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Royaume-Uni : le ministre des Finances remercié, Liz Truss se résout à augmenter l'impôt sur les sociétés

Liz Truss a nommé Jeremy Hunt pour succéder à Kwasi Kwarteng au ministère des Finances.[Daniel LEAL / POOL / AFP]

Dans la tourmente, la Première ministre britannique, Liz Truss, s'est résolue à des concessions sur son programme économique, et a limogé son ministre des Finances.

Confrontée à la crise économique et politique frappant actuellement le Royaume-Uni, la Première ministre britannique, Liz Truss, tente de rassurer les marchés et les rangs conservateurs. Ce vendredi 14 octobre, elle a limogé son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, et accepté d'augmenter l'impôt sur les sociétés,, alors qu'elle s'y refusait jusqu'ici.

Lors d'une très brève conférence de presse, la Première ministre britannique a évoqué son «mini-budget», fait de baisses d'impôts et d'aides énergétiques, qui a fait plonger fin septembre la livre sterling à son plus bas historique et fait flamber les taux d'emprunt de l'Etat britannique.

Elle a reconnu que «certaines parties» de ce plan budgétaire «allaient trop loin et trop vite par rapport à ce que les marchés attendaient», avant de revenir sur sa position concernant l'impôt sur les sociétés. Alors qu'elle souhaitait jusqu'ici le baisser de 25 à 19%, Liz Truss s'est finalement résolue à l'augmenter, comme l'avait prévu le précédent gouvernement conservateur.

Se disant «absolument déterminée à tenir» sa promesse d'«une croissance plus forte» pour l'économie britannique», la Première ministre a déclaré : «Ce que j'ai fait aujourd'hui, c'est m'assurer que nous ayons une stabilité économique dans ce pays».

Peu de temps avant de prendre la parole, la cheffe du gouvernement britannique avait déjà démis son ministre des Finances de ses fonctions. Alors qu'il participait aux réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale à Washington, Kwasi Kwarteng est rentré plus tôt que prévu pour se rendre à Downing Street, ce vendredi matin.

Il a ensuite confirmé son limogeage dans une lettre adressée à Liz Truss qui commence ainsi : «Vous m'avez demandé de démissionner en tant que Chancelier» de l'Echiquier, «j'ai accepté». Kwasi Kwarteng explique ensuite qu'il avait, dès le départ, accepté ce poste en «sachant parfaitement que la situation à laquelle nous faisons face était incroyablement difficile, avec la hausse des taux d'intérêt dans le monde et les prix de l'énergie».

Ne montrant pas de rancune, il loue la «vision d'optimisme, de croissance et de changement» portée selon lui par Liz Truss, et se dit toujours aussi convaincu par sa politique. «Je crois que votre vision est la bonne [...] L'environnement économique a changé rapidement depuis que nous avons présenté notre plan de croissance le 23 septembre, écrit-il. Il est important à présent que nous allions de l'avant pour souligner l'engagement de votre gouvernement envers la discipline budgétaire.»

Saluant le «dévouement» et la «détermination» de la Première ministre, il evoque leur amitié qui dure «depuis de nombreuses années», et se félicite d'avoir eu l'«honneur de servir en étant [son] premier Chancelier».

Kwasi Kwarteng, 47 ans, était arrivé à la tête du Trésor britannique début septembre avec la lourde tâche de sortir le Royaume-Uni d'une grave crise du coût de la vie sans faire plonger les finances publiques. Il a fait les frais du «mini budget», ce «plan de croissance» massif et mal financé qui a semé la panique sur les marchés.

En démissionnant après à peine plus d'un mois de fonction, il signe le deuxième plus court passage au ministère des Finances depuis la Seconde guerre mondiale. La première place est occupée par Iain Macleod, décédé un mois seulement après avoir été nommé, en juin 1970.

Peu après le limogeage de Kwasi Kwarteng, Liz Truss a nommé son successeur : Jeremy Hunt. Agé de 55 ans, cet ancien ministre des Affaires étrangères et de la Santé était candidat cet été pour succéder à Boris Johnson comme Premier ministre. Il s'était ensuite rallié à Rishi Sunak, concurrent de Liz Truss.

LIZ TRUSS EN DIFFICULTÉ DANS LES SONDAGES

En parallèle, Downing Street a aussi annoncé d'autres mouvements au sein de l'équipe en charge des Finances. Une stratégie qui vise là encore à rassurer les conservateurs et les marchés après les remous créés par la politique économique du gouvernement.

Rachel Reeves, la responsable de l'opposition travailliste pour l'économie, n'est pour sa part pas convaincue. «Changer de Chancelier ne défait pas les dégâts qui ont déjà été faits [...] nous avons besoin d'un changement de gouvernement, a-t-elle affirmé sur Twitter. Seul le Labour offre le leadership et les idées pour sécuriser l'économie et sortir la Grande-Bretagne de ce bazar».

Dans ce contexte, les récents sondages réalisés au Royaume-Uni sont désastreux pour Liz Truss. Ils prédisent notamment une défaite cuisante de la majorité conservatrice avant les prochaines élections générales de 2024 et, d'après la presse britannique, certains députés au sein du camp de la Première ministre sont déjà à la manœuvre pour l'évincer.

Les Britanniques, confrontés ces dernières semaines à des taux d'emprunt immobilier qui montent en flèche, s'ajoutant à une inflation à 10%, perdent confiance et patience. Selon un sondage Yougov publié jeudi soir, 50% d'entre eux veulent que le parti conservateur remplace Liz Truss, et près de la moitié (43%) des électeurs ayant voté pour le parti conservateur lors du dernier scrutin veulent un nouveau Premier ministre.

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