L'armée de Taïwan a mené ce mardi un exercice d'artillerie à balles réelles, simulant la défense de l'île contre une invasion chinoise.
Taïwan croit à une invasion chinoise et s’y prépare. Des opérations de tirs de fusées éclairantes et d’artillerie ont eu lieu dans le sud de l’île, pendant environ une heure mardi (autour de 2h du matin, heure française). Les exercices, avec un deuxième prévu jeudi, impliqueront le déploiement de plusieurs centaines de soldats et d'environ 40 obusiers, a indiqué l'armée.
Ces manœuvres sont organisées peu de temps après celles de la Chine, lancées la semaine dernière autour de Taïwan, en réponse à la visite de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, la plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île autonome depuis des décennies.
Pékin «a utilisé les exercices et sa feuille de route militaire pour préparer l'invasion de Taïwan», a accusé le chef de la diplomatie taïwanaise Joseph Wu, lors d'une conférence de presse. «La véritable intention de la Chine est d'altérer le statu quo dans le détroit de Taïwan et dans toute la région. Elle mène des exercices militaires et des tirs de missiles à grande échelle, ainsi que des cyberattaques, une campagne de désinformation et une coercition économique afin d'affaiblir le moral de la population à Taïwan», a-t-il ajouté.
Des exercices militaires dans les deux camps
La Chine estime que Taïwan, qui compte environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).
L’armée taïwanaise a précisé que ses exercices étaient déjà programmés et qu'il ne s'agissait pas d'une réponse à ceux des Chinois. L'île organise régulièrement des exercices militaires simulant une invasion de son voisin. La dernière datait du mois dernier, où elle s'est entraînée à repousser des attaques depuis la mer. Ils interviennent toutefois après que la Chine a prolongé lundi ses propres manœuvres maritimes et aériennes autour de l'île, avec la possibilité d’une prolongation ce mardi.
Aucun avion de guerre ou navire chinois n'a pénétré dans les eaux territoriales de Taïwan - à moins de 12 milles nautiques de la terre - pendant les exercices de Pékin, a souligné Taïwan. La semaine dernière, l'armée chinoise a tout de même publié une vidéo d'un pilote de l'armée de l'air filmant la côte et les montagnes de l'île depuis son cockpit, montrant à quel point il s'était approché des côtes taïwanaises. Des missiles balistiques ont aussi été tirés au-dessus de la capitale taïwanaise, Taipei, lors des exercices de la semaine dernière, ont informé les médias d'Etat chinois.
Les Etats-Unis ne croient pas à une escalade
Pour Washington, le risque d'escalade de la part de Pékin est faible. «Je ne suis pas inquiet, mais je suis préoccupé par le fait qu'ils bougent autant. Mais je ne pense pas qu'ils vont faire quelque chose de plus», a estimé Joe Biden face aux journalistes.
De son côté, Joseph Wu n'a pas manqué de remercier ses alliés occidentaux lors de sa conférence de presse, dont Nancy Pelosi, pour avoir tenu tête à la Chine. «Cela envoie également un message clair au monde que la démocratie ne cédera pas face à l'intimidation de l'autoritarisme», a-t-il dit.
Pékin a défendu lundi son comportement, le qualifiant de «ferme, énergique et approprié» face à la provocation américaine. «(Nous) ne faisons que lancer un avertissement aux responsables» de cette crise, a fait valoir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d'un point de presse, promettant que la Chine «briserait fermement l'illusion des autorités taïwanaises d'obtenir l'indépendance par l'intermédiaire des Etats-Unis».