La première «réaction nucléaire» de l'EPR de Flamanville (Manche) a eu lieu ce mardi, douze ans après la date initiale en raison de retards dans les travaux. Cette nouvelle génération de réacteurs, qui sera accompagnée de l'EPR2, est censée réduire les risques d'accidents et favoriser leur rendement.
De nouveaux réacteurs nucléaires sont en fonction en France. La première «réaction nucléaire» de l'EPR de Flamanville (Manche) a eu lieu ce mardi, avant que ce dernier puisse être connecté au réseau et commencer à livrer de l'électricité, à l'horizon de l'automne prochain.
Le chantier a été marqué par de nombreuses polémiques. Les travaux ont commencé en 2007 et devaient s'achever en 2012. Mais de nombreux déboires ont émaillé sa construction, retardant le chantier de douze ans. Au final, le coût total est estimé à près de 13,2 milliards d'euros, soit quatre fois plus que son budget initial de 3,3 milliards d'euros.
Du REP à l'EPR2, une évolution technologique
Parmi les centrales en activité, celle de Bugey (chantier de 1972 et raccordement au réseau en 1978) et de Civaux (chantier en 1991 et raccordement en 1999), sont des REP, c'est-à-dire des réacteurs à eau pressurisée. Aujourd'hui, la France en compte 18 sur les 56 réacteurs recensés.
Ceux-ci sont eux-mêmes subdivisés en catégorie, avec les réacteurs à eau bouillante (REB), où l'eau n'est pas pressurisée, les réacteurs à eau lourde (REL), les réacteurs à neutrons rapides (RNR), où le fluide caloporteur (substance qui transporte la chaleur, ndlr) est un métal liquide ou un gaz, ainsi que le réacteur caloporteur gaz (RCG), utilisation l'hélium comme caloporteur. Ces derniers permettent des centrales de plus petites tailles, comme celle de Phénix, à Chusclan (Gard).
Les crayons sources primaires ont été soudés aux grappes par les équipes de Framatome. 89 grappes de commande ont par ailleurs été insérées à l’intérieur des assemblages combustibles. #EPR #Flamanvillehttps://t.co/B0zYTKIKmo
— Sfen (@SFENorg) February 6, 2024
Devant ces infrastructures vieillissantes, les gouvernements successifs ont décidé de moderniser le parc nucléaire français, avec le lancement du chantier de l'EPR de Flamanville. Contraction de réacteur pressurisé européen, cette nouvelle génération tient son origine d'une coopération franco-allemande dans les années 1980. Actuellement, seuls trois réacteurs EPR ont été inaugurés : deux à Taishan, en Chine (2018 et 2019) et un à Olkiluoto, mis en service en 2023 en Finlande.
Selon la Sfen (Société française d'énergie nucléaire), les objectifs de l'EPR sont : «favoriser la prévention et réduire la probabilité de l'occurrence d'accidents graves ; prendre en compte l’accident grave dès la conception, notamment avec l’intégration du retour d’expérience post-Fukushima et prendre en compte l’augmentation des risques liés aux agressions internes et externes (incendie, séismes, inondations, chutes d’avions, etc)». Cela est rendu possible grâce à une double paroi de 1,3 mètre en béton qui recouvre les bâtiments les plus sensibles.
Six EPR2 prévus par le gouvernement à partir de 2035
L'EPR, c'est également une centrale nucléaire avec une durée de vie plus longue, d'environ 60 ans, contre 25 à 40 ans pour les REP en activité. Enfin, la puissance énergétique est améliorée à 1.670MW contre 900 à 1.450MW pour les centrales en fonctionnement.
Pour les EPR2, le principe reste le même. Mais EDF a indiqué qu'il était «plus simple à construire» que son aîné et qu'il présentait 20% de rejets environnementaux de moins. Ainsi, la construction de six d'entre eux a été lancée, notamment à Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) et Bugey (Ain), à l'horizon 2035. Ceux-ci seront couplés à des SMR («small modulars reactors» ou petits réacteurs modulables en français, ndlr), des réacteurs façon modèle réduit, dont la puissance ne dépassera pas les 500MW.
Toutefois, l'investissement sera tout aussi costaud pour l'État. En effet, le budget annoncé pour les six EPR2 a été estimé en 2021 à 51,7 milliards d'euros. Toutefois, le montant aurait largement été réévalué à la hausse au mois de mars 2024, selon Les Échos, à hauteur de 67,4 milliards d'euros.