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Guerre en Ukraine : les États-Unis avaient alerté leurs alliés sur les intentions de Vladimir Poutine dès octobre 2021

Joe Biden lors du G20 à Rome, le 31 octobre 2021. [Brendan Smialowski / AFP]

Six mois avant le début de l’invasion russe en Ukraine, le président des Etats-Unis, Joe Biden, avait alerté les autorités ukrainiennes, françaises et allemandes sur les intentions de Vladimir Poutine, affirme le quotidien américain «The Washington Post» mercredi 17 août.

Des révélations aujourd'hui et des avertissements qui, à l'époque, n'ont pas été écoutés. Alors que l’invasion russe en Ukraine se poursuit, les renseignements américains avaient tenté, dès le mois d’octobre 2021, de prévenir leurs alliés sur les risques de cette guerre.

C'est du moins ce qu'affirme le «Washington Post» dans une longue enquête parue ce mercredi 17 août. D'après le quotidien américain, les Etats-Unis étaient ainsi au courant, dès l’automne de l'année dernière, du plan de Vladimir Poutine. Des affirmations qui s’appuient notamment sur des communications interceptées en Russie et sur des images satellite.

Dans ce contexte, une réunion urgente s’était tenue dès le mois d'octobre 2021 à la Maison Blanche entre Joe Biden et ses conseillers militaires et diplomatiques. Cela avant un déplacement du président américain à Rome quelques jours plus tard.

«Chargés par Jack Sullivan de dresser un tableau complet des intentions de la Russie, ils (les renseignements américains : NDLR) ont déclaré à Joe Biden que les enquêtes sur les plans opérationnels de Vladimir Poutine, ajoutés aux déploiements en cours le long de la frontière avec l'Ukraine, montraient que toutes les pièces étaient désormais en place pour un assaut massif», explique le journal.

Lors du sommet du G20 qui s'en est suivi, le locataire de la Maison Blanche avait d'ailleurs informé les autorités françaises et allemandes sur la suite du plan du Kremlin. Quelques semaines plus tard, le sujet avait de nouveau été mis sur la table devant les pays membres de l’Otan. Néanmoins, les réactions des alliés étaient «sceptiques» trouvant qu’il serait «irrationnel» que Vladimir Poutine agisse ainsi. Seuls les pays baltes et le Royaume-Uni avaient partagé les craintes des États-Unis.

«Les responsables français et allemands ne comprenaient pas pourquoi Vladimir Poutine tenterait d'envahir et d'occuper un grand pays avec seulement les 80.000 à 90.000 soldats qui seraient massés à la frontière», note encore le Washington Post.

«Des images satellite ont également montré que les troupes allaient et venaient de la frontière. D'autres ont avancé que les Russes effectuaient un exercice, comme le Kremlin lui-même l'a affirmé, ou qu'ils jouaient un tour de passe-passe destiné à dissimuler un objectif autre qu'une invasion», ajoute en outre le journal.

La peur d’une manipulation américaine

Le Washington Post affirme également que si la France et l’Allemagne n’ont pas voulu réagir aux révélations américaines à l’époque, c’est notamment en raison des erreurs d’analyses commises par les Américains par le passé.

«Les renseignements américains ne sont pas considérés comme une source naturellement fiable, ils étaient considérés comme enclins à la manipulation politique», décrypte François Heisbourg, expert en sécurité et conseiller de longue date des responsables français, dans les colonnes du quotidien.

Pour le journal, certains pays estimaient également que Washington, quelques mois plus tôt, avait largement surestimé la résilience du gouvernement afghan alors que l'armée américaine se retirait. Le gouvernement s'était effondré dès l'entrée des talibans à Kaboul. S’ajoutent à cela les erreurs d’analyses commises lors de la guerre en Irak.

Du côté français, même si Emmanuel Macron ne croyait pas à une invasion russe en Ukraine, le chef de l’État avait échangé à plusieurs reprises avec Vladimir Poutine à ce sujet le mettant en garde contre une potentielle déstabilisation en Europe de l’Est.

Toutefois, le 21 février 2022, le président russe a reconnu l’indépendance des deux régions séparatistes de l’est de l’Ukraine, Donestk et Lougansk. Trois jours plus tard, les troupes russes sont entrées dans le territoire ukrainien.

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