L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a rendu ce mardi son très attendu rapport sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, au cœur des combats entre Russes et Ukrainiens. Les experts formulent des propositions pour mettre fin à une situation «intenable».
des «dégâts importants» dans la centrale
Située près de la ville d'Energodar, sur le fleuve Dniepr, la centrale nucléaire de Zaporijjia possède 6 des 15 réacteurs ukrainiens, capables d'alimenter quatre millions de foyers.
Tombée aux mains des Russes le 4 mars, la centrale subi des «dégâts importants» et par la suite «l'intégrité physique» du site, survolé notamment par des missiles, a été «violée» à plusieurs reprises, indiquent les experts de l'AIEA, soulignant que les bombardements se sont intensifiés depuis le mois d'août.
Le rapport de l'agence onusienne chargée du nucléaire recense les différents dommages qu'elle a pu constater au cours de la mission. Sur des photos, on voit des vitres brisées et des toitures éventrées. L'AIEA note «avec inquiétude que les frappes auraient pu toucher des structures, systèmes et composants» essentiels à la sûreté.
Conséquence des activités militaires qui ont endommagé les lignes électriques, la centrale a été déconnectée vendredi soir du réseau externe et opère avec une ligne de secours, après un premier incident similaire le 25 août. Désormais, un seul réacteur est en fonctionnement et continue à produire l'électricité nécessaire pour le refroidissement du combustible nucléaire et les fonctions de sécurité. Les autres se trouvent en maintenance ou à l'arrêt.
une «zone de sécurité» autour de la centrale réclamée
«Il est urgent de prendre des mesures» pour protéger la centrale nucléaire de Zaporijjia, a estimé l'agence onusienne chargée du nucléaire dans son rapport.
L'AIEA préconise «l'établissement d'une zone de sécurité nucléaire et de protection» autour du site. «Les bombardements sur le site et dans les environs doivent cesser tout de suite pour éviter de provoquer de nouveaux dommages aux installations», demande le rapport, en dénonçant une situation actuelle «intenable».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclame lui depuis plusieurs semaines l'établissement d'une zone «démilitarisée».
des employés sous «pression»
Les employés ukrainiens de la centrale sont «sous pression» de l'armée russe qui contrôle la zone, pointe le rapport. Le personnel, estimé à 900 personnes, y travaille dans des «conditions extrêmement stressantes», est-il encore précisé.
«Le rapport mentionne la présence de matériel militaire russe dans l'enceinte de la centrale nucléaire, la pression qui y est exercée sur nos employés, et fait clairement allusion à l'occupation militaire russe. C'est une bonne chose», a salué Volodymyr Zelensky.
Des accusations rejetées par Vladimir Poutine, qui a assuré mercredi qu'il «n'y a aucun équipement militaire sur le territoire de cette centrale», lors d'un discours au forum économique de Vladivostok.
pas de précision sur l'origine des bombardements
L'AIEA appelle à cesser les frappes sur le site mais se garde de désigner des responsables, alors que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de bombarder la centrale.
Un choix que le Kremlin regrette. «L'AIEA a fermé les yeux sur la situation avec les bombardements de la centrale nucléaire par l'Ukraine (...) Il n'y a pas un seul appel pour que la partie ukrainienne mette fin à son terrorisme nucléaire», a déclaré Vladimir Rogov, membre de l'administration d'occupation prorusse dans la région de Zaporijjia, cité par l'agence Ria Novosti.