Le travailliste australien Anthony Albanese, chef de l'opposition, a remporté samedi les élections législatives. Futur Premier ministre du pays, ce miraculé d'un accident de la route a de nombreux défis à relever.
Du changement à la tête du continent australien. Le travailliste Anthony Albanese a mis fin ce samedi à neuf ans de règne des conservateurs en remportant sur le fil une majorité de sièges aux élections législatives.
Critiqué notamment pour son inaction climatique, le Premier ministre sortant Scott Morrison quitte le pouvoir. Un résultat qui «convient très bien» à l'ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, huit mois après la crise diplomatique entre Canberra et Paris sur fond d'annulation de contrats de sous-marins.
Agé de 59 ans, le prochain Premier ministre de l'île revient de loin. En janvier 2021, il a été gravement blessé dans un accident de voiture. «J'ai pensé que c'était la fin», a-t-il raconté en décrivant son hospitalisation dans un état critique.
Origines modestes
Elevé seul par sa mère «dans des circonstances économiques très difficiles», Anthony Albanese milite très jeune au parti travailliste, avant de gravir les échelons pour entrer au gouvernement en 2007 comme ministre des transports. Après la déroute des travaillistes aux élections de 2019, il prend la tête de son parti et devient le leader de l'opposition.
D'origine italienne par son père, qu'il n'a presque pas connu, Anthony Albanese sera le premier chef du gouvernement australien à porter un nom de famille autre qu'anglo-saxon ou celtique.
Pendant la campagne électorale, qui s'est beaucoup focalisée sur l'opposition de style entre lui et son rival Scott Morrison, il s'était fait piéger par des journalistes qui le questionnaient sur le taux de chômage en Australie et le taux directeur de la banque centrale. «Tout le monde se trompe dans la vie. La question est de savoir si l'on peut en tirer les leçons. Ce gouvernement ne cesse de répéter les mêmes erreurs», avait-il relativisé.
Un défi climatique de taille
Confronté à de nombreux défis, le futur Premier Ministre a promis de mettre en place un puissant organisme anticorruption, d'augmenter le salaire minimum au gré de l'inflation ou encore de défendre les droits des indigènes. «Notre histoire n'a pas commencé en 1788 [date de la colonisation britannique de l'Australie]. Ce sont 65.000 ans de la plus ancienne civilisation ininterrompue de la planète», a-t-il affirmé durant la campagne.
Sur le front climatique, Anthony Albanese a promis de réduire de 43% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, alors que l'Australie s'était jusqu'ici engagée à réduire ses émissions de 28% au cours de cette même période. Dans son discours de victoire, il a promis de transformer le pays en «super-puissance» des énergies renouvelables.
Il s'est, en revanche, abstenu de dire s'il comptait renoncer au charbon ou interdire l'ouverture de nouvelles mines, un sujet sensible alors que l'économie du pays dépend encore très lourdement de ce secteur.