La reine Elizabeth II s’est éteinte après soixante-dix ans passés à la tête du Royaume-Uni. Son règne, le plus long de l'histoire de la Couronne britannique, a fait d’elle une figure mythique du XXe et du XXIe siècle.
La reine d'Angleterre est décédée aujourd'hui à 96 ans, laissant les Britanniques en deuil. Car, au fil des années, la monarque était devenue une icône, et près d’un siècle de changements politiques n’avaient pas entamé sa popularité.
Née en 1926, Elizabeth n’avait que 16 ans lorsque, en pleine Seconde Guerre mondiale, elle avait appris à conduire et était entrée dans l’armée en tant que mécanicienne, prélude d’une existence de devoir. Cinq ans plus tard, elle avait épousé le prince Philip, dont elle avait accepté la demande sans même consulter ses parents. Une union loin de faire l’unanimité à l’époque, puisque Philip était alors considéré comme d’un rang trop peu élevé dans la noblesse. Le couple avait eu quatre enfants, Charles, Anne, Andrew et Edward.
En 1952, à la mort du roi George VI, Elizabeth, âgée de seulement 25 ans, lui avait succédé. Le Premier ministre de l’époque, Winston Churchill, avait alors pris la jeune femme sous son aile, lui expliquant notamment les arcanes du pouvoir. Par la suite, douze autres chefs de gouvernement s’étaient succédé au 10, Downing Street, mais la reine avait su toujours rester neutre politiquement, conformément à ce que lui imposait son statut.
Le premier monarque britannique à se rendre en Irlande
En revanche, elle s’était beaucoup investie sur le plan diplomatique. De nombreux observateurs lui attribuent par exemple un rôle dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, alors que Margaret Thatcher, à la tête de l’exécutif, avait refusé de sanctionner le gouvernement sud-africain. Femme du monde, la reine avait multiplié les déplacements, comme en 1957, à New York, où elle s’est adressée aux Nations unies, ou en 2011, quand elle avait été le premier monarque britannique à se rendre en Irlande depuis l’indépendance du pays.
Au total, Elizabeth II aura effectué près de 300 déplacements officiels à l’étranger. Un record parmi d’autres, puisque la souveraine a aussi été la seule à avoir inauguré des Jeux Olympiques dans deux pays différents, à Londres en 2012 et à Montréal en 1976.
Très discrète sur sa vie privée, elle n’avait presque jamais donné d’interview. Une pudeur qui explique peut-être que le discours inhabituellement personnel prononcé pour ses 40 ans de règne, dans lequel elle qualifie 1992 d’«annus horribilis» («année horrible» en latin) après le naufrage des couples de trois de ses enfants, ait à ce point marqué.
Malgré – ou grâce à – cette discrétion, Elizabeth avait été désignée en 2015 monarque préféré des Britanniques. Une sympathie populaire qui s’est encore manifestée aujourd'hui, à l’annonce de sa disparition, et qui ne semble pas devoir s’estomper.