Grande gagnante des élections en Italie, la candidate post-fasciste Giorgia Meloni (Fratelli d'Italia) doit composer avec ses alliés Matteo Salvini (Lega) et Silvio Berlusconi (Forza Italia), aussi précieux qu'encombrants.
Une victoire au goût amer pour Matteo Salvini. L'ancien ministre de l'Intérieur a participé au triomphe de la coalition emmenée par la candidate post-fasciste Giorgia Meloni mais son parti a enregistré des scores plus que décevants dimanche.
La Lega (ex-Ligue du Nord), formation nationaliste et anti-migrants, a engrangé moins de 9% des voix, soit moitié moins qu'il y a quatre ans. Un camouflet pour Matteo Salvini, arrivé premier des dernières élections européennes en 2019.
Figure de l'extrême droite européenne, l'ancien ministre n'a pu qu'assister impuissant à la percée fulgurante d'une autre candidate d'extrême droite, Giorgia Meloni, dont le parti Fratelli d'Italia a obtenu 26% des voix dimanche, contre seulement 4% il y a quatre ans.
Pour Salvini, le ministère de l'Intérieur s'éloigne
A en croire la presse italienne, la contre-performance de la Lega devrait pousser Giorgia Meloni à écarter Matteo Salvini des portefeuilles clés de son futur gouvernement, en particulier le ministère de l'Intérieur qu'il convoite.
Soucieuse de rassurer les marchés financiers et ses partenaires européens, la future Première ministre pourrait ainsi mettre sur le côté un allié qui dérange.
Connu pour ses attaques contre l'immigration, Matteo Salvini fait figure d'épouvantail au sein de l'UE. Actuellement en procès, il est accusé d'avoir abusé de ses pouvoirs en tant que ministre de l'Intérieur en 2019 pour bloquer les migrants en mer. Alors que la guerre en Ukraine fait rage, ses positions pro-Poutine sont également gênantes pour l'atlantiste Giorgia Meloni, favorable à un soutien militaire à l'Ukraine.
«Meloni ne cède pas sur Salvini : "Je ne veux pas de lui, il est proche de Poutine"», titre ce mercredi matin le journal italien La Stampa. «Désamorcer Salvini» sans déclencher une réaction brutale qui pourrait mettre à mal la coalition et le futur exécutif est «le premier test de Meloni», estime de son côté le quotidien Repubblica.
Berlusconi vise le Sénat
A la tête du parti Forza Italia, qui a recueilli 8% des suffrages dimanche, Silvio Berlusconi est comme Matteo Salvini un allié aussi précieux qu'encombrant pour Georgia Meloni. Réélu au Sénat dont il avait été exclu il y a neuf ans pour fraude fiscale, le politicien controversé en convoite désormais la présidence. Mais son grand âge - 85 ans - et ses positions ambigües sur le conflit ukrainien pourraient l'en éloigner.
Son bras droit Antonio Tajani, ancien président du Parlement européen, est en revanche bien parti pour occuper le ministère des Affaires étrangères. Une nomination qui pourrait permettre à Giorgia Meloni de ménager Silvio Berlusconi tout en envoyant un signal d'apaisement à Bruxelles.
Les tractations s'annoncent intenses entre Fratelli d'Italia, la Lega et Forza Italia. Si l'arrivée prochaine de Giorgia Meloni au palais Chigi, siège de l'exécutif, ne fait pas de doute, la formation de son gouvernement pourrait durer plusieurs semaines.