Clarence Thomas, juge à la Cour suprême des Etats-Unis, a obtenu le 24 juin l'abrogation du droit fédéral à l'IVG. Membre le plus conservateur de l'institution, il a aussi proposé de revenir sur d'autres acquis sociaux américains.
un Juge ultra-conservateur
Après avoir été avocat pour la multinationale Monsanto ou encore juge à la cour d'appel fédérale de Washington D.C., Clarence Thomas a été choisi par George W. Bush en 1991 pour siéger à la Cour suprême.
Il a remplacé le juge Thurgood Marshall, connu pour être le premier homme noir nommé à la Cour suprême et un défenseur ardent du droit à l'avortement.
Depuis trente ans, Clarence Thomas se démarque à l'inverse par ses prises de position très conservatrices mais aussi par sa grande discrétion médiatique.
Après avoir voté la révocation de l'arrêt Roe v. Wade qui consacrait un droit fédéral à l'avortement, Clarence Thomas a appelé vendredi à revoir «toutes les jurisprudences» d'autres acquis sociaux.
Il s'attaque notamment aux arrêts Griswold v. Connecticut de 1965, qui consacre le droit à la contraception, Lawrence v. Texas de 2003, qui rend inconstitutionnelles les lois pénalisant les relations sexuelles entre personnes de même sexe, et Obergefell v. Hodges de 2015, qui protège le mariage pour tous au niveau des Etats-Unis.
une enfance difficile marquée par le racisme
Né dans une famille défavorisée de Géorgie en 1948, Clarence Thomas a été abandonné par son père alors qu'il n'avait que 2 ans et élevé par sa mère, femme de ménage.
Catholique pratiquant, il a commencé un séminaire pour entrer dans les ordres avant de jeter l'éponge, choqué par les propos racistes des autres séminaristes après l'assassinat de Martin Luther King Jr.
Après une scolarité au collège de Sainte-Croix du Massachusetts, où il a fondé un syndicat d'étudiants favorable au mouvement des «Black Panthers», il est sorti diplômé de la prestigieuse université de Yale.
D'abord inspiré par l'idéologie libertarienne, Clarence Thomas a évolué progressivement vers des positions plus conservatrices et est devenu hostile à toute loi sociale décidée au niveau fédéral.
un soutien de donald trump
Soutien de Donald Trump, Clarence Thomas s'était opposé à une procédure permettant à une commission d'enquête d'accéder aux archives de la Maison Blanche du 6 janvier 2021, date de l'attaque du Capitole dans laquelle l'ancien président est impliqué.
Son épouse, l'avocate Virginia Thomas, est d'ailleurs citée dans l'enquête dite «du 6 janvier». Le Washington Post avait notamment révélé que cette dernière avait envoyé plus de 20 messages entre novembre 2020 et janvier 2021 à Mark Meadows, chef de cabinet de Donald Trump, l'implorant de bloquer la victoire de Joe Biden à l'élection.
des accusations d'agression sexuelle
A sa nomination à la Cour suprême en 1991, Clarence Thomas avait été accusé d'agression sexuelle par Anita Hill, une professeure de droit.
Interrogée avec virulence lors d'une audition sénatoriale présidée à l'époque par Joe Biden, celle-ci n'avait pas obtenu gain de cause et Clarence Thomas avait été maintenu en poste.