrée et qu'elle n'était «pas son genre de femme». Ses avocats ont en outre, toujours affirmé qu'il était protégé en 2019 par son immunité de chef d'État.
Plusieurs documents rendus publics
Quant aux accusations de viol, E. Jean Carroll n'avait pas pu déposer plainte en bonne et due forme en 2019 puisque les faits allégués étaient prescrits. Or ce jeudi 24 novembre est entrée en vigueur une nouvelle loi de l'État de New York («Adult Survivors Act») permettant pendant un an, aux victimes d'agressions sexuelles, de réactiver leurs éventuelles anciennes plaintes et réclamer un procès au civil.
Kaplan Hecker and Fink, cabinet d'avocats de Madame Carroll et la justice fédérale de Manhattan ont donc rendu publics plusieurs documents judiciaires accusant notamment Donald Trump de «viol». Il demande alors, un procès au civil en 2023 afin d'obtenir des dommages et intérêts.
Dans l'introduction de la plainte aujourd'hui recevable et qui relate tous les faits, Donald Trump y est accusé «Il y a environ vingt-sept ans (...) dans le grand magasin de luxe Bergdorf Goodman sur la Cinquième Avenue à New York (de) s'être saisi de E. Jean Carroll, de l'avoir plaquée et coincée contre la paroi d'une cabine d'essayage avec son épaule et de l'avoir violée».
Une parole libérée grâce à #MeToo
La plaignante s'était tue pendant plus de vingt ans avant de raconter son histoire dans un livre à la fin des années 2010, à la faveur du mouvement #MeToo lancé en 2017 contre les violences faites aux femmes.
«Si je respecte et admire les gens qui prennent la parole, ce cas constitue malheureusement un détournement de l'objectif de la loi qui crée un grave précédent et risque de délégitimer la parole de victimes véritables» a réagi auprès de l'AFP Alina Habba, avocate de Donald Trump dans le dossier.
En octobre dernier, l'ancien président avait qualifié ces accusations de «canular et de mensonges». Et cette nouvelle diatribe de l'homme d'affaires le 12 octobre sur son réseau Truth Social, tournant en dérision ce viol présumé, permet également à Madame Carroll de relancer le volet diffamation de son action en justice contre l’ancien président des États-Unis, visé cette fois comme simple citoyen sans immunité présidentielle.